Jeune et homme politique centrafricain, Jean Charles Mengui, candidat déchu aux élections législatives de 2021-2022 dans la circonscription de Mongoumba cherche toujours à garder les liens avec sa population. Il propose plusieurs projets de développement dans la région. Aussi, s’exprimant sur le contexte politique marqué par les préparatifs du dialogue ainsi que les relations diplomatiques entre la RCA et certains pays, il souhaite que le gouvernement rouvre les discussions avec les partenaires techniques et financiers pour sauver la République tout en invitant le gouvernement à ouvrir la porte du dialogue à tout le monde car pour lui, nous ne devons pas faire la politique de la haine et de division en Centrafrique.

Il est interviewé à distance par Oubangui Médias.

Oubangui Médias : Bonjour, qui est réellement Jean Charles Mengui ?

Jean Charles Mengui : C’est une drôle de question, mais je vais quand même vous répondre, Jean-Charles Mengui est l’enfant de Mongoumba, né en République Centrafricaine en 1975, diplômé d’une formation en électricité bâtiment et froid-climatisation, suivis d’un DUT en informatique réseaux système et maintenance, diplômé d’une formation de reporter-photographe, et d’une maîtrise en stratégie de communication, conseil… on peut dire que je suis d’une façon ou d’une autre, acteur socio-politique en France et dans mon pays.  Aussi j’aurais aimé vous dire plus sur moi, mais malheureusement certaines choses que l’on n’a faites dans sa vie peuvent faire peur ou donner une autre vision de soi à d’autres personnes qui ne peuvent comprendre.

Oubangui Médias : Candidat lors des dernières législatives à Mongoumba, pourquoi vous avez décidé de faire votre entrée en politique ?

Jean Charles Mengui : Depuis 2013, depuis mon séjour au Canada, j’ai constaté et vu un manque de sérieux de nos aînés, les politiciens centrafricains dans la gestion des affaires de notre République. C’est à ce moment-là, que j’ai décidé de m’engager, afin de défendre les valeurs que nous portons tous en nous. Et j’ai trouvé important que les Centrafricains s’engagent, s’intéressent à la politique de leur pays pour défendre ce qui est à défendre et, me concernant, apporter ma contribution à l’édifice, tel est notre devoir à tous.

Oubangui Médias : Quelles sont vos différentes actions en tant qu’homme politique ? Pensez-vous que cela est suffisant et bénéfique pour le citoyen ? 

Jean Charles Mengui : Vous savez, je ne suis pas différent des autres compatriotes. Mais depuis mon engagement dans cette lutte pour mon pays, dans ma région de Mongoumba, j’ai fait du concret, j’ai fait des choses que beaucoup n’ont jamais faites jusqu’ici, même si c’est juste une petite réalisation. J’ai fait cette petite réalisation avec la population de Mongoumba et beaucoup peuvent en témoigner : c’est visible dans la région. 

Ensemble NOUS avons fait des choses !

J’aime bien dire nous, car les choses que j’ai réalisées dans ma région de Mongoumba, comme installer des lampadaires solaires, offrir des bancs d’école, des matériaux de santé (microscopes, tensiomètres, etc…). Ce sont des choses importantes pour aider les compatriotes dans la région. Ce qui est sûr, nos projets continuent et vont couvrir les projets d’un centre de formation à la couture, en informatique, en mécanique, en menuiserie, entre autres et sans distinction de genre. Naturellement, nous mettons l’accent sur l’émancipation du genre féminin.

Ce sont des choses qui me tiennent à cœur, tout comme les projets qui portent sur l’agriculture, l’élevage, le jardinage, la préservation de notre écosystème inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (le bassin du Congo, deuxième poumon écologique du monde après l’Amazonie) … 

Des choses que nous allons aussi mettre en place, et qui peuvent redynamiser la région, redonner la possibilité à chaque compatriote de la sous-préfecture de Mongoumba de sortir la tête. Bien sûr, beaucoup me diront que c’est impossible à faire. Moi, je leur dirai que tout est possible quand on a la volonté et le savoir-faire. La jeunesse de la région, à une capacité qui peut porter un projet loin, s’ils ont quelqu’un pour leur montrer le chemin, c’est-à-dire un leader. J’ai vécu à Mongoumba et connais mes compatriotes.

