Peuple du Centrafrique que veux-tu faire de ton pays ? Le maintenir dans le chaos ? Continuer à accepter les exactions, les conflits armés, l’insécurité et leurs répercussions sur le développement en RCA ? Certainement pas ! Alors il nous faut choisir la voie de la sagesse, et pour cela développer ce qui en est l’essence même, à savoir le « dialogue » et la « concertation », en étant bien conscient que la « concertation » conduit au « dialogue ».

Aussi je propose quelques pistes de réflexions sur ces deux termes, très souvent utilisés, mais également confondus à tort, tant ils sont proches l’un de l’autre, puisque débouchant in fine sur l’échange et le partage, au profit de l’intérêt collectif, excluant de ce fait tout individualisme.

Au dialogue défendu par certains responsables politiques ou religieux, d’autres préfèrent la concertation, plus rassembleuse et plus fédérative.

Celle-ci, d’ailleurs, doit être pour toi, peuple du Centrafrique, un temps d’information et d’échanges, voire constructifs, facilitant ainsi la participation de tous. Elle favorise le débat, et permet de recueillir l’ensemble de nos avis. Elle est aussi un temps de réflexion sur l’opportunité de notre projet commun, dans un esprit de « concorde nationale » et de participation citoyenne.

Peuple de Centrafrique, ne rejetons pas toute proposition de concertation comme cela a déjà été le cas dans le passé, mais saisissons l’opportunité d’une concertation nationale démocratique si tel est le cas. Alors nous pourrons, Centrafricains, poursuivre entre nous le dialogue sur l’évolution du projet national de société que nous aurons retenu.

Mais que peux-tu attendre du dialogue, peuple déchiré ?

Tout d’abord, que les responsables de notre projet national de société, à tous niveaux, s’entendent sur les objectifs, et les moyens à mettre en œuvre, en facilitant la participation et en respectant l’initiative de chacun : il nous faudra, peuple du Centrafrique, exprimer clairement ce que nous voulons faire, définir de manière franche et honnête la République centrafricaine que nous voulons, que ce soit au niveau économique, politique, social, religieux ou autre.

Centrafricains, dialoguons avec intelligence et discernement, dans le respect mutuel ! Ainsi nous pourrons trouver des solutions à nos crises et conflits, et affronter nos problèmes en toute responsabilité dans un désintéressement total privilégiant l’intérêt général.

Ceci implique pour chacun d’abandonner ses intentions cachées ou ambitions personnelles au profit d’une solution « collective » aux problèmes posés. Mais cela nécessite de croire en la possibilité d’un réel compromis, finalité de tout dialogue. Et le contexte politique actuel en Centrafrique nous impose, Centrafricains, de nous mettre autour d’une table et de réfléchir à ce qui pourrait être le mieux pour notre pays.

Passons du mépris à l’estime, et trouvons en nous les ressources nécessaires pour associer dialogue et unité, concertation et dignité ! Malheureusement notre pays souffre d’un réel manque d’esprit collectif et d’un projet « rassembleur ».

Il est grand temps, peuple du Centrafrique, de se rassembler en vue de définir une action commune mettant tout le monde au centre de notre projet, avec pour seul objectif de vivre en paix en Centrafrique, et confiant en l’Avenir. Notre pays le mérite ! Il est vrai qu’aujourd’hui la Centrafrique a besoin d’un réel dialogue pour vivre et exister, car dans la vie d’une nation le dialogue résulte avant tout d’un choix de vie et représente une option démocratique pour un rassemblement national.

Centrafricains, ne dissocions pas « concertation » et « dialogue », complémentaires, et méditons ce proverbe Bambara : « Quand on commence par dialoguer, on aboutit à une solution ».

Dr Rodolphe Gozegba