Les médias centrafricains ont été vus sous un angle d’accompagnement de la politique, considérés comme des agences de communication publique, d’organes de dénonciation des faits mais leurs poids dans l’économie centrafricaine ont toujours été ignorés.
De manière classique, les médias jouent un rôle clé dans le développement de l’économie en tant qu’acteurs de la diffusion d’informations et de la promotion des opportunités. En sensibilisant le public aux politiques économiques, aux tendances du marché et aux innovations, ils renforcent la transparence et encouragent l’investissement pour l’émancipation du pays et le bien-être des populations.
Les campagnes médiatiques soutiennent l’éducation financière, permettant aux citoyens de mieux gérer leurs ressources. Elles ont pour enjeux de créer des programmes d’autonomisation économique durables et évolutifs qui ont un impact réel sur la vie des gens au niveau communautaire. Ce que fait la Banque de France en partenariat avec des médias.
Par ailleurs, les médias mettent en lumière les initiatives locales et internationales, facilitant les partenariats et les échanges commerciaux. Enfin, en dénonçant la corruption et en défendant la responsabilité sociale des entreprises, ils favorisent un environnement économique équitable et durable.
Médias, secteur économique
Mais une certaine opinion pense que les médias constituent un fardeau pour les pouvoirs publics. Elle ne reconnaît pas que c’est un secteur économique qui mérite un accompagnement multiforme du gouvernement puisqu’il dispose des potentiels inexploités, méconnus voire relégués au dernier, pourtant il peut booster l’économie.
Il faut toutefois rappeler que les médias n’accompagnent pas seulement la relance économique à travers l’information et la communication, mais, ils participent activement à l’économie.
A titre illustratif, en République centrafricaine, on compte aujourd’hui, plus de 60 radios, membres du Réseau des Médias Communautaires (RMCC). Elles se sont installées dans toutes les préfectures du pays. Une dizaine qui ne fait pas parti de ce réseau est à Bangui. Pour installer une radiodiffusion sonore, l’importation des matériels souvent à la charge des communautés ou des particuliers représentent chaque année un cout exorbitant mais un soulagement pour l’assiette fiscale du pays.
Pour illustrer davantage la contribution des médias, chaque année, une radio communautaire doit payer au moins 250.000 FCFA à l’Etat, représentant au moins 15 millions de FCFA. Cependant, certaines radios qui ont installé leurs antennes à l’intérieur du pays paient à l’Etat chacune 500.000 FCFA par antenne. Celles qui ont installé leurs antennes de relais sur la colline des panthères paient annuellement 500.000 FCFA au ministère de la Communication. Ajouter aux radios les charges fiscales de la télévision et des journaux, on se rend compte que ce secteur apporte une bouffée d’oxygène à l’économie nationale. En plus des redevances pour l’attribution des fréquences, de nombreux médias paient des impôts, supportent des charges de l’électricité, de l’eau, de la connexion Internet, des loyers, du personnel…
A titre d’exemple, la radio religieuse comme la radiotélévision la voix de l’Evangile, installée à Bangui doit mobiliser au moins 3 millions de FCFA par mois pour son fonctionnement. Le loyer, l’énergie et ses entretiens techniques prennent la moitié de cette somme, le transport, communication et la prise de charge de 17 personnels.
« Depuis le mois de janvier jusqu’à présent, notre finance ne supporte plus nos charges, ce qui fait que nous accumulons deux mois de retard de nos charges. Avec le problème d’électricité, le carburant du générateur nous prend presque 400.000 FCFA par mois. En plus, nous devons payer la redevance de 250.000 FCFA l’année au Haut Conseil de la Communication (HCC) et 500.000 FCFA l’année au ministère de la Communication pour l’utilisation du pylône sur la colline », nous a expliqué Boris Kpéko, Directeur de cette radiotélévision très suivie à Bangui et ses environs.
Si les médias paient des taxent à l’Etat, il faut reconnaître que ces organes de presses résorbent le chômage en Centrafrique en embauchant des journalistes et assimilés, techniciens, chauffeurs, gardiens, …. L’attention doit donc être portée sur ce secteur pour lui donner un oxygène vital.
Comment le gouvernement peut accompagner ce secteur ?
D’abord, il est important d’exonérer l’importation des matériels audiovisuels et de la presse écrite. Comme mentionné ci-haut, le matériels audiovisuel coute encore extrêmement chers. Pour une radio, communautaire, l’équipement de la radio ne coute pas moins de 20 millions de FCFA.
Conscient que les radios installées partout en Centrafrique jouent un rôle d’éducation citoyenne et aide le gouvernement dans sa mission régalienne de développement, il est donc indispensable que l’Etat puisse penser à baisser la redevance d’attribution des fréquences. L’inscription des médias parmi les PMI/PME, les accompagner et les prendre en compte dans toutes les politiques de développement seraient l’une des solutions qui permettraient d’assouplir les charges des médias pour une meilleure prestation et pérennité. Au cas contraire, beaucoup pourraient disparaître.
Pour ce faire, le gouvernement doit organiser et maintenir un dialogue Public-Privée avec les médias centrafricains et lancer un véritable recensement de tous les médias, des journalistes et personnel travaillant dans les médias afin de disposer d’une base de données fiable pour des actions bien ciblées.
Aujourd’hui, la vision du RMCC par exemple est de doter toutes les grandes villes du pays des radios communautaires. En ce début d’avril, en plus de 60 radios opérationnelles, le projet d’installation de 11 nouvelles radios est sur la table de ce réseau et RMCC regrette le pillage de 4 stations pendant la dernière crise.
Fridolin Ngoulou
Journaliste, Expert des Médias




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