Oubangui Médias : Candidat déchu lors des dernières législatives dans la circonscription de Mongoumba. Quelle leçon tirez-vous de cette première expérience ? 

Jean Charles Mengui : Ho ça ! Vous savez, c’est du déjà vu dans ce pays, je n’ai pas perdu les élections. Mon combat, ou puis-je dire notre combat, c’est pour le développement de notre région, c’est pour aider les compatriotes. La politique, c’est juste pour faire comprendre à tous, que pour arriver à faire quelque chose de grand, il faut nous unir, nous rassembler si nous voulons vraiment relever les grands défis de notre région. D’ailleurs, vous pouvez remarquer, jusqu’ici, nous n’avons fait que du concret. Nous n’avons pas fait les choses comme les autres. Nous les faisons avec fierté et honneur pour nous tous, enfants Mongoumba. Cela même quand on perd ou gagne, ce n’est pas ça qui est important. C’est de faire quelque chose pour les autres, pour son pays et qui restera gravé quelque part dans l’histoire de notre région et de notre pays.

Oubangui Médias : Quelles sont vos ambitions ou perspectives dans cette lutte politique ? 

Jean Charles Mengui : C’est simple, je veux voir Mongoumba debout, avec toute sa capacité à faire les choses pour l’avenir de ceux qui viendront demain, faire des choses qui aideront chaque compatriote de notre région à vivre.

Oubangui Médias : Séjournant en France, comment vous pouvez réaliser ces perspectives surplace en Centrafrique et particulièrement auprès des vôtres à Mongoumba ? 

Jean Charles Mengui : Même si je suis loin, j’ai une équipe surplace en qui j’ai confiance. Et d’ailleurs, je ne suis jamais loin des miens, je viens souvent. Une chose est sûre, certains projets que nous voulons mettre en place, mérite d’être surplace même si nous avons des partenaires. Et je serai là.

Oubangui Médias : N’est pas ce pas là une manière de profiter de la voix de vos concitoyens pour faire vos propres affaires et mettre dans les oubliettes ceux qui ont placé leur confiance en vous ? 

Jean Charles Mengui : Je ne suis pas de ce genre, d’ailleurs la population de Mongoumba peut en témoigner. Aujourd’hui, vous pouvez voir l’éclairage public en fonction, des lampadaires solaires éclairer certains villages de Mongoumba… Les événements de sports dans la région ont repris, etc. Donc, je ne peux profiter des miens, ce sont des parents qui m’ont vu venir au monde, m’accompagné à l’école. Ça sera injuste de leur faire ça. Vous savez j’ai un nom dans la région. Je fais ces choses avec plaisir, cœur et amour pour ce que mon village, ma région m’ont donné,  la chance d’être là où je suis aujourd’hui, et c’est chez-nous. 

Il faut savoir qu’ici dans la région, je n’ai que de la famille, pas des voix. Faut savoir, nous ne sommes pas nos aînés, je veux juste faire profiter de ce que j’ai acquis de l’autre côté aux miens. Parce qu’ils seraient toujours là pour m’enterrer et me pleurer comme cela a failli arriver un jour à Mongoumba, il y a des années de cela. Je ne fais pas des choses pour commander qui que ce soit. Je le fais pour ma région, car j’ai compris que la région a besoin d’un guide, un leader capable de l’orienter sur un bon chemin, je pense que vous-même, avez vécu le manque de nourriture, emploi dans la région lors de votre dernier voyage de presse.

Oubangui Médias : Membre de la diaspora centrafricaine en France, quelle lecture faites-vous de la situation politique, diplomatique et sécuritaire en Centrafrique ? 

Jean Charles Mengui : Vous savez, j’ai peur de la tournure que prennent les choses politiques de notre pays. Pourtant, nous sommes encore un jeune pays, un jeune pays qui devrait penser à son avenir, et garantir un avenir meilleur à tous. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Beaucoup pensent encore aux pères noël, ont la baguette magique, pour dire quelqu’un viendra nous rassembler, reconstruire le pays.

