Pendant deux semaines, une mission composée d’experts internationaux et nationaux a effectué un diagnostic approfondi du secteur de la sécurité intérieure en République centrafricaine. La présentation des conclusions préliminaires s’est déroulée le vendredi 19 mai 2023 au Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique.

La réunion a été présidée par M. Samuel Tale-Yekoma, Directeur de Cabinet du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, en présence des membres du cabinet, ainsi que des représentants de la communauté internationale qui soutiennent ce secteur, notamment l’Union européenne. Ce diagnostic a été réalisé grâce à l’appui de l’Union européenne via l’opérateur Altair.

La mission de diagnostic s’est appuyée sur une méthodologie, à savoir la Grille d’analyse du secteur de la sécurité (DCAF), qui est une méthodologie d’analyse préalable développée par des experts en sécurité issus de différents pays. L’approche adoptée a également pris en compte la nécessité de passer au Budget Programme et à la Gestion axée sur les résultats (GAR) pour une période de 5 à 10 ans, permettant d’assurer une cohérence entre les objectifs stratégiques du MISP, des moyens disponibles et des résultats à atteindre. Des entretiens auprès de différents acteurs engagés dans le secteur de la sécurité ont été menés avec les experts nationaux et les partenaires techniques et financiers ainsi que l’exploitation documentaire.

Les conclusions préliminaires de la mission de diagnostic ont permis de mettre en évidence plusieurs points importants portant sur les neufs volets qui ont été analysés :

Volonté politique et gouvernance

Cadre juridique de la sécurité intérieure

Politiques publiques et stratégies propres au SSI

Organisation et Structures du SSI

Fonctionnement du SSI

Gestion des ressources humaines du SSI

Moyens, équipements, infrastructures du SSI

Valeurs partagées du SSI

Légitimité, transparence du SSI et relation avec la population.

Tout d’abord, le Gouvernement, sous la direction du Premier Ministre, sous la Haute Impulsion du Président de la République, Chef de l’Etat, a montré sa détermination à renforcer le secteur de la sécurité, notamment à travers l’élaboration d’une politique et d’une stratégie nationale, qui sont ensuite déclinées en Politique Sectorielle de la Sécurité Intérieure. Sur le terrain, il a été souligné les efforts qui ont été déployés pour améliorer la visibilité et l’accueil du public à Bangui et les actions entreprises pour assurer la protection des personnes et des biens, notamment dans la gestion de la circulation routière, le maintien de l’ordre public et la lutte contre la délinquance et la criminalité.

Cependant, des défis persistent à tous les niveaux. La mission énumère une série de points à améliorer pour chacun des volets analysés. Par exemple, en ce qui concerne les valeurs partagées du SSI, la mission souligne l’existence d’un code d’éthique et de déontologie, ainsi que l’enseignement de ces principes dans les écoles de police et de gendarmerie. Cependant, des améliorations sont nécessaires en termes de responsabilité, de transparence et de mécanismes de contrôle interne et externe.

De même, bien que la mission ait noté une progression de la confiance entre les forces de sécurité intérieure et la population à Bangui, il est essentiel de renforcer leur présence en province et d’améliorer leurs relations avec la population. Il a également été souligné dans ce contexte l’importance de mettre en place des mécanismes alternatifs de règlement des conflits impliquant la société civile, les chefs traditionnels et religieux.

En conclusion préliminaire de la mission de diagnostic, il est souligné que les forces de sécurité intérieure en République centrafricaine ont réalisé des progrès significatifs depuis 2013, avec le soutien de la communauté internationale. Cependant, des améliorations doivent être apportées pour réduire les faiblesses identifiées. Il est recommandé d’intégrer la gestion des risques dans les politiques de sécurité intérieure et d’adopter une approche holistique pour traiter ce secteur. La participation croissante de la société civile est également nécessaire, car la sécurité est l’affaire de tous.

Ce diagnostic, qui fait suite au précédent diagnostic préliminaire réalisé en octobre 2022, pose les fondements pour l’élaboration de la politique sectorielle de la sécurité publique en République centrafricaine. Actuellement, le Ministère de l’Intérieur, et de la Sécurité Publique, n’a pas encore établi de politique sectorielle et souhaite un accompagnement pour élaborer aisément son budget-programme. De plus, il a besoin d’une assistance pour mettre en œuvre de manière cohérente les différents plans nationaux, qui sont pris en compte par plusieurs partenaires.

Cette importante activité de diagnostic est financée par l’Union européenne dans le cadre du « Programme européen de réforme de la justice et de la sécurité en RCA » et constitue une partie essentielle des activités d’assistance technique fournies par le programme Altair au Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique.

Fridolin Ngoulou