Après les crises militaro-politiques que le Centrafrique a traversées, plusieurs partenaires humanitaires et au développement s’activent auprès des autorités nationales pour soulager la souffrance du peuple centrafricain. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR), dans sa mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d’autres situations de violence afin de leur porter assistance, s’est aussi investi dans le cadre du projet à la sécurité alimentaire à appuyer des Agri-Multiplicateurs privés, comme le cas de la Centrafricaine des Semences (Centrasem) à Boukoko. Gédéon Gaouaranga, ingénieur agronome, consultant indépendant et ancien Directeur Général de l’Office Nationale des Semences (Onasem), neuf mois après sa retraite a opté pour la culture des semences de base. Gérant de Centrasem, il s’est livré à Oubangui Médias pour parler du partenariat avec le CICR et sa vision pour le développement agricole.

Oubangui Médias : Bonjour  monsieur Gédéon Gaouaranga. Dites-nous quel est le type partenariat lie votre établissement avec le CICR?

Gédéon Gaouaranga : Bonjour monsieur le journaliste. Avec le CICR, nous faisons un partenariat en production de semences de base et certifiées, puisque j’ai constaté que dans ce domaine, il y’a pas assez de volonté et le CICR collabore souvent avec les groupements Agri-Multiplicateurs et ceci donne des bons résultats. Mais j’ai pensé qu’il fallait que je fasse aussi cette activité de manière à augmenter un peu la chance de production. Et donc je me suis installé pour mon propre compte pour pouvoir attirer également d’autres personnes dans ce partenariat, parce qu’après les groupements, il faudrait que les gens s’associent un peu plus en coopérative et c’est comme ça qu’on peut avoir des bons résultats.

Et le CICR n’a pas hésité à voler à mon secours puisque le partenariat qu’on fait permet au CICR de racheter les semences.

Oubangui Médias : Depuis quand est-ce vous avez commencé ce projet avec le CICR et parlant de votre champs, qu’est-ce que vous semez comme de semences ?

Gédéon Gaouaranga : Ce partenariat ne date pas de très longtemps, ce n’est qu’au cours de cette campagne que nous avons commencé ce partenariat, et donc avec le CICR, nous avons signé un partenariat pour produire au total 6 hectares dont 4 pour le maïs et 2 hectares pour le niébé. Le maïs, c’est ce que vous voyez en ce moment, les semis ont été étalés dans le temps, les premiers sont déjà en maturité, nous sommes déjà en train de récolter. Mais les derniers semis sont encore en parcelle, en maturation. En dehors de ça, j’ai ouvert 2 hectares de maïs de la même variété pour en cas de quoi compenser aux aléas et c’est déjà même en maturation.

Quant au niébé, on va le semer en mi-septembre parce que la culture du niébé craint l’humidité. Vous savez qu’en ce moment, il pleut beaucoup et donc si on met le niébé en place, c’est sûr que les cultures vont souffrir des maladies donc nous avons préféré ensemencer en mi-septembre de manière à faire coïncider les récoltes en début de la saison sèche. Parlant de l’historique de cette parcelle, quand j’étais en fonction, nous avons entrepris une série d’inspection des parcelles dans le compte de l’Onasem, j’ai découvert que ces lieux étaient bien pour faire des activités de productions de semences; c’est comme ça que nous avons démarré ensemble avec les collègues, collaborateurs, y a bientôt deux ans ; et à la retraite, je suis revenu ici cette fois-ci en partenariat avec le CICR.

Oubangui Médias : Bien entendu, qu’il y a un partenariat avec CICR quel est l’impact et comment vous pensez faire évacuer vos produits agricoles ?

Gédéon Gaouaranga : Vous savez en matière d’agrobusiness, il faut d’abord avoir un marché avant d’entreprendre une activité, et donc je crois que c’est un partenariat gagnant-gagnant. Le CICR met à notre disposition la matière végétale, le CICR est obligé de reprendre ces matières pour multiplier aux autres, et donc en acceptant ce partenariat, je sais qu’il y a un marché qui est là. L’espoir c’est qu’il n’y aura pas de mévente. Mais ce qu’il faut faire, c’est de faire un effort pour atteindre le rendement escompté, sinon ça va être en dessous des attentes et je crois que nous les atteindrons. C’est ce genre de partenariat, nous souhaitons que les autres partenaires qui interviennent dans le domaine agricole le fassent, parce que non seulement les semences sont recueillies et mises à la disposition des autres Agri-Multiplicateurs, mais également celui qui pratique a un bénéfice. Et c’est en ça qu’il faut encourager les autres agriculteurs. Ici l’agriculture ne trouve pas sa place et ça va être de la routine. J’apprécie ce partenariat à sa juste valeur.

Oubangui Médias : Quel votre secret à faire des étendues de terres ?

Gédéon Gaouaranga : Mon secret c’est des exercices permanents, je n’ai pas commencé aujourd’hui, j’ai commencé à faire ces genres de choses, quand j’étais Directeur de CIPR de Bouar quand j’étais encore à l’Institut Centrafricain de Recherches Agronomiques (ICRA). Je me rappelle que j’ai passé 11 ans à Bouar et donc dans mes 5 dernières années, je ne faisais que ce genre d’activité, donc j’ai déjà pris gout et je me préparais à l’aborder quand j’aurai un temps plein et effectivement à la retraite je suis revenu vers la terre pour continuer à faire cet exercice. Je crois que y a eu des échecs, mais j’ai toujours l’espoir qu’un jour ça peut marcher.

