Le président de la République Faustin Archange Touadéra a signé le 26 août à Bangui, le décret portant création du comité de rédaction de la nouvelle constitution centrafricaine suite à la demande du gouvernement de mettre en place le pouvoir Constituant, ensemble de forces vives de la nation devant rédiger la nouvelle Constitution approuvée par l’assemblée nationale. Sur le campus universitaire, les avis des étudiants divergent sur ce projet.

Même si le combat semble être rude entre le pouvoir et l’opposition démocratique sur le projet de rédaction d’une nouvelle constitution enclenché par les caciques du pouvoir ces jours-ci, cette problématique ne fait pas aussi l’unanimité au milieu estudiantin à Bangui. Certains étudiants que nous avons rencontrés à l’université de Bangui sont favorables à la rédaction d’une nouvelle constitution. D’autres par contre, fustigent cette initiative du pouvoir en place, qui selon eux, va perturber la stabilité retrouvée.

« Je suis pour la modification de la constitution du 30 mars 2016. Car, celle-ci regorge beaucoup d’imperfections. Nous ne sommes plus à la période de transition. A travers les conférences-débat qui se sont déroulées à l’université de Bangui, nous constatons que certaines dispositions de cette constitution parlent encore des institutions de transition. Si c’est réellement cela, il faut enlever ces dispositions », a déclaré, Caleb, étudiant en 2e année de de sociologie à l’université de Bangui.

Pour Héritier, étudiant en année de licence en droit, le titre 15 de la constitution du 30 mars 2016 a prévu des procédures de la révision de cette fondamentale. Il ne voit aucun problème si on parle aujourd’hui de la révision ou de la rédaction d’une nouvelle constitution. Mais il faudrait que cela soit dans la règle de l’art. « Si la constitution elle-même a prévu des procédures de révision ou de la modification, il faudrait que cela soit dans la règle de l’art. En milieu politique ce sont seulement les dispositions de l’article 35 qui porte sur le délai et la période du mandat présidentiel et l’article 153 qui parle des verrous du mandat présidentiel qui font polémique. Or, les points de vu de toutes les couches sociales devraient être prises en compte pour que cette nouvelle reflète la réalité de notre pays et les aspirations du peuple y sont inclues ».

Si à la cathédrale du savoir certains étudiants donnent des avis favorables à la rédaction d’une nouvelle constitution, d’autres sont pourtant contre ce projet. A l’exemple de Elysée, étudiant chercheur en master 2 de droit de l’homme et gouvernance démocratique. « Nous sommes dans un pays démocratique. L’article 25 de notre constitution stipule que c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. C’est de la démocratie. La constitution démocratique à deux propositions la garantie des droits et liberté fondamentales des citoyens et la modalité d’acquisition du pouvoir. Aujourd’hui on veut réviser ou rédiger une nouvelle constitution, je ne sais pas qu’est-ce qu’ils veulent changer ; une nouvelle constitution pour adopter quel régime politique ? La dictature ou la démocratie ? En tout cas le peuple doit se prononcer lors du référendum constitutionnel », a déclaré Elysée.

Tout comme Elysée, cette étudiante en master 1 en sciences économiques, qui ne souhaite pas décliner son identité met le bâton dans la roue de ce projet. « Aujourd’hui les gens crient de partout pour demander la réécriture d’une nouvelle constitution de la République centrafricaine au détriment des problèmes sociaux dont souffre le peuple. Ils sont en train de jeter de l’argent dans les manifestations, conférences-débat et autres. Tout cela pour parvenir à la rédaction d’une nouvelle constitution pour faire sauter les verrous des dispositions de l’article 153 qui interdisent le président Touadéra de se présenter aux prochaines élections présidentielles. La pénurie du carburant, la flambée des prix des produits de première nécessité personnes n’en parle de cette manière ».

Claudia est étudiante en 3e année de la sociologie, elle ne souhaite pas prendre position sur cette problématique. « Je ne peux pas donner un avis favorable ou défavorable à ce projet de la rédaction d’une nouvelle constitution centrafricaine. La tendance que l’on voit sur le terrain c’est quand tu donnes un avis favorables à la rédaction d’une nouvelle constitution on te colle l’étiquette de proche du pouvoir. Si tu es contre ce projet, tu deviens automatiquement opposant. J’ai ma famille et mes enfants. Je ne veux pas m’attarder sur ce sujet pour ne perdre ma vie pour rien. Quoi qu’ils fassent nous voulons vivre en paix » a-t-elle déploré.

La machine est déjà en marche pour la rédaction de la nouvelle constitution, alors que l’opposition attaque ce projet devant la Cour Constitutionnelle.

Pétrus Namkoina