Les informations ont filtré ces 72 heures dans la capitale et sur la toile. Le premier ministre Henri-Marie Dondra, ancien ministre des finances pendant cinq ans aurait remis sa lettre démission au président de la République.

Nommé depuis huit mois à la tête d’un gouvernement privé des ressources extérieures, Henri-Marie Dondra a l’intention de démissionner. Une lettre aurait été remise au président de la République Faustin Archange Touadera, avant qu’il ne parte pour le sommet de l’Union Africaine à Addis Abéba.

Même si le président n’a pas encore accepté sa lettre de démission, les ruleurs ont atteint un niveau inquiétant alors qu’aucune déclaration contraire n’est faite à ce jour.

Une démission pour cause ?

Henri-Marie Dondra avait été nommé dans un contexte de crise économique, alors que les partenaires techniques et financiers ont restreint voire suspendu leurs aides budgétaires à l’exemple de la France et de l’Union européenne. Financier et très bien apprécié par les partenaires de la Centrafrique à cause de sa gestion cinq ans en tant que ministres des finances et du budget, Henri-Marie Dondra avait aussi inspiré confiance des politiques et de la population.

Malgré les huit mois de sécheresse financière, les charges régaliennes de l’Etat ont été supportées. Mais, Dondra n’avait pas eu de marge de manœuvres en tant que chef du gouvernement. Déjà, la nomination de son gouvernement n’avait pas tenu compte de ses propositions, selon ses proches.  Il n’aurait pas contresigné le décret. Des sources affirment qu’il y a des ministres qui ne rendent pas compte au Chef du gouvernement. Dondra n’a pas les mains libres pour choisir même son directeur de cabinet, un exemple qui a choqué plus d’un observateur politique.

Au-delà de ces difficultés, des sources d’Oubangui Médias indiquent qu’Henri-Marie Dondra donne le meilleur de lui-même pour maintenir un climat de stabilité dans le pays. Il a plusieurs fois sauvé de justesse des crises sociales dans le pays car, des centrales syndicales ont plusieurs dossiers actuellement sur la table du gouvernement.

Sur le plan politique, l’arrêt du processus du dialogue par l’opposition a été un coup dur pour le premier ministre. Cette crise politique a été créée suite à une note de l’assemblée nationale pour le processus de levée d’immunité parlementaire de trois députés de l’opposition pour être traduit devant la justice au sujet de la rébellion de l’ancien président François Bozizé.

Or, le premier ministre avait promis aux bailleurs que le dialogue se tiendra dans le délai raisonnable. De leur côté, les bailleurs avaient conditionné la reprise de programme économique par la tenue de dialogue pour décrisper la crise. Dondra se retrouve devant un fait accompli et son gouvernement privé des ressources financières, autrement dit les moyens de sa politique.

Des sources diplomatiques soulignent que la tension entre Paris et Moscou au sujet des mercenaires Wagner n’a pas aussi permis à Dondra de bien manœuvrer depuis sa nomination.

Pourquoi démissionner aussi du parti MCU ?

Le MCU est un parti au pouvoir crée après l’élection du président Touadera à la tête du pays en 2016. Ce parti est géré par l’ancien premier ministre et l’actuel président de l’assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji.

Plusieurs observateurs de la vie politique ont fait observer des tensions internes à ce parti, qui « s’est installé sur le sable ». Des luttes internes, des conflits de positionnement caractérisent ce parti, surtout à l’entame du 2e mandat du président Touadera, qui visiblement n’est pas prêt à engager les batailles politiques pour modifier la Constitution et briguer un 3e mandat.

La guerre est visible et on se rend compte que des communicants du MCU s’attaquent en public, sur les réseaux sociaux à plusieurs autres cadres de ce parti sans qu’ils ne soient sanctionnés.

Les positionnements diplomatiques entre Paris et Moscou ont aussi affecté ce parti. Il y a des hauts cadres qui n’admettent pas que leur sécurité soient assurée par des éléments russes. Tandis que d’autres sont sous protection de ces paramilitaires qui viennent appuyer l’armée à combattre les rebelles dans le pays.

C’est dans ce climat là que le premier ministre Dondra évolue.

« Le choix le plus simple mais difficile est de démissionner de ses fonctions (Primature et 1er Vice-président du MCU) pour se positionner en tant qu’indépendant afin de prendre des décisions nécessaires sur la suite de sa carrière politique », nous a commenté un leader politique.

Nous rappelons aussi que Dondra a été élu député du 1er arrondissement de Bangui. Il avait déposé sa démission en tant que ministre des finances pour prendre fonction à l’assemblée nationale. Mais, le président Touadera n’avait pas accepté cette démission et le nomme premier ministre. Jusqu’aujourd’hui et selon les textes, c’est sa suppléante qui occupe son siège au parlement. Il est alors libre de reprendre son siège à l’assemblée nationale.

Cette crise interne au MCU explose et devient une crise politique que le président Touadera devra prendre des mesures qui s’imposent pour la régler.

Mais en attendant, le président Touadera devra sérieusement prendre une décision en acceptant ou en rejetant la démission de son premier ministre Henri-Marie Dondra.

A suivre…

Fridolin Ngoulou