Du 20 mars au 05 avril 2022, des députés centrafricains ont séjourné à Strasbourg en France pour prendre part à la 60ème session de l’Assemblée Parlementaire de l’OEACP et à la 41ème session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire (APC-UE). De retour au pays, ils n’ont pas hésité de relever des points négatifs lors de ces sessions et surtout qu’ils ont fait objet des tracasseries à l’aéroport Roissy Charles De Gaule, ce qui est contraire à la convention des Vienne. Lors d’une conférence de presse animée le lundi 11 avril 2022 à l’Assemblée Nationale à Bangui, ces députés n’ont pas mâché les mots pour dénoncer ces faits. 

Ces sessions visaient à voter des résolutions qui pourront contribuer au bien-être social et économique des populations des pays membres de ces parlements. En effet, la délégation  centrafricaine à ces sessions est composée de : Evariste Ngamana, 1er Vice-Président de l’Assemblé Nationale Centrafricaine, Chef de la délégation ; André Nalké Dorogo, 3èm Vice-président du parlement centrafricain, Ghislain Makango 1er questeur, Fleury Junior Pabandji 3èm questeur, Nestor Nali  Mamadou, président de la Commission Santé et Affaires Sociales et Henri-Mylla Vigner, Vice-président de la Commission Equipements.

Cependant, comme tous les autres membres de l’Assemblée Parlementaire de l’OEACP et de  l’Assemblée Parlementaire Paritaire (APC-UE), les députés centrafricains ont pris part aux différents travaux de réflexions sur des textes au sujet de la gestion de l’Environnement et de plusieurs autres thématiques dont un point culminant fait référence à l’examen pour adoption d’un projet de résolution de compromis entre l’Assemblée Parlementaire Paritaire (APC-UE) sur les menaces pour la stabilité, la sécurité  et la démocratie en Afrique occidentale et subsaharienne.

Prenant la parole, Evariste Ngamana, a rappelé les faits en ces termes : « A la lecture de ce projet de résolution, à première vue, le nom de l’initiateur dudit projet n’est pas mentionné. En outre, dans les trois derniers visas du texte, il est fait mention d’une résolution adoptée en date du 25 novembre 2021 sur les violations du groupe Wagner ainsi que d’une résolution du Parlement Européen en date du 1er mars 2022 sur l’agression russe contre l’Ukraine ».

Poursuivant son développement, l’honorable Ngamana précise qu’après analyse des contenus de ce projet de résolution, les députés centrafricains n’ont pas donné leur crédit pour le faire passer. Ils ont demandé que le point sur les exactions commises en RCA soit retiré du texte avant adoption, étant entendu que le gouvernement centrafricain n’a jamais conclu un accord avec le Groupe Wagner mais plutôt un accord formel avec la Fédération de la Russie. De surcroît, ce texte fait référence à la conclusion des Experts des Nations-Unies sur des « violations flagrantes et systématiques des droits de l’Homme en Centrafrique ».

Toutefois, les députés centrafricains ont indiqué que « toute opération militaire occasionne parfois des abus de certains éléments isolés et indisciplinés. Mais, à ce jour, il y a déjà une commission mixte qui travaille sur ce dossier afin de vérifier la véracité des faits ».

Aussi, sur le sujet de l’agression russe contre l’Ukraine, les parlementaires des pays ACP, tout comme ceux de Centrafrique se sont réservés sur l’adoption de ce texte. Pari gagné pour eux, le projet de résolution de ce texte n’a pu être adopté par les Assemblées ACP-UE.

Dénonciation d’une tracasserie au retour

Un fait insolite mais qui dépasse l’entendement de la délégation centrafricaine est qu’à leur retour au bercail, la délégation a fait objet de contrôle exagérée. Bien que disposant d’un ordre de mission et que chaque député centrafricain est détenteur d’un passeport diplomatique qu’ils ont présenté aux agents de sécurité à l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle, ces derniers ont toutefois subi des tracasseries en violation flagrante de la Convention de Vienne. Il faut ajouter à cela les sujets de vaccin et du test PCR auxquels les parlementaires centrafricains ont fait face durant les sessions. 

Devant ces actes qui entravent la bonne relation diplomatique, le Parlement centrafricain va procéder dans les jours à venir à l’interpellation de la Ministre centrafricaine des Affaires Etrangères sur le sujet et promet saisir certaines Chancelleries à Bangui ainsi que le Parlement Français et Européen.

Il est question de passer à la peigne fin cette question de tracasserie afin d’y trouver une solution. A en croire la délégation centrafricaine, les députés sont les représentants du peuple, ils n’ont rien à voir avec l’Exécutif. De surcroit, ils contrôlent les actions de ce dernier. Alors, il y aucune raison valable qu’ils subissent ce genre de traitement lors des rencontres officielles et surtout internationales comme le cas de ces sessions de France.

Notons que déjà, plusieurs visas vers l’espace Schengen ont été refusés aux personnalités centrafricaines compte tenu d’une relation toujours électrique entre la RCA et la France.

La RCA jusqu’aujourd’hui n’a pas donné une réponse officielle sur ces pratiques. Les députés comptent tirer l’affaire au clair dans les jours qui viennent.

Brice Ledoux Saramalet