En Centrafrique plus de 1000 enfants sourds et malentendants à Bangui et Ombella-M’poko font face aux défis de l’éducation avec des difficultés de communication qui peuvent conduire à un éloignement ou à une vie de solitude, selon le responsable de l’Institut des Enfants Sourds et de Retard Mental (IESRM) Sylvain Sizoua. L’IESRM aide ces enfants sourds et malentendants à interpréter ce qu’ils perçoivent, afin de connaître leurs environnements, la société et aussi d’identifier des indices sensoriels. Car, beaucoup n’ont pas eu l’occasion de recevoir des informations et d’aller à l’école. Monsieur Sylvain Sizoua, responsable dudit Institut, explique à Oubangui Médias comment son institut s’évertue en faveur de cette catégorie des personnes déficientes auditives à Bangui ainsi que les perspectives d’avenir.

Oubangui Médias : Sylvain Sizoua bonjour. Vous êtes responsable de l’IESRM. Dites-nous que représente cet institut en termes de nombres des enfants malentendants qui fréquentent ici ?

Sylvain Sizoua : Bonjour. Notre institut s’occupe plus des enfants sourds et malentendants et leur apporte un soutien alimentaire pendant la scolarisation. Nous sommes à notre troisième année scolaire. Au début, on avait démarré avec huit élèves puis l’effectif est augmenté à trente et maintenant nous avons quarante-huit élèves répartis de manière suivante : En classe de CI, nous avons trente élèves et en classe de CP, ils sont aux nombres de dix-huit élèves. Les enfants viennent de Km 5, Kpetène et environnant. Certes, l’effectif va augmenter cette année, nous voudrions avoir plus les enfants.

Oubangui Médias : quels sont les objectifs de l’IESRM ?

Sylvain Sizoua : Notre objectif consiste d’abord à œuvrer pour l’alphabétisation de ces enfants sourds muets via la formation d’un centre apprentissage et de préparation parentale c’est à dire la sensibilisation sur les handicaps et la guidance parentale. Aussi,  accueillir et favoriser l’insertion dans la vie sociale, culturelle et professionnelle des enfants et des jeunes en déficience auditive ou de retard mental et enfin faire la promotion de langue de signe en français, prévenir et sensibiliser en matière de santé, d’hygiène et d’assainissement à l’école.

Oubangui Médias : Avec ce que vous avez commencé à faire il y a trois ans, quel est l’impact de l’enseignement dans la vie de ces enfants malentendants?

Sylvain Sizoua : Dans notre pays, il n’y a pas un institut en tant que tel qui s’occupe de ces enfants. Il y a que cet établissement au niveau de Benz-vi qui est limité en classe de CM2, c’est ce qui nous a poussés à créer cet institut. Nous voulons par l’alphabétisation amenée ces enfants sourds et malentendants à lire, compter et écrire à la longue. Beaucoup de choses requièrent le sens de la vue pour combler les lacunes auditives de ces enfants. Mais à la fin, Ils seront capables d’opter pour une formation professionnelle : la maçonnerie soit la menuiserie ou autre. On veut que ceux-ci soient autonomes et responsables pour ne pas être dans la rue pour quémander à la longueur de la journée et ne rien faire. Pour l’heure, nous sommes en train de recueillir toutes les données concernant les sourds et malentendants de Bangui et Bimbo pour dresser une cartographie du territoire.

Oubangui Médias : Quel est la perception des parents qui acceptent que leurs enfants viennent apprendre dans cet établissement scolaire ?

