Alors que la rentrée administrative a été officiellement lancée par le chef de l’état le 11 octobre 2021, suivie de la rentrée pédagogique du 18 octobre, la cours et les salles du lycée de Mongoumba sont désespérément restés vide. Pas un seul élève en vue en cette matinée du 04 novembre 2021. Sylvain Edgard Ndaflon, professeur de Lycée spécialité Histoire et Géographie, proviseur entrant du Lycée de Mongoumba, nouvellement affecté dans la ville est seul dans son bureau. Dans une interview accordée à notre reporter, il nous livre les raisons de cette reprise timide dans son établissement.

Oubangui Médias : Après la rentrée Administrative lancée par le chef de l’Etat le 11 octobre 2021 au Lycée Miskine à Bangui, que pouvez nous dire sur la rentrée pédagogique actuellement dans votre établissement ?

Sylvain Edgard Ndaflon : Effectivement sur toute l’étendue du territoire centrafricain, la rentrée administrative a été lancée de manière officielle, le 11 octobre et la rentrée pédagogique a eu lieu le 18 octobre 2021. Disons que le mouvement administratif du personnel de cette année a été diffusé le 15 octobre, et je suis arrivé à Mongoumba le 27 octobre et j’ai pris service le 28 octobre 2021. Depuis ma prise de service, il y a un rythme à Mongoumba et c’est cet habitude que nous sommes venus pour changer. Lorsqu’on était arrivé, tout était fermé et désert, les élèves  sont encore en vacance. Le HCR avec l’ONG Nourrir m’ont rejoint, et nous sommes en train de sensibiliser village par village, commune par commune de manière que les enfants puissent revenir à l’école. L’équipe administratif du lycée est en place, c’est-à-dire le proviseur, le censeur avec quelques professeurs nouvellement affectés qui sont déjà arrivés dans la ville, et c’est vrai que quelques-uns ne sont pas encore arrivés, mais nous avons pris le service, automatiquement nous avons pris le soin d’afficher toute les listes des élèves au babillard.  Les emplois du temps sont déjà élaborés avec toutes les tables de services apprêtées mais les enfants ne sont pas encore revenus à l’école, donc, nous continuons de sensibiliser pour le retour effectif des apprenants à l’école.

Oubangui Médias: Quel est l’effectif des élèves pour cette année et combien d’enseignants compte le lycée de Mongoumba à l’heure actuelle ? 

Sylvain Edgard Ndaflon: Présentement, quand je suis arrivé, nous avons travaillé à base du répertoire  et j’ai listé un effectif total de 425 élèves avec qui nous allons démarrer les cours. Il y a dix professeurs titulaires affectés au lycée de Mongoumba. 

Oubangui Médias: Quelles sont les difficultés notamment dans le cadre de lutte contre la pandémie de covid-19 en milieu scolaire ? Avez déjà reçu des kits covid-19 et aussi des matériels pédagogique ?

Sylvain Edgard Ndaflon: Les difficultés sont énormes mais on ne peut tout citer. Néanmoins avant de venir au lycée de Mongoumba, le gouvernement avait fait des efforts pour distribuer des kits pour l’application des mesures barrières contre le Covid-19 dans les établissements scolaires. Dans l’inspection Académique du Centre-Sud par son représentant M. Alain Bouin, avait pris soins de distribuer dans tous les établissements secondaires et primaires les kits. Malheureusement,  quand je suis arrivé au lycée de Mongoumba, je n’ai retrouvé aucun kit covid-19, je ne sais où ces kits sont partis. On a retrouvé que 10 cache-nez dans l’armoire, les sauts pour le lavage des mains ne sont pas là. Nous sommes arrivés et nous avons pris le bateau comme vous le constater sans dispositif de lavage de main.

Mais, en ce qui concerne le matériel pédagogique, les nouveaux manuels édités par le gouvernement centrafricain et mis à disposition de chaque établissement, nous les avons retrouvés en place. Notamment les livres de français et de mathématique de 6ème en Tle sont là présentement dans les armoires des bureaux  du proviseur et de chaque censeur. Donc pour les outils pédagogiques, nous n’avons pas assez de difficultés dans ce cas pour démarrer les cours. Sauf que ce sont les kits covid-19 que notre établissement ne dispose plus.

Oubangui Médias: En défaut des kits covid-19, votre établissement dispose néanmoins d’un point d’eau afin de facilité les lavages de main aux élèves une fois qu’ils vont reprendre ? 

Sylvain Edgard Ndaflon: C’est notre plus grande difficulté. Notre établissement ne dispose pas d’un point d’eau. Nous remercions vivement le HCR qui a mis à notre disposition les deux nouveaux bâtiments servant de salle de classe et le bâtiment administratif, et l’ancien bâtiment du lycée est en train d’être réhabilité. Après la finition de la toiture, ce bâtiment sera à notre disposition. Mais pour retrouver un point d’eau, il faut faire presque un kilomètre, soit aller à la source, ou descendre  au niveau du marché pour pouvoir se ravitailler en eau.  Cela pénalise les élèves. Vous imaginez, nous n’avons que deux bidons pour dix sections en raison de 11 salles de classe. Le ravitaillement en eau est le problème majeur de notre établissement.

Oubangui Médias: Monsieur le proviseur, si vous avez message à l’endroit des parents d’élève, des élèves, du gouvernement et des partenaires ici présents à Mongoumba, ce sera lequel ?

Sylvain Edgard Ndaflon: Je voudrais d’abord profiter de votre micro pour remercier le gouvernement que dirige le premier ministre Henri-Marie Dondra, sou la très haute impulsion du président de la République, le professeur Faustin Archange Touadera, et le ministre de l’Education Nationale, M. Moukadas Nour, pour tous les efforts consentis afin que la rentrée scolaire de cette année puissent avoir jour. Je crois qu’on ne peut pas tout faire en un jour. L’état centrafricain a fait des efforts, présentement nous sommes équipés en manuel scolaire. Je remercie aussi de vive voix les partenaires en occurrence le HCR qui est l’unique partenaire du Lycée de Mongoumba, qui a offert de nouveaux bâtiments et doté  l’établissement des tables bancs. J’exhorte le HCR que pour un travail entamé, il ne faut pas s’arrêter en route. Nous avons de problème de lumière dans notre établissement, les enfants ne pourraient pas venir le soir faire leurs exercices ni étudier. S’il y a de la lumière dans les salles des classes ce sera un plus pour l’épanouissement des apprenants.  Si le HCR pourrait doter l’établissement d’un dispositif solaire afin d’éclairer les salles de classes la nuit nous lui en seront plus que reconnaissant.

L’essentiel de mon message s’adresse plus aux parents d’élève, qui selon les informations mises à notre disposition, à un moment donné, étaient découragés et ne veulent plus laisser leurs enfants venir à l’école. Comme quoi, il y a plus de professeur dès lors que la vacation a été suspendu, et beaucoup de parents ont retiré les enfants de l’école depuis un à deux ans. Il y a un risque pour ces enfants de retomber dans l’illettrisme. Donc, je demande à ces parents, que pour cette année scolaire 2021-2022, de laisser tous les enfants revenir à l’école. Car l’avenir de demain est entre la main de ces enfants. Les parents doivent libérer sans condition les élèves pour revenir à l’école cette année. 

Aux élèves, leurs places n’est pas à la maison. Leur place est à l’école. C’est à l’école qu’ils prendront la relèvent de demain. Je les invites tous à revenir automatiquement à l’école.

Oubangui Médias: Monsieur le proviseur, merci

Sylvain Edgard Ndaflon: C’est à moi de vous remercier.

Interview réalisée par Ivann Gotoro