Purée de patate. Quelle journée de m…de à l’AN lors de l’installation du Comité d’organisation du dialogue républicain?
Nous (professionnels des media), nous voici tous assis, arrivés sagement avant l’heure de la cérémonie.
Quelques minutes plus tard, disons vers 9h20, une bonne femme débarqua vers nous et nous interpella sur un ton aussi méprisant du genre: en langue vernaculaire « ala so, ala londo gue place ti ala ake gué apê, place ti a kotazo la » – littéralement, « et vous, dégagez d’ici, ces places sont réservées aux personnalités ».
C’était vraiment aussi difficile pour elle de formuler autrement sa phrase du genre, svp, pourriez-vous libérer cet espace car il est réservé? Et je vous propose un tel endroit? En plus il n’y avait pas assez de monde à cet instant.
Choqués et ne pouvant pas accepter de nous avoir humiliés de la sorte, tous les autres confrères journalistes se levèrent, tous comme un seul homme et rétorquèrent: » mais Mme vous vous prenez pour qui pour vous adresser à nous de la sorte »?
Avec toupet, cette dernière continua à nous répondre qu’elle est du protocole et si on blague, elle nous foutra dehors.
Alors là, ce fut comme une goûte d’eau qui déborda le vase. Nous voilà tous debout pour prendre la direction de la sortie.
Heureusement ils eurent quelques interventions pour apaiser la situation.
Cette dernière fut dirigée de l’autre coin de l’hémicycle.
Ce que j’ai retenu de cette scène tant méprisante qu’humiliante aujourd’hui, c’est qu’ après avoir passé plus de 9 mois sur le territoire sans interruption, même si avant je venais juste pour quelques semaines voir les parents, c’est que les journalistes ne sont pas du tout respectés dans ce pays.
Il n’existe aucune considération vis-à-vis de ce ce noble métier, qui pourtant, est respecté sous d’autres cieux.
Aussi, ce que j’ai relevé, c’est qu’il existe parmi nous des brebis galeuses, des vendus ou comme on les appelle localement des journalistes gombos.
J’ai vu certains confrères nous demander même de ne pas répondre à cette bonne dame et de subir sans rien broncher à cette humiliation collective et publique.
Je comprends alors pourquoi certaines personnalités et concitoyens nous manipulent à cœur la joie.
Ce fut une expérience qui a vraiment dépassé mon entendement personnel. Jamais, j’ai vécu une telle insolence durant toute ma carrière.
Alors que nous étions là pour couvrir un événement important qui parle de la cohésion sociale et du respect de l’autre: l’installation du Comité d’organisation du dialogue républicain. Paradoxe.
Il va falloir que les journalistes centrafricains s’unissent et se mettent à défendre solidairement leurs propres intérêts et imposer ou faire exiger le respect par tous les moyens . Car je ne comprends pas que ceux qui ont la plume, le logos et même l’intelligence se complaisent à appliquer la loi du silence.
Cette omerta doit désormais disparaître. Car selon moi, ça ne sera ni les avocats, ni les experts comptables ou encore un autre corps de métier qui viendront défendre nos propres intérêts.
Je n’ose même pas dire le fait qu’avant cette cérémonie, la sécurité avait déjà procédé à la confiscation des Smartphones des participants. Ce que je pourrais comprendre. Mais interdire à un journaliste d’utiliser son téléphone qui est en même temps son outil de travail, est bel et bien là une sorte d’embargo ou entrave à sa profession. Il va falloir que nos autorités revoient certaines mesures qui sont prises vis-à-vis de nous. N’en parlons pas du fait qu’on nous bouscule à tout va lors des interviews que nous accordent les hautes personnalités. Des menaces etc.
Ce fût en tout cas une expérience de trop dans ma vie de journaliste. Une expérience que je n’oublierai jamais. En tout cas, si je n’avais pas dit un mot à cette bonne dame, j’aurai dit que j’étais né sous une lune morte.
NB: il est à noter même que lors des consultations en avril des forces vives de la Nation, les préoccupations des journalistes n’ont pas été prises en compte et ils n’ont pas été rapprochés. Dans ce comité on n’en trouve même pas. Alors que nous sommes tous les jours exposés aux dangers quand nous couvrons dans les zones de conflits pour informer le public avec tous les risques. Paradoxe centrafricain.
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Rocka Rollin L dit #2RL
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