Annoncé il y a un an, le Dialogue Républicain entre les forces vives de la Nation s’ouvre ce lundi 21 mars 2022 dans la capitale centrafricaine, Bangui. Ce dialogue est censé mettre un terme aux crises que le pays connait.

Les élections de 2020-2021 ont été marquées par un climat d’instabilité politique et de crise sécuritaire. Dans la foulée de ses élections groupées, la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de l’ancien président François Bozizé lance plusieurs offensives pour empêcher la tenue des scrutins dans plusieurs villes. L’opposition reste dubitative face à ce boycott mais prend part à ces élections dont elle ne reconnait pas les résultats après.

Le chef de l’Etat Faustin Archange Touadera annonce le 18 mars 2021 la tenue d’un Dialogue Républicain mais, sans la présence des groupes armés qui doivent poursuivre leur discussion dans le cadre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation (APPR). Pendant ce temps, sept groupes armés principaux signataires de cet accord rejoignent la CPC.

Ce dialogue qui s’ouvre est le résultat d’une consultation des forces vives de la Nation. Celles-ci avaient recommandé un dialogué inclusif, menée par des centrafricains entre les centrafricains et en terre centrafricaine sans une quelconque médiation internationale. Même si l’opposition réclame la participation des groupes armés et principalement de François Bozizé, la majorité des forces vives avait exclu d’office les groupes armés.

Cette position a été actée par les chefs d’Etat de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs qui ont approuvé une feuille de route dans laquelle les rebelles signataires de l’APPR doivent poursuivre leurs discussions en parallèle du Dialogue Républicain, car l’APPR reste pourtant valable pour eux.

Durant une semaine, des Centrafricains évoqueront plusieurs sujets regroupés dans cinq grandes thématiques : Paix et sécurité ;  Gouvernance politique et Etat de droit, renforcement démocratique et institutionnel ; Développement économique et social ; Politique étrangère et coopération internationale ; mise en œuvre des recommandations du dialogue républicain.

Les attentes sont pourtant énormes pour ce dialogue avec les forces vives dont l’opposition car, depuis la première élection du président Touadera en 2016, c’est la première grande rencontre du genre pour balayer les sujets sensibles touchant la vie du pays.

C’est pourquoi, les résultats seront déterminant pour tenter de sauver le bateau centrafricain qui s’écroule petit à petit. La sincérité des débats doit conduire les participants à parler de tout et de rien pour sauver la Centrafrique car, nous irons vers un 19ème accord de paix en 14 ans sans que la RCA retrouve finalement le chemin de la paix.

Ici la liste des accords signés depuis 2007.

1- l’Accord de Syrte en Libye entre le Gouvernement centrafricain et le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC), sous l’égide du gouvernement libyen, du 2 février 2007 ;

2- l’Accord de cessez-le-feu et de paix de Libreville du 9 mai 2008 ;

3- l’Accord de paix global de Libreville entre le Gouvernement et les principaux groupes armés (FDPC, APRD et UFDR), du 21 juin 2008 ;

4- l’Accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et la CPJP du 12 juin 2008;

5- l’Accord de paix de Libreville entre le Gouvernement et la Séléka prévoyant la formation d’un gouvernement d’union nationale, du 11 janvier 2013 ;

6- la Déclaration de Ndjamena du 18 avril 2013 à l’issue du Sommet de la CEEAC, tenu à Ndjamena ;

7- le Pacte républicain du 7 novembre 2013, sous l’égide de Sant’ Egidio, signé à Bangui et qui visait à impliquer les forces vives de la Nation dans la défense du cadre démocratique et des droits humains ainsi que dans la promotion des valeurs de la République pour une gouvernance de paix et de progrès pour l’ensemble du pays ;

8- l’Accord de cessation des hostilités de Brazzaville entre la Séléka et les Anti Balaka du 23 juillet 2014 ;

9- l’Accord de paix de Nairobi, entre la Seleka et les Anti Balaka, non reconnu, du 8 avril 2015 ;

10- le Forum de Bangui qui a donné lieu au Pacte républicain pour la paix, la Réconciliation nationale et la reconstruction de la RCA du 4 au 11 mai 2015 ;

11- l’Accord de paix de BENGUELA, en Angola, entre l’Angola médiateur et les ex-Séléka du 15 décembre 2016 ;

12- l’Accord politique pour la paix en RCA, sous l’égide de Sant’ Egidio, du 19 juin 2017 ;

13- l’Accord de Libreville du 17 juillet 2017 qui a abouti à la mise en place de la feuille de route pour la paix et la réconciliation en RCA, appelée initiative africaine dont la mise en œuvre a abouti à l’APPR-RCA ;

14- l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation, négocié à Khartoum et signé à Bangui entre le Gouvernement et les 14 groupes armés, le 6 février 2019 ;

15- la Déclaration des Chefs d’Etat du 26 décembre 2020, à l’issue du Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEEAC réaffirmant le soutien à l’ordre constitutionnel en RCA par la tenue des élections à la date du 27 décembre 2020 ;

16- le Communiqué final du mini-Sommet des Chefs d’Etat de la CIRGL du 29 janvier 2021, consacré à la situation politique et sécuritaire en République Centrafricaine qui demandait la cessation des hostilités et le repli des rebelles à leurs positions d’origine.

Vers une 17e initiative de paix

Avec le Dialogue Républicain, nous irons droit vers une entente nationale pour la paix et le développement de la Centrafrique car, cette rencontre a comme point de chute le décollage économique et le développement durable de la RCA.

Qui sera pour la paix et pour une nouvelle République Centrafricaine? Nos yeux et nos oreilles sont tournés au palais du peuple pour les conclusions de ce dialogue.

Fridolin Ngoulou