Il est prévu du 30 au 31 aout 2021 à Bangui, l’atelier national de validation du rapport d’évaluation du genre dans la réponse au VIH.

Depuis plusieurs années, la République Centrafricaine (RCA) traverse une série de crises militaro-politiques occasionnant une instabilité chronique et une crise humanitaire complexe qui s’est accentuée avec l’avènement du conflit armé de 2013.  Alors que la majorité de la population centrafricaine vit dans une extrême pauvreté, la RCA connait une épidémie de VIH à la fois généralisée et féminisée.

Les conflits ont généré une crise humanitaire et une crise de protection sans précédent dans l’histoire de la RCA. Les populations sont la cible d’attaques, y compris par des groupes armés, avec comme conséquences de multiples violations des droits humains, notamment les violences sexuelles envers les femmes et les enfants, le recrutement et l’exploitation des enfants, ainsi que les attaques contre les humanitaires Depuis 2013, le pays est confronté à un flux discontinu de personnes déplacées internes et de personnes réfugiées. La situation économique et sanitaire de la RCA reste particulièrement préoccupante.

La Centrafrique demeure l’un des pays les plus touchés par l’infection à VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre.

La prévalence du VIH en RCA était estimée à 3,5% en fin 2019.  L’épidémie de VIH en RCA est de type généralisé, touchant la population générale et certains groupes à risques tels que les professionnelles de sexe (PS) et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH).

L’épidémie est aussi féminisée car les femmes et les filles centrafricaines sont plus affectées. Les femmes sont affectées de manière disproportionnée du fait de la violence exacerbée par les dernières crises, de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH ainsi que des inégalités sociales. Les nouvelles infections restent plus élevées chez les femmes. En effet, en 2019 elles sont estimées à 2500 dans la population féminine et à 1900 dans la population masculine. Elles demeurent très élevées parmi les jeunes filles de 15-24 ans, atteignant 1100 nouvelles infections en 2019.

Chez les femmes enceintes, la prévalence de l’infection à VIH est passée de 5,6% en 2016 à 5,0% en 2019. La prévalence du VIH demeure nettement plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural, avec des taux plus importants dans la population féminine quel que soit le milieu ou l’année concerné.

L’ONUSIDA et ses partenaires ont ainsi élaboré en 2012 l’outil d’évaluation du genre dans la réponse au VIH (Gender Assessment Tool ou GAT en Anglais) pour mieux analyser la problématique du genre dans les réponses au VIH et contribuer à endiguer le processus de féminisation de la pandémie. 

L’outil d’évaluation du genre (GAT) se compose comme un ensemble structuré de lignes directrices et de questions qui peuvent être utilisées pour orienter et soutenir le processus d’analyse du niveau auquel les ripostes nationales au VIH examinent l’objectif crucial de l’égalité entre les genres.

Le GAT examine et remet en cause le statut de la riposte au VIH, en faisant spécifiquement référence à ses dimensions sexospécifiques : les interprétations sociales des rôles, le comportement, les activités et attributs qu’une société donnée juge appropriés pour les femmes et les hommes, notamment les membres des populations clés. Le GAT permet aux utilisateurs d’apprendre dans quelle mesure la riposte nationale reconnaît l’inégalité entre les hommes et les femmes en tant que facteur influençant fortement la trajectoire de l’épidémie de VIH, puis agit en fonction de cette reconnaissance.

Lancement du rapport d’évaluation genre

En février 2020, la République Centrafricaine a lancé son premier processus d’évaluation du genre dans la réponse nationale au VIH à travers un partenariat impliquant le Ministère de la Promotion du Genre, de la Protection de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, le CNLS et l’ONUSIDA.

Des consultants nationaux et internationaux ont été recrutés à cet effet, et ont mené un travail d’analyse méthodique des documents cadres existant dans le pays. De plus, ils se sont appuyés sur des questionnaires pays remplis par différents parties prenantes tels que les départements ministériels, les institutions et organisations de droits humains, les organisations de la société civile, les associations de jeunes, de femmes vivant avec le VIH, et les organisations de populations clés et vulnérables. Les données recueillies ont été complétées par des focus groupes et des entretiens ciblés avec des informateurs clés.

Avant la publication du rapport final de l’évaluation genre de la réponse au VIH, il est essentiel de discuter et de valider les informations recueillies, les données et les recommandations par l’ensemble des parties prenantes à l’occasion d’un atelier national tel que recommandé par l’outil GAT.

C’est ainsi que l’objectif général de l’atelier national consistera à repositionner la problématique du genre dans la réponse au VIH et à la Tuberculose en République Centrafricaine à travers la validation nationale du rapport de l’évaluation basée sur le genre.

Il sera question effectivement de remobiliser l’ensemble des acteurs sur l’importance de la dimension genre dans la réponse au VIH et à la Tuberculose en RCA ; d’assurer la participation de l’ensemble des parties prenantes à la finalisation et à la validation du rapport d’évaluation genre dans la réponse au VIH; d’apporter des contributions pour enrichir le rapport et d’élaborer un plan d’action opérationnel sur le genre, le VIH et la Tuberculose en RCA (budgétisé) contenant des interventions transformatrices à partir des éléments de recommandations de l’évaluation basée sur le genre.

Les participants à l’atelier comprendront les parties prenantes et acteurs clés intervenant dans les problématiques de genre et/ou de VIH en RCA notamment les représentant de départements ministériels, les institutions et organisations de droits humains, les agences des Nations Unies, les ONG internationales, les organisations de la société civile, les associations de jeunes, de femmes vivant avec le VIH, et les organisations de populations clés et vulnérables.

ONUSIDA-Centrafrique