La République Centrafricaine (RCA), pays qui sort difficilement des conflits armés est l’un des pays où le taux des Violences Basées sur le Genre (VBG) ou des Violences Sexuelles Basées sur le Genre (VSBG) reste le plus élevé. La lutte pour mettre à ces cas de violence doit être une préoccupation de tous.

Dans un contexte d’insécurité et de violence, les femmes et les filles sont davantage exposées et vulnérables au moment des déplacements, tout particulièrement aux violences sexuelles qui sont endémiques en RCA.

Bien que la RCA se soit doté en 2019 d’une Stratégie Nationale de Lutte Contre les Violences Basées sur le Genre (VBG), le mariage d’enfants et les Mutilations Génitales Féminines, le nombre de cas de violences basées sur le genre demeure toujours élevé année après année comme le montre les statistiques du Système de Gestion de l’Information sur les violences basées sur le genre (GBVIMS) qui spécifient qu’en 2020, 9 216 cas de VBG ont été collectés au niveau des services dont 24% de violence sexuelles (VS) et ceci dans seulement 29 sous-préfectures sur un total de 73. Durant les deux premiers mois de 2021, le GBVIMS a été enregistré 1145 cas de VBG dont 27% de viol.

En 2022, l’analyse comparative des incidents de VBG rapportés indique une augmentation de 12.052 cas soit 104% des incidents de VBG déclarés en 2021. Parmi les types de VBG, les cas des violences sexuelles (35%) restent les plus signalés.

Un GAP colossal dans la réponse aux VBG

L’absence des institutions judiciaires et sécuritaires et l’effritement des mécanismes traditionnels de gestions des conflits exposent davantage les couches les plus vulnérables (femmes et filles) à plus de violences y compris les viols et agressions sexuelles.

En effet, afin d’assurer une gestion éthique des données VBG, la coordination VBG sous le lead de l’UNFPA avait mis en place le système de gestion des informations sur la violence basée sur le genre (GBVIMS). Il permet d’harmoniser les données sur la violence basée sur le genre générées par les services fournis par les organisations aux survivants de la violence basée sur le genre dans les contextes humanitaires.

En 2021, le nombre des organisations signataires du protocole de partage d’informations (PPI) du GBVIMS était à 12 dont 8 organisations qui fournissent les services de prise en charge aux survivants de VBG et 4 organisations (3 Agences des Nations Unies et 1 Ministère de la Partie gouvernementale) délivrent des appuis techniques à ces 8 organisations.

En 2022, ce nombre est passé à 21 organisations dont 17 organisations qui fournissent les services de prise en charge aux survivants de VBG et les 4 organisations d’appuis techniques précédemment citées.

Pour ce genre de combat, on observe encore moins d’engagement des organisations de la place et de la partie gouvernementale.

Parmi les défis notoire et de longue date à la réponse aux VBG en RCA, les acteurs relèvent un déficit criard de financement, l’absence d’un personnel qualité et motivé ; des locaux et des équipements insuffisants ou délabrés ; une disponibilité et accessibilité limitée aux bénéficiaires ; une réponse psychosociale souffrant de l’insuffisance de centre de spécialisés et de compétences dans la prise en charge ; le nombre très limité des abris pour assurer la sécurité des personnes survivantes ; l’insuffisance de l’assistance en moyens de subsistance et l’insuffisance de la réponse judiciaire par ailleurs, les données sur les VBG sont insuffisamment collectées dans le pays, selon une publication de l’UNFPA.

Le manque de ressources pour financer les activités de prévention et mettre en place les services holistiques de prise en charge des survivants –es des VBG est un scandale en RCA. Le sous-secteur des VBG est le moins financé et pourtant probablement le plus sollicité et également le plus qui pose problème en termes de redevabilité à cause des cas d’EAS qui concerne les acteurs humanitaires eux-mêmes.

Ainsi, chaque jour des services se ferment alors que parallèlement le nombre de victimes augmente. Ces cinq dernières années, plus 60.000 cas VBG ont été notifiés dont au moins 12.000 cas de violences sexuelles. Ces chiffres sont loin de la réalité car n’ont été collectés qu’au niveau des services et par uniquement une vingtaine d’organisations.

Fridolin Ngoulou