Située au cœur de l’Afrique, dans une région stratégique, la République Centrafricaine (RCA) avec ses superficies 623.000 Km2 de superficie, est bordée par six (06) pays : à l’Ouest par le Cameroun, le Soudan et Sud Soudan à l’Est, le Tchad au Nord, la RDC et le Congo au Sud. Mais elle est confrontée à de problèmes récurrents sur la gestion de ses espaces transfrontaliers qui représentent 5.203 km avec ses six (06) frontières.

Les frontières poreuses et ses conséquences:

A cet effet, d’abord des braconniers traversent sans inquiétude les frontières. Pareillement, la crise politico-militaire a davantage fragilisé les institutions de l’Etat cela aggravé la porosité des frontières. Comme « la nature a horreur du vide », des mercenaires étrangers ou bandits y sévissent. Cette situation favorise tous les trafics, dont celui des armes pour déstabiliser la région. Le pays a été ainsi qualifié de « ventre mou de l’Afrique centrale »par Emmanuel Chauvin, dans Afrique contemporaine 2018/3-4 (N° 267-268). Egalement, le 26 juillet 2017 « un groupe d’experts de l’ONU sur la RCA a indiqué que la porosité des frontières entre la RD Congo (RDC) et la RCA ont permis le développement d’un tel trafic ». Le rapport onusien a indiqué que « ce réseau s’étend de la RDC au Tchad en passant par le Congo-Brazzaville ».

Au plan économique, les populations frontalières se sentant abandonnées car l’Etat n’y est pas représenté, conséquences : des transactions économiques se font avec des monnaies étrangères. C’est le cas à l’extrême Est où « les habitants de la localité de Bambouti frontalière avec le Sud Soudan utilisent la monnaie sud-soudanaise le Pound », avait rapporté radiondekeluka.org en mars 2020.

Tensions et litiges frontaliers:

A leur accession à l’indépendance, les Etats Africains ont hérité les lignes de démarcation tracées par les colonisateurs. A l’indépendance, elles sont devenues les frontières des territoires et chaque Etat s’évertuait y affirmer sa souveraineté nationale.

Dans le passé, en 1978, les relations entre la RCA et son voisin du Sud, le Congo Brazzaville se sont affectées à cause d’un différend frontalier. Puis à l’Ouest, en février et mars 2001, une vive avait éclaté entre le Centrafrique et le Cameroun à propos de leurs frontières communes.

Ensuite, au Nord avec le Tchad, c’est l’instabilité frontalière depuis des années. La tension a monté en mai 2021 suite à la mort de soldats tchadiens dont « les soldats centrafricains ont été accusés de les tuer ». Comme si cette crise ne suffisait pas, des éleveurs tchadiens ont fait incursion en Centrafrique tuant quatorze agriculteurs le 10 juin 2021 à Tiri à l’extrême Nord-Est du pays.

« En représailles, les éleveurs, venus du Tchad, ont tué 14 personnes dont des femmes et des enfants. Ils ont incendié plus de 66 maisons et des greniers. Près de 3 000 personnes ont fui leur village », avait rapporté à l’  AFP, François Dieudonné Bata Wapi Yepi, Préfet de la région de Bamingui-Bangoran.

Eliminer les tensions et favoriser la paix et la sécurité dans les zones transfrontalières :

Recouvrant la totalité de sa souveraineté sur ses terres bien que des poches existent encore et les groupes armés continuent des opérations de coup de main, l’opinion nationale souhaite que le nouveau Gouvernement privilégie « l’élimination des sources de tensions à ses frontières, notamment avec le Tchad, le Cameroun et les deux Soudan ». Il s’agira donc pour Dondra de faire de cette problématique  « des axes essentiels du programme de développement socio-économique de la RCA » puisque la présence des groupes armés ont compromis tout effort de développement socio-économique.

A cet effet, l’Etat devra « réaffirmer sa présence auprès des populations frontalières et de faire la promotion de la coopération dans les espaces transfrontaliers afin d’y préserver et renforcer la coexistence pacifique entre les populations », a souhaité encore l’opinion.

La création d’une Commission Nationale des frontières centrafricaines et la gestion de conflits s’impose :

Selon Le guide de l’utilisateur Programme Frontière de l’Union Africaine (PFUA), « l’objectif central de toutes les commissions des frontières doit être de prévenir le risque de différends entre des Etats, des populations nationales et/ou locales émanant du chevauchement des revendications sur la juridiction territoriale et maritime ».

Plusieurs pays confrontés aux conflits frontaliers ont décidé de se doter d’une Commission Nationale des Frontières. Cela a été aussi motivé par l’Union Africaine (USA) en 2007 par son projet « Appui au Programme Frontières ». Puis en 2009, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) a emboité le pas à l’organisation panafricaine pour sa mise en œuvre.  

En s’inspirant du cas ivoirien, malien, … la Commission Nationale des Frontières est placée sous l’autorité du Ministre chargé de l’administration du territoire. Il a pour responsabilité d’émettre des propositions au Gouvernement sur toute question se rapportant aux frontières en liaison avec d’autres départements concernés.

Elle mène aussi des études d’investigation sur les questions frontalières, des suivis et aussi des missions de sensibilisation à la stabilité et à la valorisation des frontières nationales. Elle intervient aussi des conflits et litiges frontaliers et « mène des négociations sur les frontières jusqu’à leur conclusion ».

Junior Max Endjigbongo