Les cadres ministériels en charge de la gestion des finances publiques et du processus budgétaire vont se former sur l’ensemble de processus du budget programme. Ce processus commence lundi 17 octobre au 03 décembre 2022 par une formation des formateurs aux bases du budget-programme. Le lancement de cette série de formations a été fait mercredi 12 octobre 2022 au Palais de la CEMAC à Bangui.
La Centrafrique, comme le recommande la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) envisage d’ici 2025 de passer du budget moyens au budget programmes. Pour réussir cette transition, l’Union Européenne, par le biais de l’opérateur Altair Asesores, a commencé la formation des cadres du ministère de la justice et des droits de l’Homme ainsi que ceux du ministère de l’intérieur, chargé de la sécurité publique autour de ce nouveau mode de gestion.
Vu l’intérêt et la qualité de cette formation, le ministère des Finances et du Budget a sollicité l’Union européenne, via l’opérateur Altair, d’étendre cette forme de base au budget-programme à tous les autres départements ministériels du pays. Tous les ministères doivent affuter leurs armes pour basculer au mode du budget programme.
C’est dans ce contexte qu’une série de formations débuteront le 17 octobre pour s’achever le 3 décembre 2022 à la Direction générale des Impôts et des Domaines. Au total, six sessions de formation de cinq jours et réunissant cinq ministères par session vont être organisées au profit de 29 ministères. Deux formateurs internationaux expérimentés se verront associer quatre autres experts pour assurer les formations qui alterneront entre aspects théoriques et cas pratiques.
C’est quoi un budget Programme ?
D’abord, la République Centrafricaine reste encore au stade de budget moyen. Le budget moyen est basé sur l’ensemble des crédits que l’Etat octroie aux départements ministériels ainsi qu’aux institutions républicaines pour leur fonctionnement, sans se fixer des objectifs à atteindre à travers des indicateurs bien élaborés. Ce budget dit moyen est appelé à laisser la place au 1er janvier 2025 au budget-programmes. Initialement prévu en 2023, le basculement au budget-programme a été reporté pour permettre un meilleur renforcement de capacités des ministères sectoriels.
Par ailleurs, le Budget Programme est un nouvel outil de performance du système de gestion des finances publiques qui va permettre à tous les ministères de s’en approprier pour mettre en œuvre des politiques nationales de développement et de réduction de la pauvreté.
Le budget Programme opère un chaînage vertueux entre les activités budgétisées et les performances associées pour mesurer leur réalisation. Il s’agit de permettre à l’Etat d’utiliser avec efficience et efficacité ses ressources pour améliorer des conditions de vie de la population.
Le Budget programme est le levier pour améliorer les conditions de vie de la population centrafricaine et contribuer à la sortie du pays de la pauvreté.
La formation destinée, aux cadres des ministères vient à point nommé pour renforcer la capacité de ses acteurs qui vont le mettre en œuvre après avoir reçus les compétences requises.
Le Budget-programme peut servir de tremplin au pays par le renforcement continu des capacités des acteurs dans tout le processus budgétaire, pour garantir une bonne appropriation de cette nouvelle réforme commune à tous les pays de la CEMAC. Le but de la formation aux cadres des ministères à travers cette nouvelle approche, va permettre aux agents de l’Etat d’être efficace et efficience dans l’exercice de ce Budget Programme qui d’ailleurs est une nouvelle innovation dans la sous-région d’Afrique Centrale.
L’apport des partenaires pour réussir ce pari
Le budget programme est une réforme importante qui nécessite un appui des partenaires techniques et financiers. Pour réussir ce basculement, les cadres doivent maitriser ce nouvel outil.
« Nous allons former près de 150 personnes qui seront en mesure de former d’autres collègues. Cette formation en présentiel sera complétée par un dispositif d’e-learning qui permettra à tous les cadres des administrations publiques de s’autoformer aux bases du budget-programme », a expliqué Achille Tono, chef du projet UE d’appui à la réforme de la sécurité et à la gouvernance mis en œuvre par Altair Asesores.
Le partenaire technique et financier de la République Centrafricaine, l’Union Européenne a mobilisé des ressources pour «… l’élaboration du plan pluriannuel de stratégie globale de réforme de la gestion de finances publiques pour la période de 2022-2026 », a souligné le chef de la Coopération de l’Union Européenne, Wim Vandenbrouke.
Pour Wim Vandenbrouke, une bonne gestion des finances publiques est à la base d’un bon partenariat entre l’Etat Centrafricain et l’Union Européenne. « Nous avons beaucoup de projets et nous allons continuer à appuyer ce pays en lui accordant de l’aide au développement. Cette aide doit avoir de l’impact ». La condition derrière toutes ces attentes, a-t-il rajouté, « est que le pays doit être à même de suivre le soutien de l’Union européenne ».
Le gouvernement Centrafricain reste toutefois très engagé à réussir ce pari. Dans son discours d’ouverture, Guillaume Dominique Guianission , Directeur de cabinet au ministère du Secrétariat Général du gouvernement et des relations avec les institutions, rassure que l’Etat Centrafricain a déjà harmonisé son cadre de gestion des finances publiques avec des directives communautaires en la matière dans la perspective du basculement vers le budget programme.
« Les réformes budgétaires et comptables en cours, s’inscrivent dans le contexte d’intégration sous-régionale et de changement de mode de gestion des finances publiques au sein des pays membres de la communauté. Dans cette optique, la République Centrafricaine a identifié cinq chantiers des réformes dont l’une des principales innovations est le passage du budget moyen au budget programme », a relevé Guillaume Dominique Guianission avant d’adresser les remerciements du gouvernement centrafricain à l’Union Européenne à travers le projet mis en œuvre par Altair Asesores.
Le Burkina Faso et le Togo sont deux pays de l’UEMOA qui ont basculé au budget de programme, respectivement en 2017 et en 2021. A travers ce cycle de formation aux bases du budget-programme, Il s’agit de capitaliser davantage sur les expériences et technicités de ces deux pays pour préparer le passage de la RCA au budget-programme.
Fridolin Ngoulou
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