Engagée dans la promotion de sa culture et de ses réalités locales, une nouvelle vague de cinéastes centrafricains issue du terroir se trace peu à peu un chemin à l’international. A travers festivals, colloques et autres grands rendez-vous du 7eme art, leurs œuvres amassent les prix et récoltent les honneurs tant sur le continent que dans le monde. Ils sont les nouveaux portes étendards de l’art centrafricains.

Des films documentaires concoctés à la sauce centrafricaine, un public international conquis à chaque sortie et la culture du cœur de l’Afrique s’envole au-delà de ses frontières.

Issus des formations des ateliers Varant de Bangui dans lesquelles, ils ont appris depuis 2017 les rudiments du métier du cinéma, ces jeunes font aujourd’hui les beaux jours du cinéma centrafricain à travers le monde. Leurs œuvres spécialement des films documentaires racontent le vécu d’un peuple tiraillé entre misère et espoir. Parmi ces chefs-d’œuvre mondialement connus,  « Nous, étudiants! » de Rafiki Fariala qui dénonce le harcèlement sexuel vient de remporter le prix du meilleur documentaire au festival Cinémania à Montréal au Canada. Ce film qui a notamment connu une censure sur le plan national lors de sa première, revêt du caractère prémonitoire d’un art comme le cinéma dans un pays tel que le Centrafrique.

Pour Elvis Sabin Ngaibino dont le film documentaire « Makongo » a été Etalon de bronze au Festival Panafricain du Film de Ouagadouggou en 2021 et primé plusieurs fois à la Mostra de Venise. Le cinéma centrafricain quasi inexistant remontant à quelques années en arrière est en passe de devenir aujourd’hui l’un des rares domaines qui vend le mieux l’image de la RCA à l’extérieur. Au moins trois films documentaires centrafricains ont été primés à travers le monde au cours des cinq dernières années. Seul pays de l’Afrique centrale à faire mieux dans le domaine.

Le cinéma centrafricain se porte mieux, selon Elvis Sabin Ngaibino et « est aujourd’hui le porte flambeau d’un Centrafrique moribond. Ça pourrait devenir d’ici une demie décennie si nous continuons sur cette lancée, un efficace remède contre la pauvreté, le chômage, l’analphabétisme, la mauvaise gouvernance…», ajoute-t-il depuis sa résidence parisienne où il prépare la sortie de son prochain film documentaire.

Aussi bien que se constitue cette vague de producteurs, l’industrie du cinéma s’organise dans le pays et la troisième édition de l’unique festival dédié au cinéma offre un plateau d’expression à ces nouveaux professionnels du métier.  Le Festival Bangui fait son cinéma qui se déroule au mois de novembre de chaque année, offre la possibilité au public de découvrir ses talents locaux. Ce festival qui voit participer des grands noms du cinéma africain comme Michel Gohou, Habbi Touré ou Fargass Assendé, Van Vicker, contribue au même titre à l’exportation d’un produit cinématographique centrafricain.

L’exploitation cinématographique en Centrafrique ne compte que deux salles de cinéma alors que la pénétration de la télévision reste extrêmement faible, atteignant à peine 7 % des foyers en 2019 où le nombre de sociétés de production actives est estimé par l’UNESCO à 10% emplois directs. Le pays ne dispose d’aucun fonds de financement pour le cinéma et l’audiovisuel.

Par Prince-Eric NGAIBINO