Au lieu de l’ancienne Cour impériale de Bérengo qui abrite le mausolée de Bokossa, c’est la commune de Pissa dans la Lobaye (70 kilomètres de Bangui) qui a servi de cadre le 03 novembre 2021, à la commémoration du 25e anniversaire de la mort de l’ex-empereur Jean Bedel Bokassa 1er. Ses parents ont placé cette 25e année de deuil sous le signe de “souvenirs” de cet homme considéré comme un patriote par certains et un tyran pour d’autres.

Si les parents, amis et connaissances sans oublier les invités ont été accueillis chaleureusement sous un tonnerre d’applaudissement à Pissa, on peut cependant lire une grande colère sur le visage des parents en général et en particulier dans le discours de Jean Serge Bokassa, fils du défunt et ancien Ministre de l’intérieur et de la sécurité publique. Les parents de Bokassa déplorent qu’ils n’ont plus accès au Palais de Berengo transformé en quartier général des instructeurs russes depuis leur déploiement en Centrafrique. C’est ce qui ressort dans la déclaration de Jean Serge Bokassa qui s’indigne que « nous n’avons pas accès à la tombe de notre père. Jean Bedel Bokassa n’est pas seulement notre père mais il reste l’un des Chefs d’Etats qui ont marqué l’histoire de ce pays. Même s’il a été accusé pour certains faits, il avait finalement payé le prix en acceptant de se faire juger par la justice de son pays, il a fait la prison pour enfin bénéficier de la grâce présidentielle du General André Kolingba. Mais, aujourd’hui, on nous prive de mettre pied là où se trouve sa dernière demeure pour seulement déposer juste un gerbe de fleur, vous pensez que cela est une manière de faire la paix? », se demande-t-il. 

Le Gouvernement non représenté à Pissa. Pourquoi?

Au titre de l’indignation c’est aussi celle de l’absence du Gouvernement à cette 25e commémoration du décès de Jean Bedel Bokassa que son fils a relevée.  Il a rappelé que « Jean Bedel Bokassa a marqué l’histoire de ce pays en tant que patriote. Ses œuvres parlent de lui sur le plan national et international. Malheureusement, pour commémorer la 25em année de son décès, aucun membre du Gouvernement n’est présent alors que logiquement même le Président de la République devait être là en mémoire de son homologue et non pour la famille Bokassa ».

Jean Serge Bokassa a aussi profité de l’occasion pour interpeller les autorités nationales à se réapproprier l’idéologie patriotique de l’ex-empereur. Il a déploré aussi que « la négligence des dirigeants du pays» a provoqué la disparition des patrimoines républicains laissés par son père. 

Présence remarquée des Députés de la Lobaye

Au moment où le Gouvernement a décidé de faire la politique de la chaise vide, tous les Députés de la Lobaye ont répondu présent à ce grand rendez-vous de mémoire. L’Honorable Brice Kevin Kakpayen, Député de Mbaïki 1 a salué le courage du défunt monarque Jean Bedel Bokassa de revenir en Centrafrique pour être jugé, condamné et enfin gracié: «cela doit servir d’exemple à toutes les autorités centrafricaines », a-t-il encouragé.

Et si la vie de Bokassa était racontée dans nos écoles?  

Après le discours de circonstance, les invités et le public ont pu découvrir l’exposition photo du défunt qui rappelle ses œuvres en Centrafrique. Réjouis d’avoir découvert les actions de développent réalisées par celui que les Centrafricains appellent tendrement Papa Bok, Kévin un visiteur a salué cette idée et déclaré que « grâce à cette exposition des photos, je viens de connaitre le parcours de ce grand homme. Je suis tellement impressionné et je regrette qu’aucun Président centrafricain ne puisse continuer dans cette lancée”. Puis il a encouragé qu’il est «indispensable que l’histoire de Bokassa 1er ne soit enseignée dans les écoles en Centrafrique pour aider nos enfants à connaître leur pays».

Rappelant que Jean Bedel Bokassa s’est autoproclamé empereur de Centrafrique le 04 décembre 1977. Sous son règne, le pays disposait des bateaux et des avions, il menait une lutte contre la corruption. Sa manière de diriger le pays va jusqu’à donner une identité à la Centrafrique sous l’appellation de « Pays de Bokassa ». Cependant, l’un de ses plus grands péchés a été la répression des élèves et étudiants qui avaient lancé une manifestation en janvier 1979.

Evincé du pouvoir par un commando français le 20 septembre 1979 par  “l’Opération Barracuda”, il est revenu à Bangui et a purgé une partie de sa peine avant d’être libéré par son frère d’armes André Kolingba. Papa Bok ou Kouzou décéda le 03 novembre 1996. 

Si le bilan de Bokassa a été marqué par des atteintes aux Droits de l’Homme, beaucoup de centrafricains le regrettent aujourd’hui car il était imbu d’initiatives et a marqué le développement socio-économique du pays qui a régressé après ses 14 ans de pouvoir.  

Brice Ledoux Saramalet