Dans son discours à la Nation à l’occasion des 62 ans d’indépendance de la République Centrafricaine le 13 aout dernier, le Président Faustin Archange Touadera a passé trois messages important de l’heure. La révision de la Constitution, la cryptomonnaie et la désinformation. Ci-après les extraits du Président Touadera à ces sujets.

Le président prend acte du processus de révision de la Constitution

« Depuis le Dialogue républicain, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger la révision de la Constitution du 30 mars 2016.

La Représentation nationale, sensible aux aspirations profondes du peuple manifestées à travers des pétitions et marches de soutien à la réforme constitutionnelle, organisées sur l’ensemble du territoire, le 6 août 2022, par l’ensemble des forces vives de la Nation, vient de demander au Gouvernement de déclencher la procédure du référendum constitutionnel.

Oui, mes Chers Compatriotes, notre corpus juridique n’est pas immuable. Il doit s’adapter aux évolutions sociales, politiques, techniques et environnementales tant nationales qu’internationales.

En ce jour historique, je voudrais réaffirmer ma volonté de respecter la Constitution et la volonté du peuple souverain.

Comme j’ai eu à le réaffirmer en certaines circonstances, je ne ferai rien sans la volonté du peuple détenteur de la souveraineté nationale.

Cependant, je ne saurais demeurer indifférent aux cris de cœurs de mon peuple qui est dépositaire par excellence du pouvoir souverain.

Je vous ai écouté. Je prends acte de vos sollicitations pressantes qui me sont parvenues de partout réclamant une nouvelle Constitution.

Notre Constitution énonce de manière péremptoire que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce soit par voie de referendum, soit par l’intermédiaire de ses représentants.

Il appartiendra au Gouvernement d’en aviser et de donner suite à la demande de l’Assemblée Nationale, je veux dire, à votre demande.

Pour ma part, je demeure attaché au second mandat que vous m’avez souverainement accordé, celui de définir et de conduire la destinée de notre pays, conformément à mon programme de société ».

Cryptomonnaie, une opportunité de développement

« Sur le plan économique, il vous souviendra que dans mon discours d’investiture du 30 mars 2021, j’annonçais que le deuxième axe de mon second quinquennat sera de construire une économie plus ouverte à la concurrence, une économie qui encourage l’innovation et l’investissement, favorise l’activité économique et le commerce et facilite la croissance inclusive.

C’est dans ce cadre que j’ai promulgué la Loi relative aux crypto monnaies adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale.

Depuis l’écriture de cette nouvelle page de l’histoire de notre pays par l’Assemblée Nationale, je suis avec une attention particulière le débat intéressant qui s’est noué sur la loi relative aux crypto monnaies.

Certains esprits chagrins considèrent que le Bitcoin est la monnaie de la drogue et des mafias et que son adoption par notre pays risque de créer les conditions d’un blanchiment d’argent ou de bradage de nos ressources naturelles au profit des organisations criminelles.

D’autres, de manière plus polémique, prétendent que notre pays a un faible taux de pénétration d’internet et de Smartphones et ne pourrait valablement expérimenter avec succès les crypto monnaies.

D’autres encore, plus ouverts d’esprit, reconnaissent qu’il s’agit d’une révolution monétaire et technologique inédite, pleine de perspectives pour notre pays.

Ce sont la richesse des opinions et la prise en considération de celles-ci qui font ou feront la force de notre loi et de notre société.

Ce soir, je voudrais vous rassurer que les crypto monnaies constituent une opportunité inouïe de développement pour notre pays, en lien avec le déploiement prochain de la fibre optique.

Comme je l’ai déjà rappelé, l’économie formelle n’est plus la seule option dans ce monde qui devient de plus en plus numérique.

La bureaucratie impénétrable nous maintient bloqués dans des systèmes qui ne nous donnent pas la possibilité d’être performants et de sortir de la pauvreté.

La solution était de repenser notre philosophie économique, en misant notamment sur la tokénisation de nos ressources naturelles et d’attirer des investisseurs sérieux.

Je salue l’engagement de nos partenaires notamment le FMI, la Banque Mondiale et les institutions communautaires à s’associer à nos Experts pour élaborer, de façon consensuelle, les textes d’application de ladite loi ».

La nécessité de règlementer les réseaux sociaux pour luter contre la désinformation

« Un autre défi à notre indépendance, à la réconciliation nationale, au vivre ensemble et à l’unité nationale est la désinformation.

Depuis 2016, j’ai toujours réaffirmé que la liberté d’expression qui occupe une place centrale dans notre Constitution, est l’une des conditions de base pour le progrès de notre société et pour l’épanouissement de chaque citoyen.

Malheureusement, nous assistons depuis quelques temps à une montée exponentielle des discours incitant à la haine ou à la violence, des discours mensongers devenus viraux sur les réseaux sociaux et dans certains médias privés.

En raison de la présence massive de nos concitoyens sur les réseaux sociaux et de leur consommation de plus en plus importante des désinformations, le Gouvernement doit réglementer le droit des réseaux sociaux pour permettre aux personnes lésées par des propos diffamatoires ou par d’autres types de contenus illicites, d’engager une action en responsabilité contre les violations des droits de la personnalité.

Cette protection me paraît nécessaire et urgente à la sécurité nationale, à l’ordre public, aux droits et libertés d’autrui.

Je note qu’il y a également un travail d’éducation à faire aux médias pour limiter les campagnes organisées de désinformations à des fins politiciennes ou subversives ».

Fridolin Ngoulou