L’interdiction des binationaux dans le projet de la Nouvelle Constitution de briguer la magistrature suprême de l’Etat provoque plus de tension sociale que politique.

La question de double nationalité est finalement évoquée dans cette Nouvelle Constitution. Le chapitre 2 et l’article 10 stipule que : « La nationalité centrafricaine est une et exclusive. Elle peut être détenue concurremment avec une autre, sauf les cas d’exception déterminés par la loi ». Ce chapitre poursuit que : « La nationalité centrafricaine est soit d’origine soit d’acquisition individuelle. Est Centrafricain d’origine, toute personne dont les parents sont eux-mêmes Centrafricains d’origine. Une loi détermine les conditions de reconnaissance, d’acquisition, de perte et de recouvrement de la nationalité centrafricaine ».

Cependant, parmi les critères d’éligibilité du président de la République, la Nouvelle Constitution indique que le candidat doit « Être Centrafricain d’origine et n’ayant que la seule nationalité Centrafricaine ». Ceci, en se fondant sur la loi de la nationalité de 1961 encore en vigueur.

Ces dispositions viennent heurter la sensibilité de plusieurs personnalités politiques dont la quasi-totalité détient au moins une double nationalité. Que ça soit du côté de l’opposition ou du camp du pouvoir actuel, des mécontents ne cessent d’exprimer leurs positions sur ce sujet.

C’est d’ailleurs le sujet qui fait le buzz sur les réseaux sociaux, plus que la question du mandat présidentiel désormais illimité car, tout le monde était au moins préparé que la modification ou l’élaboration d’une nouvelle constitution serait un boulevard pour l’actuel président Touadéra de briguer s’il le veut un ou plusieurs autres mandats. Toutefois, l’opposition s’oppose à ce mandat qui ne comporte pas de verrou.

Comment alors gérer ou réécrire ces dispositions ?

Il semble qu’à ce niveau, rien ne pourra se faire. Même pas un débat à l’assemblée nationale pour recadrer un certain aspect de cette loi qui crée plus de frustrations.

Sur la question de la « Centrafricanité », un débat profond devrait être organisé afin d’écouter la population. Même s’il faut mettre dans la Constitution, parce que selon les initiateurs, une loi n’est valable que lorsque ses dispositions sont prévues par la Constitution, il devrait être plus sage de ne pas donner des détails mais de vulgariser la loi de 1961 ou de la modifier.

S’il faut aussi maintenir ce critère, la manière la plus simple consistera à dire que tout centrafricain qui détient une autre nationalité, candidat à l’élection présidentielle doit renoncer à l’autre nationalité afin d’éviter le conflit d’intérêt et l’influence sur sa gestion une fois élu.

Mais tel que c’est mentionné, ces milliers des bi nationaux centrafricains pourront ne pas participer au vote référendaire d’une part mais cette question créera plus de divisions au sein de la population. Le mal que créent ces dispositions est plus profond que la solution qu’elle veut apporter.

Aujourd’hui, la Centrafrique sort progressivement d’un conflit profond et personnel ne voudra retourner dans ce chaos qui a fragilisé le tissu économique et sociale.

Le président Touadéra doit tenir compte de ces frustrations, même dans son propre camp et trouver en urgence un juste milieu.

Rappelons-nous toujours de la citation d’Abraham Lincoln qui dit que: « Une nation divisée court fatalement à sa perte.   

Fridolin Ngoulou