Au cours des dernières années, tant le gouvernement centrafricaine que l’ONU ont sonné l’alarme sur la situation de la femme centrafricaine en matière de VBG, une situation que le gouvernement centrafricain a qualifiée de « Gravissime » devant le comité onusien pour l’élimination de discrimination à l’égard de la femme.

Et tout récemment, le gouvernement centrafricain soulignait dans sa stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre, les pratiques néfastes et le mariage d’enfant en RCA 2019-2023(« STRATEGIE VBG 2019 ») que la situation des VBG a pris une « proportion effrayant » en RCA.

Les VBG omniprésence en RCA a un point tel qu’elles sont considérées comme une réalité et tolérées au sein des foyers et de la communauté. Or, il existe malgré ceci peu de données à leur égard, notamment en raison de leur caractère tabou.

En effet, l’auteur de la violence, la famille et la société exercent une telle emprise sur la femme victime qu’elle n’ose pas en parler, ni dénoncer la situation, ni recourir à l’assistance d’une tierce personne.

Toutefois, les données qui existent et qui sont rapportés dans la PNPEEG 2019-2022 et la stratégie VBG 2019-2023 suggèrent bien l’ampleur du phénomène, surtout lorsqu’elles sont lues en gardant en tête que les cas des VBG sont largement sous rapportés.

En outre, le PSN liste des violences sexuelles comme l’un des facteurs transversaux de vulnérabilité au VIH en RCA et indique, à titre d’exemple, que MSF a apporté avoir reçu 6252 victimes de violences sexuelles pour fins des services médicaux en 2019, parmi lesquelles 57%  étaient des femmes adultes 3% des hommes 40% des mineurs de moins de 18 ans. Les viols et les agressions sexuelles représenteraient respectivement 21% et 29%  des cas de VBG en RCA. Il convient aussi de noter que la prévalence de la violence domestique et de la violence entre partenaires intimes est souvent élevée dans le contexte de conflits et de crises humanitaires.

Violences sexuelles au premier plan

Au premier plan des violences commises à l’extérieur du foyer se trouvent les violences sexuelles liées aux multiples crises militaro-politiques, qui comprennent les viols des femmes et des filles comme une punition pour être considérées proches de la partie adverse, les viols comme armes de guerre ou moyen de pression, les cas d’exploitations sexuelles des filles enrôlées dans les bandes armées, les mariages forcés aux combattants, la prise en otage des femmes au fin d’ esclavages sexuel, etc.

Les femmes sont notamment exposées aux risques d’agressions sexuelles et physiques sur le chemin de leurs activités champêtres (travaux au champ). Les nombreuses désastreuses des violences liées aux conflits sur la santé et l’intégrité physique et psychique des victimes incluent divers traumatismes, l’infection à VIH, la stigmatisation, la répudiation du foyer conjugal et la naissance d’enfants nés à la suite des viols.

En outre, les femmes font aussi l’objet de VBG à l’extérieur du foyer indépendamment des conflits, par exemple de harcèlement (pouvant aller jusqu’au viol) en milieu professionnel, scolaire et carcéral. A titre d’exemple, les VBG lors de la garde à vue ou en prison incluent la violence sexuelle, les fouilles et l’obligation de se dévêtir en présence des hommes et les injonctions à avoir des rapports sexuels en échange d’avantages ou de produits de premières nécessités.

Enfin, les femmes et les filles déplacées internes sont particulièrement vulnérables aux VBG et les professionnelles de sexe font l’objet d’un taux de violence extrêmement élevé.

Quant aux VBG à l’intérieure des foyers, l’Enquête MICS6 révèle que 65% des femmes et 38% des hommes considèrent de façon générale qu’il est justifié pour un mari de battre sa femme. Bien que les résultats se soient améliorés depuis MICS4, en 2010, ils continuent de démontrer une acceptation sociale généralisée du contrôle, notamment physique, du mari sur sa femme.

L’impunité, un danger qui encourage les VBG

L’impunité, la non-primauté du droit et la situation sociale et juridique de la femme sont autant de facturier qui favorise la création d’un climat d’acceptation générale et la tolérance de la violence à l’égard des femmes et des filles en RCA.

Certaines pratiques, alors considérées comme normales et légitimes dans les rapports sociaux au sein d’une société patriarcale, ne sont pas perçues comme une atteinte à l’intégrité des femmes.

Le livret, le  sororat, le mariage précoce et les mutilations génitales féminines touchent, 24% des femmes et des filles âgées de 15 à 49ans (malgré qu’elles sont interdites par la loi depuis 1966) et 23.6% des femmes et filles de la même tranche d’âge sont mariées ou ont contracté une réunion conjugale avant leur 15è anniversaire.

Il convient aussi de noter que des violences sexuelles contre les hommes et les garçons, principalement commis par des groupes armées, ont aussi été rapportés. Cette violence sexuelles demeure plus fréquente lors des attaques armées ou lorsque les hommes et les garçons ont été retenues captifs par des groupes armés. Il y’a également des cas ou des hommes ont été victimes de violence sexuelle par ce qu’il refusait de rejoindre les groupes armés.

Solution à ce fléau

Devant l’ampleur du phénomène, des VBG, le gouvernement de la RCA a créé en 2015 une unité mixte d’intervention rapide et de répression des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants. Opérationnelle depuis 2017, l’UMMIR travail sous l’autorité du procureur général du pays et est composée des éléments de la police, de la gendarmerie et d’un personnel civil (justice, affaires sociales et santé).

Elle exploite une ligne d’appel 24h/24 (la ligne verte 4040) et offre-les services suivants : un service d’enquêtes et d’investigations, un service médical et psychosocial et un service d’appui juridique. En trois mois seulement de fonctionnement, 300 cas avaient été rapportés à la justice.

CF : Extrait rapport d’évaluation et renforcement des aspects genre et droits humains de la Réponse au VIH et à la Tuberculose en République Centrafricaine  (ONUSIDA)