L’Association des fact-checker de Centrafrique (AFC), dans le cadre de sa mission qui est de lutter contre la désinformation et les messages haineux a, avec l’appui de la Minusca organisé un atelier d’information sur les mécanismes de lutte contre ce phénomène au profit des jeunes leaders, blogueurs et journalistes, le jeudi dernier. Cette association est revenue sur la nécessité de lutter contre ce fléau dans un contexte de guerre de communication géopolitique.

A l’approche des élections locales, nous assistons aux propagations des intox et des fausses informations. L’AFC en tant que première structure spécialisée dans le domaine de la vérification des faits en RCA dispose depuis trois ans d’une rédaction qui œuvre pour réduire l’ampleur des fake-news dans le pays.

Les échéances électorales sont des moments très sensibles, où il y aura une montée fulgurante du phénomène de la désinformation et des messages haineux. C’est pourquoi au niveau de l’AFC, il est mis en place une rédaction qui fait le monitoring des réseaux sociaux ainsi que les recoupements des informations, des rumeurs qui peuvent entacher la bonne marche de ces échéances. Cette rédaction cherche au quotidien à démêler le vrai du faux et à diffuser de bonne information au public centrafricain, consommateur des produits journalistiques. L’AFC intervient alors en titre préventif avant, pendant et après ces élections.     

En diffusant ses informations beaucoup plus en ligne, ceci reste un frein pour la population qui n’a pas accès à Internet (11 % de taux d’accès). Mais, cette association explore les pistes de fact-checking en radio.  « Oui effectivement,  nous sommes dans un Etat où le taux d’analphabétisme est un peu élevé, ce qui veut dire que la diffusion des informations vérifiées sur les réseaux sociaux est juste réservée aux lettrés. Et sachez aussi que le taux de pénétration à l’internet est encore faible et donc l’AFC a mis en place des mécanismes. Les articles que nous publions sur les réseaux sociaux sont transcrits en langue nationale sango pour permettre au citoyen lambda de comprendre. Nous avons aussi un partenariat avec la radio Séwa. Une rubrique hebdomadaire est consacrée pour la diffusion des informations que nous publions en ligne en vue de conscientiser la population sur les dangers de la désinformation. Nous le faisons en langue nationale le Sango », a précisé Esdras Michael Ndamoyen, chef de la Rédaction de l’AFC.

Alors que la RCA assiste à une guerre de communication entre les grandes puissances sur son sol, le travail de fact-checking devient encore difficile. Le Fact-Checker est entre le marteau et l’enclume. Les membres de l’AFC sont-ils inquiets de ce danger ? « Non nous ne sommes pas inquiets, puisque le métier du journalisme contribue à la préservation des valeurs démocratiques. Et la liberté d’expression est garantie par le droit national et international des droits de l’Homme. Alors notre organisation ne travaille pas pour un parti politique ni pour un intérêt économique d’une puissance mais c’est dans l’intérêt de la population centrafricaine. Donc l’AFC ne peut pas s’inquiéter sur des connotations géostratégiques », souligne Esdras Michael Ndamoyen.

Dans son rôle de prévenir les discours de haine et les fausses informations dans le pays, l’AFC s’évertue avec l’appui de ses partenaires pour sensibiliser les journalistes, les blogueurs et d’autres acteurs afin de les pousser à observer un climat apaisé durant le processus électoral en cours dans le pays.

Christian-Stève SINGA