Déjà près de deux mois que la ville de Bangui souffre d’une pénurie de carburant. Ceci a des répercussions néfastes sur les activités économiques de quelques particuliers qui s’en plaignent. Ce vendredi 15 juillet 2022, Oubangui Médias a fait le tour de quelques stations pour recueillir les plaintes de ces populations amoindries.

Il est 10h à Bangui, et nous sommes à la station du rond-point Marabena où beaucoup de gens viennent avec leurs différents engins pour se procurer en carburant. Sous le soleil luisant de cette heure, un taximan qui, ayant l’air désespéré se trouve juste à côté de sa voiture pour attendre le moment venu afin de s’approvisionner en carburant. L’ayant approché pour lui interroger, le monsieur n’a pas voulu s’exprimer et nous répond en ces termes : « Depuis que vous faites vos reportages sur la pénurie de carburant est-ce que quelque chose a changé ? Quelqu’un s’est- il soucié de nous? Je n’ai plus envie de parler car je ne veux pas me mêler de la politique. On s’en fout de nous », fulmine ce dernier qui n’a pas voulu dévoiler son identité.

À quelques mètres du taximan se trouve  Cédric, conducteur de mototaxi qui discute les prix à l’une de ses clientes qui vient juste de descendre de la moto et n’a pas respecté les tarifs. Jouant ainsi le rôle d’une bonne cliente qui ne discute pas les prix, nous avons pris ce dernier en course pour la direction de Kilomètre 5, profitant de l’occasion pour lui poser quelques questions.

Cédric se confie alors à nous en ces termes : « Nous centrafricains, nous ne voulons pas comprendre les choses. Depuis la crise du carburant, les conducteurs de mototaxi ont de la peine à mener leurs activités. Maintenant, le carburant arrive par séquence. Et une fois qu’il y a de l’essence pour nous à la station, il faut se battre pour en avoir. Parfois, on passe toute une journée à faire la queue pour attendre. En plus, on ne te sert pas la quantité que tu veux à moins que tu glisses quelques sous aux pompistes. Pour rattraper les temps perdus nous sommes parfois obligés de payer le litre à 1300 ou 1500f chez les revendeurs. Mais ce n’est pas la bonne qualité car les revendeurs font des mélanges d’essence et d’huile de moteur ou encore avec le pétrole. Ce qui nous cause d’autres problèmes encore. Donc, nous faisons de notre mieux seulement pour nous en  sortir en augmentant un peu le prix du transport afin de  faire aussi un peu de bénéfice », a expliqué ce dernier.

Dans la soirée du vendredi, nous nous sommes rapprochés encore d’un jeune homme d’une vingtaine d’années qui tient une cabine de téléchargement à pk 13, route de Boali. Ce dernier se plaint énormément de la chute de son commerce suite à la crise de carburant. « Dans notre secteur, il n y a pas d’électricité et c’est l’essence que nous utilisons pour alimenter un groupe électrogène afin de charger les batteries et faire des téléchargements. Avant, nous utilisons au moins 5 litres qui coûtent 4000 FCFA  pour la journée avec un peu de bénéfice sur nos recettes. Mais présentement,  il nous faut 6500 FCFA pour l’essence et nous faisons des déficits. Ce qui nous oblige à suspendre les activités pour un temps en attendant que les choses redeviennent normales. Là nous ne savons comment faire pour vivre », s’est-il plaint.

Tous ces acteurs du secteur informel qui mènent de petites activités pour faire survivre leur famille ont une grande peine en cette période de crise qui perdure. Tout le monde espère la fin du calvaire dans l’immédiat pour retrouver le sourire.

Déjà, le gouvernement a accueilli une quantité importante du carburant qui est arrivée par le fleuve Oubangui. Mais, les retombés ne sont pas encore visibles au niveau des stations.

Belvia Espérance Refeibona