Les mines antipersonnel, posées par les groupes armés sur les axes de Bocaranga posent un réel problème pour le bon fonctionnement de l’éducation dans cette zone de la préfecture de Lim-Pendé au nord de la Centrafrique.
Au moins 28 écoles sur les 60 que comptent le secteur scolaire de Bocaranga ne fonctionnent plus à cause de ce phénomène d’utilisation des engins explosifs dans les combats. Les mines antipersonnel constituent un danger pour l’éducation dans cette zone, en plus du mouvement des groupes armés dont les principaux sont les éléments de 3R.
Par peur d’une attaque des forces de la Minusca et des FACA, ces groupes armés ont, selon les témoignages, posé des mines antipersonnel pourtant, le pays est sous embargo et que ce type d’engins est formellement interdit par la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, qui est entrée en vigueur pour la RCA en 2003.
Depuis 2020, ce type d’engin a fait son apparition dans les combats, au moment où les forces de la Minusca et les FACA ont lancé l’opération « A la loundou », autrement dit dégager. Cette opération a révélé aux yeux du monde l’existence des engins explosifs que les rebelles de 3R utilisent dans les combats à l’ouest du pays.
Sur l’axe Bocaranga-Tolé, distant de 75 Km, au moins 15 mines antipersonnel ont été posées tout au long de 30 Km. Deux ont explosé faisant plusieurs victimes. « La seule zone verte c’est l’axe Bocaranga-Bouar. C’est là où je peux sillonner. Mais l’axe Bozoum, Man, Paoua me sont interdits par la hiérarchie. C’est une question de responsabilité du gouvernement. Ces derniers temps, des check points ont été installés par les FACA et cela a permis la reprise progressive de circulation et de la sécurité», a témoigné Julien Manassé Ngakoutou, Chef du secteur scolaire de Bocaranga.
Même si les enseignants et les élèves ne sont pas physiquement victimes, l’éducation en générale est victime de ce phénomène. « Les victimes directes se sont les enfants qui sont privés de leur droit à l’éducation », a souligné Julien Manassé Ngakoutou.
L’OIM tente difficilement de construire un collège à 75 km de Bocaranga
L’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) a entamé la construction d’un collègue à 75 km de Bocaranga, notamment à Tolé, sur demande des habitants de cette zone. Mais transporter les matériaux de construction devient un parcours de combattant.
Pourtant, construire une école, c’est promouvoir l’épanouissement du pays. Ce blocage est déploré par le responsable du secteur scolaire de Bocaranga, Julien Manassé Ngakoutou pour la simple raison qu’un véhicule transportant les matériaux a été victime par deux fois d’explosion des mines antipersonnel vers 45 km sur l’axe Bozoum, faisant des victimes. Ceci a freiné les activités.
« Nous n’avons pas des contacts avec les utilisateurs de ces mines antipersonnel mais nous pensons que le gouvernement prendra ses responsabilités. Notre message aux groupes armés responsables de ces mines antipersonnel est que les victimes sont les civiles qui n’ont rien à voir avec les armes. Cela ne sert à rien de faire des victimes innocentes. S’ils ne peuvent déminer eux-mêmes, qu’ils déclarent les endroits aux spécialistes pour procéder au déminage », a lancé le Chef du secteur scolaire de Bocaranga.
Le président du comité de construction de ce collège, Alfred Deguene explique quant à lui le calvaire des travaux mais aussi la résilience de la population, déterminée à construire ce collège avant la prochaine année scolaire. « La route est complètement minée. Nous transportons les matériaux à bord des motos et c’est très pénible et couteux pour nous et notre partenaire. Les motos ont créé une piste car elles ne peuvent pas circuler sur la route principale. Par malchance, si une moto tente de circuler sur la grande route, elle peut sauter sur un engin explosif. Mais, il nous faut cette école pour faciliter l’éducation des enfants. C’est pourquoi, les villageois viennent attendre ces matériaux à 45 km pour transporter soit sur les posses-pousses soit sur la tête pour atteindre les 75 km », a témoigné Alfred Deguene.
Là, Alfred Deguene est à Bocaranga centre pour organiser le transport des tôles. Mais, il reste bloqué à cause des conditions de ce transport sur les motos.
Ce problème qui freine la libre circulation des biens et des personnes ainsi que le mouvement des acteurs humanitaires n’est qu’un échantillon d’un véritable calvaire de la population de l’Ouham, de Lime-Pendé, de la Nana-Mambéré et de la Mambéré Kadéi.
Oubangui Médias consacre une série de reportage sur l’impact de ces engins explosifs sur la population et les acteurs humanitaire dans la région de Lime-Pendé.
Fridolin Ngoulou
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