La mission diplomatique du Rwanda et la communauté rwandaise de la République Centrafricaine (RCA) ont commémoré ce vendredi 14 avril 2023 à l’hôtel Ledger Plazza de Bangui la 29ème édition du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Une commémoration pleine d’émotion en présence du Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera, du Président de l’Assemblée Nationale Simplice Mathieu Sarandji, du Premier ministre par intérim Arnaud Djoubaye Abazene, des ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques accrédités en RCA.

Autours du thème « Mémoire-Unité-Renouveau », les activités commémoratives s’organisent au Rwanda et à l’étranger du 7 avril au 3 juillet afin de porter un regard sur le génocide qui a coûté la vie à plus d’un million de victimes en l’espace de 100 jours.

L’intérêt de cette commémoration est d’envoyer un message au monde qu’il n y ait plus jamais de discours de haine. Dans le contexte de la RCA, cette commémoration consiste à inviter les Centrafricains à arrêter les discours de haine qui ont été à l’origine du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

Une commémoration sur fonds de lutte contre les discours de haine.

Bangui accueille cette commémoration très significative pour se souvenir du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Dans cette salle de l’hôtel Ledger Plazza qui accueil au moins 300 personnes, l’atmosphère était marquée par des émotions. Un film documentaire émouvant a retracé l’histoire de ce génocide mais surtout la capacité de résilience du peuple rwandais.

C’est pourquoi, la commémoration du génocide est une occasion pour honorer les victimes, renforcer les survivants, saluer leur résilience, et rendre hommage aux Rwandais qui ont arrêté le génocide et libéré le pays. « Elle offre une opportunité aux Rwandais et à la communauté internationale de se tenir debout ensemble et tirer les leçons de l’histoire tragique du Rwanda afin de combattre l’idéologie du génocide, les discours de haine et la prévention de futurs génocide dans le monde », a rappelé M. Olivier KAYUMBA R, Chef de Mission diplomatique rwandaise en RCA.

« Bien que le génocide ait été arrêté en 1994, des fugitifs de l’ancien gouvernement, de l’armée et des milices sont toujours en liberté et continuent de propager cette idéologie génocidaire et de haine, là où ils se sont établis », regrette le diplomate rwandais en RCA.

En effet, de nos jours,  l’idéologie de haine prend sans cesse de nouvelles formes. En RCA la lutte contre le discours de haine est un cheval de batail pour les autorités du pays. C’est ainsi que le diplomate rwandais Olivier KAYUMBA R a rappelé au Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera qu’il ne cesse de demander aux autorités d’intensifier la sensibilisation contre les discours de haine. « Vous avez martelé il y a quelque temps à juste titre que ces propos mettent à mal le développement socio-politique et économique du pays. Nous exhortons le peuple centrafricain à vous écouter et à agir pour préserver ce beau pays », s’est-il adressé.

La Ministre centrafricaine des Affaires Etrangères et des Centrafricains de l’Etranger, Sylvie Baipo Temon est intervenue en signe de solidarité au peuple Rwandais. « Aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que le génocide perpétré contre les Tutsi est l’un des plus grands crimes de l’humanité qu’a connu l’Afrique après la traite négrière et la colonisation. Notre présence en ce lieu témoigne de la solidarité que le peuple centrafricain partage avec le peuple rwandais », a-t-elle souligné avant de saluer l’appui constant du Rwanda dans la recherche de la paix et de la sécurité en RCA.

La Maison des Mémoires de la RCA,  tire son inspiration du Rwanda.  « Nous savons ce que le Rwanda est devenu. En RCA, on peut s’inspirer de ce travail de mémoire que le Rwanda a fait pour que toutes ces crises ne se répètent pas chez nous. Participer à cette commémoration est à la fois important et instructif et nous devons tirer cette leçon pour construire également notre mémoire. Nous parlons beaucoup du pardon, mais il y a la notion de justice, de réparation. Le Rwanda a fait ce travail pour rendre justice et lutter contre l’impunité », a fait remarquer Pascale Gaby Serra, fondatrice de la Maison des Mémoires en RCA.

Un passé sombre, mais un temps de renouveau !

Les blessures sont encore profondes mais les Rwandais ont décidé, non pas d’oublier mais de pardonner. « Le besoin d’unité de la Nation nous apparaissait comme une nécessité et nous y avons travaillé sans relâche. Les rescapés ont repris leur souffle et ont accepté de vivre avec leurs bourreaux. Les coupables ont vu leur peine réduite, les rebelles et les politiciens porteurs de cette idéologie délétère ont été accueillis à bras ouverts. Ce travail d’unité, nous continuons à le faire. Les défis qu’a légués cette histoire pénible ont été transformés en opportunité pour pouvoir aller de l’avant et se reconstruire. Le développement économique que nous connaissons aujourd’hui en est le résultat », a fait savoir le Chef de Mission diplomatique Olivier KAYUMBA R.

Dans son discours de commémoration le 7 avril dernier, le Président Rwandais Paul Kagame disait : « Il apparait clair que les blessures sont encore profondes mais je remercie tous les Rwandais d’avoir refusé d’être définis par cette histoire tragique. Les gens ont été prêts et se sont engagés à faire la chose la plus difficile : Nous avons décidé de pardonner, mais nous n’oublierons jamais ». C’est le sens chaque année de cette commémoration qui consiste à garder la mémoire mais aller de l’avant comme seule manière de rendre un digne hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour le Rwanda puisse renaitre de ses cendres.

Fridolin Ngoulou