De 1960 à ce jour, le pays a connu un passé chaotique avec une cinquantaine de gouvernement et une vingtaine de chefs du gouvernement qui sont majoritairement des « intellectuels », mais force est de constater aujourd’hui le Centrafrique est loin de connaitre son développement comme les autres pays du continent.

La question que l’on se pose à qui incombe la responsabilité du non développement de ce pays malgré son immense richesse naturelle ?

Avant de pointer un doigt accusateur contre l’ancienne colonie de ce pays, l’indépendance par sa définition précise d’abord la capacité autonome d’un Etat qui par ses dirigeants peuvent gérer les ressources du pays d’une manière indépendante et doit aussi adopter la politique de développement meilleur au profit des populations. Malgré l’apport de la communauté internationale dans les années 70 à ce jour pour booster l’économie de ce pays à une échelle internationale, le Centrafrique demeure un pays sous développé du continent africain. Ces aides sont à la fois sources de la détérioration du système économique, puisque celles-ci sont octroyées avec conditions posées par les bailleurs. Une situation qui serait à l’origine des dettes sur le pays entre 93 et 2003 ou le pays peine à se libérer.

A cela s’ajoute les multiples coups d’état, les rébellions, la mauvaise politique des dirigeants centrafricains et la fuite de responsabilité de la population vis-à-vis des exagérations des politiques.

La plus part des présidents centrafricains ont accédés à la tête de ce pays par un coup d’Etat, avec comme corolaire des violations de droit de l’homme et du droit humanitaire international.  Le tout dernier qui a débordé l’eau de la vase est celui perpétré par Michel Djotodja avec ses bandes des séléka qui sont à l’origine de la mort et le déplacement des milliers des centrafricains à l’étrangers.

En effet, malgré le retour à l’ordre constitutionnel en mars 2016, la RCA est loin d’aspirer à un nouvel air. L’on note la présence des ex-séléka dans certaines parties du pays, empêchant ainsi des paisibles citoyens à mener des activités champêtres pour contribuer au développement économique de ce pays. Ces bandes de la Séléka se sont reconvertis dans la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de François Bozizé qu’elles ont chassé du pouvoir, pour tenter de le ramener au pouvoir par la force.

L’éducation qui est l’un des facteurs de développement a reçu des coups de fouets, des écoles sont annexées par des rebelles qui ont détruit de leur passage tous les matériels didactiques, et leur présence crée la psychose et empêche les élèves à poursuivre les études. En conséquence, on assiste à la baisse de niveau, à l’augmentation du taux d’analphabétisme, une autre source de la crise dans l’avenir, selon des analystes dans le domaine de l’éducation.

L’accès à l’eau potable et au soin de qualité reste encore une équation à résoudre. Le manque de personnel qualifié dans les centres de santé, carence des médicaments de qualité dans des structures sanitaires sont autant les problèmes qui affectent la population. Malgré une tentative de résolution de cette situation par le département en charge de la santé, sous le régime actuel, offrant une gratuité des soins à certaines catégories de personne ici à Bangui qu’à l’intérieur du pays, les bénéficiaires n’ont pas dans la plus part des cas accès à cet offre. La situation s’est aggravée avec l’arrivée de la COVID-19.

Sur le plan économique, l’enclavement de ce pays est l’un des facteurs de non décollage de son économie. A cela s’ajoute l’insécurité grandissante, rendant incapable les différents régimes de mettre en application leurs politiques du développement des secteurs de mines, l’agriculture et autres en vue de contribuer favorablement à l’épanouissement économique du pays. Tout le monde sait que la RCA a beaucoup de potentialités en termes de ressources qui ne sont pas encore exploitées : les forêts, le bois, le sous-sol, des potentialités énergétiques qui pourraient mobiliser des ressources financières mais cela est impossible suite la présence des groupes armés. Un phénomène savamment pensé pour maintenir l’économie du pays au bas de l’échelle.

Pour que le pays puisse connaitre un développement, il est nécessaire que chaque centrafricain puisse mettre la main à la pâte. Ils doivent enterrer les querelles inutiles, regarder vers une même direction. Le vivre ensemble et l’unité nationale sont les fondements des idéaux du président fondateur feu B. Boganda. Qu’avons-nous fait de ces idéaux ?

Sur le plan économique des mesures courageuses doit-être prises contre des fonctionnaires fraudeurs et leurs complices qui se font riche sur le dos des paisibles citoyens. Les criminels économiques doivent être rattrapés et traduits devant la justice.

L’armée qui est le symbole de la souveraineté doit se concentrer sur sa mission qui est la protection de la population et ses biens. Malheureusement, l’on note avec regret des divisions au sein des FACA, pendant les différents régimes qui se sont succédé à la tête de ce pays. Des privilèges ont été distribués aux uns, au détriment des autres.

Renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire en vue de garantir le retour des investisseurs étrangers, promouvoir aussi les initiatives nationales pour contourner la dépendance de ce pays vis-à-vis de l’importation des produits de première nécessité doivent être des lignes à suivre. Aussi, il faudra renforcer la diplomatie afin qu’elle se base sur le principe de gagnant-gagnant entre la RCA et son ancienne colonie et certains pays amis.

Pour aboutir à un réel développement de la Centrafrique, la lutte contre l’impunité, les criminels économiques et la bonne gouvernance doivent-être au centre des actions des dirigeants centrafricains.

Christian-Stève SINGA.