L’utilisation des mines antipersonnel ces derniers temps comme moyen de combat suscite tant d’inquiétude de la part de la population, qui n’a jamais connu ces modes opératoires.

Depuis la prise de pouvoir en 2013 par la coalition Séléka jusqu’aujourd’hui avec l’avènement de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), les modes opératoires des combats changent régulièrement. A l’ère où nous sommes, la situation sécuritaire reste inquiétante depuis l’année 2020. Cependant, dans l’arrière-pays les mines antipersonnel, sont enfouies dans le sol, en particulier dans  les préfectures d’Ombella-M’Poko et de la Nana-Mambéré. 

Chronologie des cas depuis avril 2021

Le premier cas confirmé est celui d’Amadagaza dans la Mambéré-Kadéi, où un véhicule des Forces Armées Centrafricaines (FACA) a sauté sur une mine le 14 avril 2021. Le bilan officiel n’a pas été donné mais il y’aurait des morts et des blessés. Des sources militaires pointent du doigt accusateur les rebelles de la CPC.

A Niem à l’Ouest de Centrafrique, le Père Aurelio avait posté le 5 mai 2021 sur son compte Twitter rapportant un cas qui a fait des victimes. « Ce matin vers 8 heures, le Père Arialdo, curé de Bien, en allant de Niem sur la route de Bouar, au niveau du village Service Kolo a heurté une mine, qui a détruit sa voiture. Il y a au moins un mort. Le Père Arialdo a survécu », avait-il alerté.

Un jour après, sur la route nationale numéro 1 qui mène à la ville de Boali située à 95 km de la capitale Bangui, selon une autorité locale, les quartiers du secteur Nord (Harende, Bolingui 2) seraient minés sur un rayon de 360°. En conséquence, en date du 06 mai 2021, une femme qui partait au champ a sauté sur une mine. Grièvement blessée, elle était conduite à l’hôpital de la localité.

Dans la Nana-Mambéré, cette fois-ci près de Yéléwa une commune  d’élevage, une motocyclette qui transportait deux personnes a roulé sur une mine le 16 mai 2021 aux environs de 12 heures, entre le village Service et Kolo, situé à 30 Km de Yéléwa. Tous les trois ont péri.

En espace d’un mois, les mines antipersonnel ou engins explosifs ont fait des dégâts humains importants mais aussi des traumatismes psychiques ainsi que des conséquences sociales et économiques.

Des sources militaires accusent les rebelles de la CPC d’utiliser des mines dans les combats tandis que les rebelles accusent eux les russes, alliées aux Forces Armées Centrafricaines (FACA) d’utiliser en Centrafrique des modes opératoires de combat, en utilisant des mines et des armes chimiques.

Dans la région de l’Ouest, ce sont les rebelles des 3R, alliés à la CPC qui opèrent. Les mines découvertes par les casques bleus seraient fabriquées en Belgique mais aucune enquête ne détermine encore officiellement l’identité des  utilisateurs.

Les efforts de déminages

Afin de protéger la population exposée aux mines antipersonnel, les casques bleus camerounais et bangladais de la Minusca procèdent depuis le 2 mai 2021 à la localisation d’engins explosif dans certaines localités de l’Ouest du pays en vue de leur destruction.

La Minusca qui assure ces tâches, dans un Tweet, a condamné fermement l’usage d’engins explosifs sur le territoire de Centrafrique dont les principales victimes sont les civils. « Cette pratique lâche est une violation grave du droit international humanitaire et expose ses auteurs à des poursuites judiciaires », a rappelé la Minusca.

Notons que pendant cette saison pluvieuse,  des centrafricains sont empêchés de vaquer aux activités champêtres, cueillettes et chasses. Ce qui est inévitable, les populations sont exposées aux explosions de ces engins de guerres. Le Centrafrique est en train d’être ravagée par les mines antipersonnel, quand bien même en 2002, la République Centrafricaine a ratifié et adhéré à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel.

Au regard de ce qui se passe dans le pays, il est urgent de mettre en place une Commission intersectorielle nationale sur le déminage et l’assistance humanitaire (CNIDCH), l’entitéétatique qui pourra travailler avec les partenaires pour dépolluer les zones minées et autres engins explosifs.

Une enquête sérieuse, indépendante et impartiale pourra déterminer les origines de ces engins, leurs fournisseurs ainsi que les véritables utilisateurs dans les combats en Centrafrique.      

Assimby Komodou