Oubangui Médias : Quelles est la différence faites-vous entre une semence certifiée et non certifiée ?

Gédéon Gaouaranga : C’est une question pertinente et c’est du domaine des spécialistes. Vous savez pour la plupart des cas ce que nous faisons, nous n’avons pas encore une chaine bien faite de production de semence et en matière de schéma de production de semence, il y a d’abord des semences qui sont produites au niveau de la recherche (c’est ce rôle-là que doit jouer l’ICRA), nous dirons là que c’est la semence de Pré-base. Après cette semence, il y a l’étape des semences de base toujours sous la supervision de la Recherche et au niveau de la semence de base de génération 4, cette fois-ci ça doit se faire en partenariat avec les privés, à partir des privés maintenant on va produire des semences certifiées, ça veut dire les semences sont surveillées par la recherche, Maintenant pour penser en milieu producteur, c’est une structure de contrôle des semences qui voit les semences et qui dit vraiment ces semences ont respecté le processus des semences de la production et on donne un certificat à celui qui a produit.

C’est comme ça que ça se passe en milieu de producteur. Et donc ce que je fais c’est que je me suis placé sur le maillon de semence de base G4 et la semence certifiée c’est un domaine qui n’est pas encore bien exploité, et je compte faire cette activité à ce niveau. Donc, la semence est certifiée par une institution de contrôle de semence, et les semences de base et pré-base sont des semences qui sont produites indépendamment des contrôles au niveau de la recherche.

Oubangui Médias : Aujourd’hui vous venez d’implanter une pancarte de Centrasem, cela prouve que vous être vraiment satisfait du partenariat. Comment est-ce que vous comptez aller sur une durée avec le CICR ?

Gédéon Gaouaranga : Quand vous faites une activité, il faut avoir de la vision et ce n’est pas la satisfaction parce que je n’ai pas encore les résultats avec le CICR mais plutôt faire de manière à ce que ceux qui sont au courant de la chaine de production de semence sachent qu’au niveau de la RCA, il y’a un embryon de cette activité qui est en train de naitre, donc pour qu’on le sache, il faudrait implanter une pancarte, même si elle est éloignée de centre de vision mais c’est quelque chose qui va attirer les partenaires. Parce qu’il ne faut seulement compter sur le CICR, il faut avoir de la vision que désormais qu’en sachant qu’une telle activité se fait en tel lieu, peut-être, il peut avoir des apports extérieurs ; l’importance de la pancarte se situe à ce niveau et ce que les médias font aussi, c’est de la visibilité, donc à partir aussi de la presse on peut savoir que telle activité existe quelque part.

Oubangui Médias : Alors aujourd’hui beaucoup des jeunes ne veulent pas cultiver la terre, avez-vous un message à lancer à l’endroit de la population centrafricaine ?

Gédéon Gaouaranga : Oui, par rapport à notre génération, je crois qu’il y a quelque jeune qui commence déjà à comprendre que l’agriculture n’est pas seulement réservée à ceux qui n’ont pas été à l’école ou à ceux qui n’ont pas pu réussir dans leurs études. Nous avons tous appris à l’école que la force des États-Unis est basée sur l’agriculture. A l’époque, on apprenait que 5 personnes nourrissent 100 personnes aux États-Unis, ça veut dire qu’on ne pas nourrir un peuple avec de l’eau seulement mais aussi l’agriculture participe énormément à l’alimentation également au développement d’un pays et donc ce que je pourrai dire en réponse à votre préoccupation aux jeunes. C’est de plus en plus s’investir dans cette activité agricole. Nous avons des grandes surfaces mais ce que nous faisons ne suffit pas, même ce que je fais, je n’ai pas encore touché à la mécanisation, mais lorsqu’il s’agira des mécanisations vous allez voir que ce sera des grandes étendues. Car notre génération a fait ce qu’il a pu. Maintenant cela appartient aux jeunes de voir clairement devant eux, parce qu’en dehors du bureau aussi, il y a des activités sur le terrain qui peuvent également apporter des revenus.

Oubangui Médias : Quelles sont les propositions soit des recommandations que vous pouvez faire suite au projet avec le CICR ?

Gédéon Gaouaranga : Je crois que c’est à encourager. Quand j’étais en fonction, nous avions toujours collaboré avec le CICR et les initiatives que le CICR prend sont des initiatives à développer réellement l’agriculture et si ce partenaire s’implante dans des sous-préfectures, cela portera vraiment des bons résultats. J’encourage simplement le CICR à continuer à travers ces innovations car cela a de l’avenir. Moi par exemple, avec cet appui, je peux faire une production avec zéro franc et c’est comme ça que je me suis mis à faire un plan d’affaire, un budget prévisionnel et voilà où nous en sommes, nous avons des crédits maintenant, reste à avoir des résultats, donc je ne peux qu’encourager le CICR dans ce sens.

Oubangui Médias : Est-ce que vous pouvez estimer à peu…….

Gédéon Gaouaranga : Avec le CICR, nous nous sommes entendus sur 1500 kilos à l’hectare pour le maïs et 600 kilos à l’hectare pour le niébé mais avec les soins qui sont apportés à la culture, nous estimons que s’il n y a pas d’autres aléas par exemple le vol,  nous pouvons un peu dépasser ce chiffre de 1500 kilos à l’hectare et donc nous estimons qu’on va atteindre les objectifs fixés.

Oubangui Médias : Monsieur Gédéon Gaouaranga je vous remercie

Gédéon Gaouaranga : c’est moi qui vous remercie monsieur le journaliste

Interview réalisée par Zarambaud Mamadou