À ce point, beaucoup s’interrogent encore. À vrai dire, ce qu’il faut savoir, vivre à l’étranger nous donne une bonne opportunité, de bien connaître les enjeux de la Centrafrique et un bon aperçu de la situation que traverse notre RCA, même si d’autres compatriotes sur place pensent le contraire. Aujourd’hui, la situation politique de notre pays est complexe, voir compliquée qu’il nous faut l’appui des partenaires pour y remédier, surtout les partenaires financiers, sécuritaires. J’aimerais faire savoir à tous, pour ne pas l’oublier. La situation que nous traversons, n’est pas la faute de quelqu’un d’autre, mais de nous-même les Centrafricains, nous sommes responsables pour beaucoup de choses dans les affaires de notre République, et nous ne pouvons accuser autrui. 

Même si beaucoup n’acceptent pas la vérité, il faut bien savoir que ces choses nous font honte depuis longtemps, par les erreurs de ceux qui sont passés avant nous. Malheureusement, nous n’avons toujours pas retenu ces leçons. Il faut le dire, même si le pouvoir en place à la volonté de bien faire les choses. Il doit absolument ouvrir la porte et accepter de dialogue avec tout le monde. Il faut que les choses soit claires, ce dialogue avec tout le monde ne veut pas dire abandonner les charges de poursuite de ceux qui ont commis les actes criminels sur la population innocente et dans le pays.

Et pour résoudre les problèmes internes, le président de la République et son gouvernement doivent user par tous les moyens afin de rassembler, unir les Centrafricains quelle que soit leur différence : appartenance politique, religion, statut, couleur de peau… afin de nous réconcilier. Et nous devons le faire pour l’amour du pays que nous portons en nous. En ce qui concerne la diplomatie. Oui, je vous dirai en un mot, le Président de la République et son gouvernement, devraient reprendre les discussions avec les partenaires historiques, afin de trouver une solution en adéquation aux problèmes centrafricains.

À savoir, il n’y a pas d’autres solutions alternatives. Si beaucoup pensent le contraire, j’aimerais dire à toutes et à tous, même si nous avons un pays immensément riche par son sous-sol et sa surface, rien ne nous garantit de nous prendre en charge encore. J’ajouterai aussi qu’il est nécessaire et important de considérer tout partenaire de la République.

Oubangui Médias : Avez-vous des propositions dans le contexte du développement socioéconomique ? 

Jean Charles Mengui : Des propositions dites-vous ? Oui, bien sûr… Déjà, nous devons penser à nos régions qui détiennent les clés du développement, avant de penser à tout centraliser à la capitale, ça aidera beaucoup les Centrafricains à concentrer leur énergie à développer davantage les villes et les villages. D’ailleurs, c’est ça qui nous fait défaut depuis. Concernant le développement économique dans le pays, nous devons-nous soucier de la jeunesse Centrafricaine qui attend toujours un signe de la part de leurs élus, du gouvernement sur les grands projets les concernant, ça aussi aidera le développement. Nous devons croire à la jeunesse, leur apprendre à construire leur propre identité dans un monde en mutation, et nous devrions trouver des solutions afin de nous entendre pour apprendre la démocratie aux jeunes compatriotes, que de nous faire la guerre.

Oubangui Médias : Étant jeune, quel est votre message à l’endroit de vos pairs dans l’optique de ramener la paix en RCA ? 

Jean Charles Mengui : À vrai dire, ramener la paix dans notre République, ne dépend que de nous les enfants de ce pays. Et, je leur dirais qu’il faut penser à l’avenir de ceux que nous avons mis au monde, c’est-à-dire nos enfants et l’avenir de notre pays. Ils devraient savoir, que l’avenir de ce beau pays ne s’arrête pas qu’à nos politiciens d’aujourd’hui, c’est-à-dire à nos aînés. Il faut qu’il y ait une continuité, sinon tout ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui, ne servira à rien. Quels que soient nos différends, nous devons primer ce qui nous lie, c’est-à-dire « la République ». Nous ne pouvons y arriver, que si nous avons la volonté de nous rassembler, et d’avoir confiance en chacun de nous. 

Nous ne devons pas faire la politique de la haine et de division, nous devons nous rassembler comme un seul peuple, et c’est pour cette raison que nous avons qu’un seul président de la République pour nous unir.

Oubangui Médias : Jean Charles Mengui, nous vous remercions

Jean Charles Mengui : C’est à moi de vous remercier.

Interviews réalisée par Brice Ledoux Saramalet