Annulation purement et simplement du décret n°. 22.348 du 26 août 2022, créant un comité chargé de « rédiger » une nouvelle constitution.

Nul n’est besoin de revenir sur mon objection totale, et ma réserve républicaine quant à la manœuvre de ces trois derniers mois de l’exécutif et d’une bonne partie du législatif à vouloir tripatouiller ou effacer la constitution du 30 mars 2016 à des fins inavouées ou suspectées.

Je suis les débats,  les échanges, les manifestations, conférences ou meeting dans les deux camps en présence qui se regardent en chien de faïence, prêts à découdre pour résoudre leurs différends et leurs contradictions relatifs à la modification ou non de la constitution.

Nous étions encore dans ce nuage tapageur et cette mélodie laconique anti et pro constitution avec la création tous azimuts de groupes, de blocs ou de coalition quand, tout à coup, nous découvrîmes par voie de partage et de presse la publication d’un Décret créant un Comité pour passer à l’acte.

Notre premier choc était d’abord la composition des membres dudit Comité dont la majorité de la corporation n’a pas été consultée ou prévenue. Car, au vu des nombreuses manifestations et contestations, il en ressort clairement qu’aucun parti politique de l’opposition n’adhère à l’idée d’une quelconque activité sur la constitution actuelle en RCA.

Le deuxième choc était celui de constater la signature du décret par notre Président de la République Chef de l’Etat, Pr. Faustin Archange TOUADERA, celui-là même qui avait juré précédemment lors de ses deux investitures à la manette de la destinée de notre Nation, de respecter, d’honorer et de considérer cette #Constitution. C’était non seulement en Chef d’Etat, mais aussi en Enseignant d’Université (les enseignants et les banquiers sont réputés pour être des hommes de parole); puis en Serviteur de Dieu (réputé respecter le serment). Le nom et la signature me confirment donc l’approbation et l’appropriation du projet en cours par l’Elu de la Nation. Quelle histoire? Quelle tragédie? Quel étrange  destin pour la RCA ?

Le troisième choc le plus étouffant et époustouflant qui nous amène à écrire ces quelques lignes est surtout le titre même du décret qui porte à croire et à comprendre que nos dirigeants partent CARRÉMENT SUR LA RÉDACTION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION EN #CENTRAFRIQUE.

Rédiger un texte signifie que le texte n’existe pas encore. Et par voie de conséquence, il s’agit purement et simplement le fait d’écrire sur une feuille toute blanche une Constitution à venir de la République centrafricaine 🇨🇫 ! Rédiger selon la définition même du Larousse revient à mettre quelque chose par écrit, alors que la chose est absente et elle est à naître, à accoucher. Rédiger revient enfin à écrire, à formuler ou à composer l’inexistant, l’irréel etc.

Décidément, nous allons encore plus loin que ce qu’on imaginait. Nous ne sommes donc plus dans un schème de modification, de correction, de ré-écriture, mais clairement de RÉDACTION d’une nouvelle Constitution !

La messe est donc dite.

Ce Décret me conduit aisément en tant que citoyen, en tant qu’enseignant d’université, en tant qu’Elite de notre pays à confirmer certains doutes.

Cependant, le Décret mérite simplement d’être contesté devant le Conseil d’Etat et simultanément devant la Cour Constitutionnelle pour motif d’ « atteinte à la constitution centrafricaine » ou pour « coup d’Etat constitutionnel »! Et par voie de conséquence, le même décret renverse toutes les Institutions républicaines existantes basées sur la Constitution actuelle  du 30 mars 2016! En de mots simples, le décret visé suspend et supprime l’ancienne constitution avec toutes les Institutions pour « rédiger » une Nouvelle constitution qui sera datée de 2022… sûrement.

Mais où sont nos Constitutionnalistes ou Juristes ? Aidons nos Dirigeants à éviter la forfaiture et la compromission!

Enfin, et comme je l’ai toujours répété, il n’y a aucune urgence à modifier ou à rédiger une Constitution en Centrafrique que ce soit par référendum ou par d’autres moyens. Nous n’avons pas les moyens pour sortir 7 milliards de francs cfa pour un référendum constitutionnel ! Mettons en place les dernières Institutions recommandées et voulues par cette Constitution que sont le #Sénat et les Régions et Communes par les élections locales. Quitte à attendre les élections groupées de décembre 2025 pour cumuler avec un référendum constitutionnel mais consensuel !

Nous avons bien de problèmes urgents à régler comme la rentrée scolaire qui nécessite la construction et la réhabilitation des bâtiments scolaires, le recrutement de nouveaux enseignants, la fourniture aux élèves des livrets et manuels d’enseignement etc. que de nous occuper de la Constitution, qui jusque-là ne dérangeait encore personne.

Je terminerai mon propos par cette précision: je ne suis ni du pouvoir ni de l’opposition ! Je suis un citoyen et leader qui n’est guidé que par l’esprit de l’intérêt général.

Il est de notre devoir d’aider nos dirigeants avec différentes propositions convaincantes, mais justes pour notre peuple.

Je reviendrai sur la question.

Merci à celui qui vient de finir de lire l’intégralité de mon texte et  de le partager dans les groupes pour faire profiter à bien d’autres et faire passer le message !

Dr. Martial PABANDJI

Enseignant d’Université

Président d’Association de la société civile.