Depuis quelques jours à Bangui, les prix du carburant particulièrement de l’essence deviennent de plus en chère. Apres un moment de temporisation, pendant que l’on croyait que la situation est sous contrôle, on se réveille à la dernière minute par une hausse vertigineuse du prix de l’essence. Pour plus de précisions concernant cette affaire, Oubangui Médias s’est intéressé à ce sujet et est allé ce mercredi 21 décembre à la rencontre des grossistes et conducteurs de moto, taxi et bus ainsi que de quelques centrafricains pour recueillir leurs avis.

Il est 8h 45mn, nous sommes à l’arrêt bus de PK12 pour prendre un moyen roulant afin de nous rendre au travail. A notre grande surprise, les mototaxis abandonnent leurs clients au bord du chemin tout en murmurant des mots choquants comme la phrase suivante : « il n’y a pas de carburant à la station, nous payons le litre à 1500f, mais vous voulez toujours payez à bas prix le transport comme si c’est la moto de votre grand-père qu’on travaille avec…».

Etonnée du changement brusque et de l’allure, nous nous sommes rapprochés de ce conducteur de moto pour qu’il nous amène au rondpoint Omar Bongo reconnu plus au nom de l’espace Marabena. C’est au prix de 500f qu’il nous a acceptés. Un trajet que nous payons habituellement entre 250 à 300 FCFA. Nous avons profité juste de l’occasion pour lui filer quelques questions. Ce dernier n’a pas voulu révéler son identité mais s’est beaucoup plaint par rapport à la situation : « A la station, nous achetons le litre d’essence à 1000FCFA. Mais présentement, le litre se vend à 1500F. Donc si nous gardons les mêmes tarifs, nous n’allons pas nous en sortir et si le prix continue d’augmenter, nous allons toutefois augmenter nos tarifs.  Parce que nous même, nous encaissons les coups mais quand il s’agit des taxi motos dans ce pays, personne ne veut nous comprendre, pourtant on souffre ».

Une fois à Marabena, nous avons emprunté un taxi pour la direction de Petevo dans le 6e arrondissement de Bangui. Là même, nous avons passé un bon moment à attendre avant de trouver un taxi. En montant dans ce taxi, le chauffeur nous prévient que les tarifs ont changé de 150 FCFA à 250 FCFA. Ce qui a vraiment bouleversé le programme de certains passagers qui sont sortis sans prévoir assez de sous pour leur transport.

Amos, un usager de transport en commun explique sa mésaventure en route dans ce taxi : « Souvent quand vous faites vos choses-là, prévenez-nous au moins par un communiqué de presse ou une note officielle. Mais vous nous surprenez tout le temps avec la hausse du prix de transport. Ce matin je ne savais pas qu’il y a hausse du prix, je suis sorti seulement avec 500 FCFA sur moi pour mon allé et retour, mais avec ce rythme, je me vois en plein carrefour en train de chercher des stratégies pour mon retour parce que j’habite le quartier Combattant. La route est si longue que je ne pouvais même pas faire tout le trajet à pieds ». 

Cependant, les revendeurs d’essence nous font croire que les prix deviennent excédents parce que les prix ont augmenté chez les grossistes : « Nous achetons le bidon de 25 litres à 26.500 FCFA dans un passé récent et on revend avec seulement 1500 FCFA de bénéfice. Mais présentement, on nous vend le bidon de 25 litres à 35.000 FCFA. Donc nous sommes obligés d’augmenter à 1500 FCFA le litre pour avoir un peu de bénéfice » a expliqué Vianney, un revendeur d’essence.

Depuis plusieurs mois, les stations-services ont fermé leurs portes. Seul Tradex vent un peu de carburant mais difficilement. Le marché noir a prospéré. Le Km5 jusque-là poumon économique du pays devient l’unique endroit où on peut trouver de carburant. Il est devenu le réservoir de carburant pour de nombreuses entreprises voire même des départements ministériels, institutions et organisations non gouvernementales.

Dans ce secteur où nous nous sommes rendus, Ousmane,  grossiste d’essence au KM5 insinue que le prix des barils d’essences de 200 litres n’a pas changé dans leur point de vente au niveau du KM5. Ce sont plutôt les revendeurs qui spéculent les prix d’essence vu que les stations sont sèches depuis plusieurs mois : « Le prix du carburant a augmenté ces derniers jours dans tous les pays importateurs comme le Nigeria, le Cameroun etc. c’est ce qui nous a fait changer de prix pendant un moment. Mais présentement, le prix est en baisse et ce n’est plus comme ce que les gens le pensent. Mais comme vous le savez, nous ne pouvons pas contrôler nos clients pour savoir à quel prix ils revendent l’essence. Mais on sait pertinemment que pendant les fins d’années, il y’a trop de tracasseries et des dépenses qui empêchent l’approvisionnement de l’essence mais présentement, on n’a pas augmenté le prix de carburant notamment  de l’essence »,  a-t-il expliqué sans pour autant nous situer sur le prix du baril.

Rappelons que le prix d’essence varie présentement à Bangui par secteurs ou quartiers. Pendant que certains commerçants revendent le litre à 1300 FCFA, d’autres revendent à 1400 ou 1500 FCFA. Face à ce désordre, les populations appellent les autorités concernées à faire un effort pour y mettre de l’ordre car c’est la population qui subit toujours la peau cassée.

Belvia Esperance Refeibona