Amania fait partie des rares jeunes filles centrafricaines qui utilisent les réseaux sociaux à bon escient pour défendre et valoir les droits de la femme Centrafricaine. A travers ses différents réseaux, Amania ne cesse d’interpeller à la conscience ses paires jeunes filles sur leurs droits et devoirs. Grâce à son talent, elle réussit à convaincre son entourage sur l’utilité de l’éducation des filles.

Assise sur une chaise en bois, les pieds repliés comme à l’allure d’une prière, musulmane, Amania parle d’elle avec un air passionnant. Elle a 20 ans et issue d’une famille musulmane, habitant le km5. Titulaire d’un baccalauréat en génie civil, elle est ressortissante du lycée technique de Bangui. Depuis son enfance, Amania est une fille très déterminée dans son caractère et très éveillée. Ce caractère lui a fait gagner le soutien de toute sa famille qui représente pour elle « un appui inestimable ». Elle est très appréciée dans sa famille et son entourage.

Son frère Mohamadou Aminou témoigne : « Amania est une fille très activiste qui se bat pour promouvoir les droits de ses paires centrafricaines. Elle a fait ses preuves, on a vu. Elle n’est pas du genre timide, quand elle fixe un objectif, elle est très déterminée pour l’atteindre ».

Cette détermination est l’essence même de la personne d’Amania. Car dès son entrée au lycée technique, avec l’aide de ses collègues du lycée, ils ont réussi leur premier projet d’innovation en mettant sur pied un robot dénommé « Exaucia ». Bien qu’au début ses collègues ne lui croyaient pas, mais ils sont arrivés sur de bons résultats à cause de la détermination : « une fois que j’ai fait mon entrée au lycée technique, les gens ont dit waouh!!! Tu vas aller au lycée technique avec l’insécurité sur la route ? J’ai dit oui ! Je vais y aller et avec la conviction que j’avais, j’étais partie et il y avait la sécurité à 100%. J’étais parmi les hommes et je faisais du génie civil. À ma deuxième année, j’ai contribué au développement du robot Exaucia. C’est là où mes paires jeunes ont vu ce que je suis capable de faire. Au début, ils ne croyaient pas en moi mais à la fin ils m’ont même surnommé mama robot », confia-t-elle à l’Oubangui Médias avec un léger sourire aux lèvres.

En plus de sa détermination, Amania est une personne qui apprend très vite. C’est ce que témoigne Dr Gbialine Vivien Boris, son formateur d’anglais à Justin’s Fondation: « Elle étudie l’anglais ici chez nous. C’est l’une des jeunes centrafricaines qui sortent un peu du lot et qui essaient de faire de leurs mieux pour transformer leurs milieux. C’est une fille qui apprend très vite ».

Ses aptitudes lui ont permis de bien planifier son temps et gérer plusieurs choses à la fois. Elle est engagée dans l’association U-Report.

Amania est une activiste engagée pour la cause de la femme, entrepreneure et innovatrice en même temps. En plus de ces choses, elle fait de la menuiserie et de l’architecture. Et ce, elle développe la plupart de ses compétences sur les réseaux sociaux qui représentent pour elle « une grande famille ». Elle s’est même surnommé « la fille du réseau » parce qu’elle est très active sur les réseaux sociaux pour des recherches, des activités et même pour la vente en ligne : « Le réseau est ma famille. C’est un endroit où j’envoie des messages, si je veux sensibiliser. J’ai une page Facebook avec plus de 2000 abonnés pour mon activisme.  Et si on veut du travail, les réseaux sociaux nous aident à les avoir et c’est pour moi un lieu de vente de mes articles parce que je suis à la base une commerçante », explique-t-elle en souriant.

Entre-temps, Amania passe ses messages le plus souvent à travers son compte Twitter, sa page Facebook et son compte tik-tok sur lesquels elle publie des petites vidéos avec des messages bien spécifiés. S’agissant de son commerce, elle vend des accessoires pour femmes, hommes et enfants et du matériel électronique provenant de la Turquie et de Dubaï.

Bien qu’elle soit dans ses débuts, Amania impacte positivement son entourage.  A travers ce qu’elle fait et ce qu’elle est, certains parents de son quartier du Km5 ont eu le goût de laisser leurs filles fréquenter l’école.

D’ailleurs sa présence sur les réseaux sociaux lui a ouvert les portes de participation à un forum des jeunes à Kinshasa en novembre 2022 où elle a porté la voix de la fille et femme Centrafricaine. Les acquis de ce forum lui ont permis de venir ouvrir une association dénommée : Association des Femmes Centrafricaines pour le Développement (AFCAD): « Lorsque j’étais au Congo, j’ai vu qu’en étant ensemble, on va loin. J’ai acquis beaucoup de connaissances qui m’ont permis de revenir dire maintenant maboko na maboko (la main dans la main) je compte incuber beaucoup de femmes et filles avec moi pour leur apprendre ce que je fais comme activité en créant l’AFCAD. Je suis en train d’écrire le projet pour pouvoir commencer les activités », dit-elle.

Malgré l’effort qu’elle consent pour se démarquer, les préjugés ne manquent jamais. A cause de pesanteurs socio-culturel au milieu musulman, certaines personnes là traitent de « révoltée », d’autres encore insinuent que les activistes ne se marient jamais. Mais tous ces jugements ne freinent pas l’allure d’Amania qui est une vraie guerrière effrontée. D’ailleurs, ses parents sont d’un grand soutien pour elle car ils croient en leur fille et soutiennent toujours ses actions.

Amania se dit engagée à jamais pour défendre les droits de la femme. Elle invite la femme Centrafricaine à s’imposer à travers d’abord la connaissance de ses droits et sortir de son zone de confort pour valoir ce qu’elle est capable de faire quelque que soit les défis. Elle doit transcender les difficultés pour obtenir la vraie autonomisation et ce, à travers la digitalisation qui offre d’énormes opportunités.

Belvia Espérance Refeibona