Les Etats-Unis lavent les mains à propos d’un soit disant ultimatum donné à la Centrafrique de chasser les russes du groupe Wagner, ultimatum annoncé pour la première fois dans le journal Afrique Intelligent basé en France. Une rencontre diplomatique a eu lieu entre le Président Faustin Archange Touadera qui a reçu le mardi 28 février 2023 l’ambassadrice américaine Patricia Mahoney au Palais de la Renaissance à Bangui.

L’annonce de cet « ultimatum » a suscité une vive réaction de la part des Centrafricains. Des positions partagées sur les réseaux sociaux et dans plusieurs journaux de la place, condamnant ainsi cette sortie étasunienne sur la crise en Centrafrique, notamment en ce qui concerne la présence russe en Centrafrique.

C’est dans ce contexte que la cheffe de la diplomatie américaine à Bangui a été reçue par le Président Faustin Archange Touadera afin de passer en revue la coopération bilatérale entre la République Centrafricaine et les États-Unis, en vue de la renforcer davantage.

Les Etats-Unis n’ont jamais lancé un ultimatum aux autorités centrafricaines au sujet des forces russes. C’est ce qui ressort de cette audience au Palais de la Renaissance.

« J’ai reçu en audience Madame l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique. L’occasion nous a permis d’échanger sur notre coopération ainsi que des questions d’actualité et fake-news », a twitté le Chef de l’Etat Centrafricain, Faustin Archange Touadera, accompagnant par deux photos qui expriment un climat très détendu entre les deux personnalités.

Interrogée au sortir de cette audience par la Presse Présidentielle, l’ambassadrice Patricia Mahoney a fait savoir que son pays allait continuer à entretenir des relations bilatérales fructueuses avec la République Centrafricaine et dans plusieurs domaines. Elle a battu en brèche les allégations selon lesquelles les États-Unis auraient donné un ultimatum aux autorités centrafricaines pour faire partir les instructeurs russes de leur pays en contrepartie d’un appui conséquent. La diplomate américaine n’a pas manqué de vanter l’excellence des relations bilatérales entre les États-Unis et la République Centrafricaine.

« Nous apprécions la coopération avec nos amis la RCA. Nous respectons toujours la souveraineté de la RCA. Les rumeurs d’ultimatums et de fermeture de l’ambassade sont fausses. Nous sommes fières d’être le plus grand donateur d’aide humanitaire et un partenaire privilégié de la RCA », a déclaré Patricia Mahoney.

Quelle leçon tiré ?

Selon des observateurs de la politique et diplomatique centrafricaines, le pays continue depuis plusieurs année à être stigmatisé à cause de la présence russe.

Pour eux, les russes ont aidé l’armée à reconquérir le territoire occupé à 80% pendant 8 ans par plusieurs factions des groupes armés, dont principalement ceux qui sont issus de la coalition Séléka et qui aujourd’hui sont réunies dans la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) dirigée par l’ex président François Bozizé. Pour dire qu’Il ne revenait pas aux Etats-Unis qui ont vue l’évolution de la situation sécuritaire de « tenir ce genre de discours ».

Mais, nombreux sont ceux qui jettent la responsabilité de ce faux ultimatum sur les médias au service de l’exécutif français  qui, de jour en jour « font de fixation sur les forces russes en Centrafrique, tout en discréditant les autorités centrafricaines, une mauvaise campagne que les centrafricains ont compris les enjeux ».

En effet, les Etats-Unis doivent comprendre que les centrafricains suivent de près toutes les actions des partenaires de la Centrafrique, savent évaluer chacun selon sa force et ses faiblesses.

Les relations entre la Centrafrique et les Etats-Unis ont été toujours au beau fixe. Mais les tensions diplomatiques observées ces dernières années entre la Centrafrique et la France ont tendance à créer la confusion avec les autres partenaires de la Centrafrique et la communauté internationale d’une manière générale.

La vraie préoccupation des centrafricains depuis 2013, au pire moment de la crise est de voir son armée débout et que la communauté aide les autorités à rétablir la sécurité. Alors que le peuple demandait un désarmement d’abord forcé, la communauté internationale au contraire mettait en premier plan le dialogue et le désarmement volontaire.

Les résultats ont accouché d’une souris car, les désarmés ont repris le chemin du maquis. Mais, les actions militaires de l’armée et ses alliés ont permis dans un temps record de reconquérir 80% du territoire. C’est ainsi qu’il est important d’écouter la voix du peuple dans les relations diplomatiques et les coopérations bilatérales.

Aujourd’hui, les centrafricains voudraient plus d’actions des américains pour former et équiper l’armée nationale. Une fois l’armée montée en puissance, le pays entamera la réduction des forces étrangères dans le pays, y compris les russes et les forces spéciales rwandaises.

Fridolin Ngoulou