Sylvain Sizoua : En Centrafrique, les parents pensent que les enfants sourds, malentendants ou handicapés ne peuvent rien faire dans la vie, rester à la maison juste pour exercer le travail domestique. Au début, c’était difficile. Nous avons essayé de parler et sensibiliser les parents que ces enfants sont des sourds et malentendants, ils ont les yeux, les deux mains et les deux pieds qu’ils sont capables de travailler. Finalement à la longue, les parents ont compris que ces enfants peuvent être utiles et responsables dans la société, parce que lors de la première cérémonie ils ont vu, les enfants sont capables de compter les 26 lettres de l’alphabet en langage de signe, faire des calculs et de réciter la récitation. Les parents sont convaincus que ce que nous faisons amène un changement dans le comportement de leurs enfants. Auparavant, ils sont sales, abandonnés mais une fois à l’école, ils sont devenus propres. Ce qu’on a relevé aussi la difficulté de communication à la maison avec les parents, ceci étant que les enfants après avoir terminés les classes ne voulaient plus rentrer à la maison tout simplement entre eux ils se communiquent aisément parce que l’école est un lieu d’apaisement et de nouvelles familles.

Oubangui Médias : En dépit de tout quels sont les difficultés auxquelles l’établissement s’est confrontés ?

Sylvain Sizoua : Evidemment, nous travaillons avec des enfants anormaux et c’est difficile. Nous éprouvons des difficultés, nous sommes une association nationale des sourds et malentendants. Nous n’avons pas les moyens comme il le faut. Jusque-là, c’est du sacerdoce puisque nous n’avons pas reçu des appuis multiformes de part et d’autre. Dans bientôt, c’est la rentrée scolaire, les conditions matérielles et sociales des enfants, des difficultés qu’ils rencontrent et comment les accompagner, ce sont là les défis que nous devons relevés. Nous devons payer le personnel enseignant entre autres (les interprètes de langue de signe…), le loyer, les matériels et fournitures autodidactes…

Oubangui Médias : Mais dites-nous quels sont les dispositions nécessaires prises pour la formation spécifique du personnel enseignant de votre établissement ?

Sylvain Sizoua : Là aussi, c’est un problème. Vous savez quelqu’un qui a un master ou doctorat ne peut pas enseigner dans une école des sourds et malentendants parce qu’ici on a la langue de signe et nous travaillons avec des signes. Nous avons quelques enseignants qui sont formés autrefois à l’église Pk 3 Sion. Cette formation touchait cette catégorie des élèves une fois arrivés en classe de CM2. Ils n’ont plus d’ouverture et sont restés rien faire.

Nous les avons repris. Ils ont été aussi formés par les ONG puis certifiés. Ce sont ces enseignants avec qui on travail et ceux de Benz Vi qui nous appuient. Notre souci est que si des ONG peuvent faire des formations de recyclage en pédagogie à nos enseignants ça sera important. Il s’agit de la formation sur la pédagogie de l’enfant afin de renforcer les capacités des enseignants.

Oubangui Médias : Quelle est votre relation avec le gouvernement ?

Sylvain Sizoua : Nous avons essayé de voir comment travailler avec le ministère de l’éducation mais on nous a demandé de payer les papiers alors que ce que nous faisons est beaucoup plus le social, les enfants ne payent pas. En Centrafrique, les enfants qui sont sourds et malentendants sont issus des familles pauvres, elles n’ont rien, il suffit de dire à un parent de payer 2000 Franc CFA à la fin du mois, c’est fini l’enfant ne viendra plus à l’école et va rester à la maison. Ce qui fait que nous n’avons pas la possibilité de payer les papiers au niveau du ministère de l’éducation mais à la longue nous allons payer ces papiers pour qu’ensemble nous travaillons.

Oubangui Médias : vous pouvez nous dire quels sont les perspectives

Sylvain Sizoua : Nous voudrions aider ces enfants qui ne parlent pas ni n’entendent. Notre souhait est qu’il ait plus des écoles de proximité en plus de celle de Catin Boeing soit 4 ou 5 établissements scolaires des enfants sourds et malentendants à Bangui avant d’entamer les villes de province.

Oubangui Médias : Monsieur Sylvain Sizoua, nous vous remercions

Sylvain Sizoua : C’est à moi de vous remercier

Interview réalisée par Zarambaud Mamadou