L’actualité politique de ces derniers mois, marquée par la question des réformes constitutionnelles continue de diviser les opinions, même au sein des partis politiques. Le cas du parti Centrafrique Nouvel Elan (CANE), actuellement dirigé par Sylvain Eugène Ngakoutou Patassé en est une illustration.
Membre fondateur de ce parti qui prône la vision politique de l’ancien président Ange Félix Patassé, porte-parole en 2015 du candidat à la présidentielle Sylvain Ngakoutou Patassé, porte-parole lors des élections de 2020 au sein de ce même parti et chargé des affaires politiques au sein du comité ad-oc qui joue le rôle du bureau politique, Yannick Olivier Nambele et Sylvain Patassé sont à couteau tiré pour la direction du parti.
Dans une note datant du 15 octobre 2022, intitulée « notification de la décision du Parti », le président du CANE Sylvain Eugène Ngakoutou Passé exhume une question d’intention de démission de Yannick Olivier Nambele en 2020 pour lui mettre hors du parti. Dans cette note, le président du parti dit prendre acte de la démission du 22 mars 2022 de Yannick Olivier Nambele.
Cette lettre précise que : « Faisant suite à votre lettre de démission sus référencée (22 mars 2022), le Parti en a pris acte et l’entérine par la présente. Par conséquent, il vous est fait interdiction de faire usage du nom de Centrafrique Nouvel Elan (CANE) dans vos relations tant publiques que privées ou de prendre des initiatives de nature à engager sa responsabilité sous peine de poursuite judiciaire pour usurpation », pouvons-nous lire dans cette note.
Yannick Olivier Nambele conteste lui aussi dans une correspondance du 19 octobre 2022 la notification de son président en ces termes : « A la suite de votre notification concernant ma lettre de démission évoquée en référence, j’ai le regret de constater avoir démissionné le 22 mars 2022 ce qui est une aberration de ceux qui vous ont soumis cette présente correspondance qui est de fait est de nullité en droit. En effet, en évoquant ma démission qui date du 22 mars 2020 qui a non seulement fait objet de rejet, puisque, j’ai été désigné pour porter la parole du candidat que vous avez été lors des élections groupées de décembre 2020-2021 par décision numéro 003/CA-NE/PR/2020. En suite dans une autre décision portant le numéro 007/CA-NE/PR/2021 j’ai été désigné délégué aux affaires politiques dans le comité ad hoc. Et le 19 janvier 2021, nous avions été reçus en audience solennelle par le chef de l’Etat pour le compte du parti pour apporter notre soutien politique concernant les évènements de la CPC qui a failli basculer notre pays dans le chaos ».
Yannick Olivier Nambele ne comprend pas le bienfondé de cette décision. « Comment comprendre qu’aujourd’hui, seulement, vous estimez avec votre cabinet noir que je suis fantôme pour le parti ? C’est pourquoi, je considère votre notification d’élucubration qui n’a ni fondement juridique ni politique à mes yeux et rejette en bloc », a-t-il déclaré.
Mais qu’est-ce qui divise ces deux membres fondateurs du CANE?
Selon des informations Oubangui Médias, l’actualité politique du pays, liée au sujet des réformes constitutionnelles serait la première cause de cette discorde que l’on doit prendre au sérieux car, elle risque de créer une crise interne pouvant conduire à l’exclusion ou non de l’actuel président du parti CANE.
Le président du Parti semble être contre tout projet des réformes constitutionnelles. Mais l’autre camp note par ailleurs que cette position qui engage le parti n’a jamais été discutée au sein du bureau et donc engage finalement le président du CANE. Selon Yannick Olivier Nambele soutenir un référendum est un acte démocratique et constitutionnel. Et, rien ne dit qu’au référendum, le « OUI » peut toujours reporter. Donc, le parti devrait soutenir le référendum avant d’appeler ses militants à voter pour un OUI ou pour un NON.
« Il n’est pas question que le parti reste silencieux sur cette question de l’heure. Surtout, la décision engageant la vie du parti ne doit pas être prise par une seule personne. En plus, le parti ne doit pas être muselé », a-t-il confié à Oubangui Médias, expliquant la raison de la note du président de le mettre à l’écart.
Le délégué aux affaires politique compte tenir prochainement une conférence de presse afin de de clarifier sa position ainsi que celle de plusieurs autres leaders de ce parti sur cette question.
En effet, seul le congrès peut désigner les dirigeants légitimes de ce parti puisque le comité ad-hoc est non statutaire et donc caduque.
En 2015, le parti CANE sorti 8eme des 30 candidats avec 2,76% a soutenu au second tour le candidat Anicet Georges Dologuélé, challenger du président Touadera. Par ailleurs en 2020, le CANE est classé 6eme sur les 17 candidats à la présidentielle. Après les élections constatées par une partie de l’opposition, ce parti a félicité le président Touadera, élu au premier tour et devient alors un soutien politique pour les actions de l’actuel locataire du Palais de la Renaissance.
Fridolin Ngoulou
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