La Violence Basée sur le Genre (VBG) est beaucoup plus pratiquée sur le territoire national centrafricain, aussi bien par les bandits, les groupes armés qu’au sein des foyers. Les femmes subissent de plus en plus ces violences tant à Bangui que dans les villes de provinces. Nous avons rencontré Martine, une victime qui a accepté de témoigner son cas.

Martine (prénom d’emprunt) est mère de 5 enfants, dont 1e fille et 4 garçons. Elle vivait avec son mari à Bangui, dans le 7e arrondissement. Cette dernière n’avait que 16 ans lorsque son mari l’a épousé. Le couple menait une vie difficile, parce qu’il n’avait rien au début. Par rapport à leurs conditions de vie, Martine a préféré travailler comme femme de ménage chez une dame en vue d’apporter assistance à son mari, lorsqu’elle avait accouché son premier garçon. Après tant d’années de difficultés que cette dernière a traversées avec son mari, l’époux a préféré regagner une copine et a abandonné sa femme avec 5 enfants dans la maison de location. C’est lorsqu’elle a voulu réclamer son droit que celui-ci l’a roué des coups, provoquant ainsi une infirmité qu’elle subit aujourd’hui.  Son mari avait trouvé une fille qui est commerçante et sa femme est ménagère et cultivatrice. Il l’a mise dans cette état sans remord et sans se souvenir des moments difficiles qu’ils ont enduré ensemble.

Martine désespérée s’explique : « J’ai passé un bon moment de difficultés avec mon mari. Il ne faisait rien comme activité au départ. Je m’occupais de lui et des enfants. Après quelques années de galère, il a trouvé un travail de gardiennage. Jusqu’ici, on s’étendait mais peu après, il commençait à me cacher son salaire. Dans ma réflexion, je pensais qu’il voulait faire de l’économie pour acheter un terrain, puisque c’est important pour notre vie conjugale. Alors que c’était le contraire. Il entretenait une femme à mon issue».

« Nous demeurons dans une maison de location et nous avons des enfants qui vont à l’école. Mon mari ne pense même pas à améliorer cette situation. Je voulais juste lui demander pourquoi il a agi ainsi. Pour toute réponse, Il a commencé à me tabasser et m’a frappé avec un bout de bois et finalement, il m’a cassé le bras gauche. Pire encore, il m’a abandonné avec les enfants dans cette maison de location et a regagné sa copine. Je garde le handicap depuis un an jusqu’à ce jour. Pour me résumer,  je ne peux pas toucher quelques chose avec ce bras, ça fait encore mal.», a froidement expliqué Martine en baissant sa tête, quelques gouttes de larmes tombent par terre.

En effet Martine affirme que son mari ne sait même pas comment vivent ses enfants et ne se soucie nullement de sa santé. Elle demande de l’aide au gouvernement et aux humanitaires : «Je vis dans une famille pauvre, personne ne peut s’occuper de moi et de mes enfants. Je demande aux humanitaires de nous venir en aide, ainsi que toutes les femmes qui sont dans de pareilles situations».

Martine avait muri des réflexions pour déposer plainte contre son époux auprès de l’UMMIR ou les femmes juristes. Mais, les pesanteurs socioculturelles l’ont bloqué. « C’est le père de mes enfants. Le trainer en justice, je ne sais pas ce que la société me dira ainsi que les enfants eux-mêmes.  J’ai laissé tout à Dieu. J’ai juste besoin d’un appui pour me permettre de prendre en charge mes enfants », a relevé Martine.

Cette femme est devenue handicapée un beau jour. Elle ne peut pas faire plus d’effort pour s’occuper de ses enfants qui sont encore tous des mineurs. Ils n’ont pas encore l’âge de travailler pour donner la main forte à leur maman.

Des dispositions légales sanctionnant les violences faites aux femmes

La Centrafrique a adopté  en décembre 2006 la loi portant protection des femmes contre les violences. La Loi considère comme violences faites aux femmes et punis conformément aux dispositions de la présente loi, les comportements ou actes ci-après : les coups et blessures volontaires ;  les mauvais traitements ; les injures publiques ; les excisions génitales féminins y compris toutes interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins pratiquées pour des raisons culturelles ou religieuses ou pour toute autre raison non thérapeutique génitale.

L’article 29 de la loi N°06. 032 du 27 décembre 2006 stipule que : « Quiconque aura volontairement porté des coups ou des blessures ou exercé des violences et voie de faits sur une femme sera puni d’un emprisonnement de 1 mois et 1 jour à 2 ans et une amende de 100.002 à 400.000 francs CFA ou l’une de ces deux peines seulement ». 

Si les coups et violences ont entraîné une maladie ou une incapacité de travail personnel de plus de 20 jours, la peine sera de 1 à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende de 100.002 à 1.000.000 de francs CFA.

En effet, les VBG deviennent de plus en plus endémiques en République Centrafricaine et la crise contribue à les exacerber. La prévalence globale des VBG en RCA est marquée par le mariage précoce, les violences sexuelles et la violence domestique sous forme de différents types des violences, y compris la violence exercée par un partenaire intime.

 A cela s’ajoutent des cas de mutilations génitales féminines et des accusations de sorcellerie contre les femmes. Le rapport annuel 2021 du System de Gestion de l’information sur les VBG (GBVIMS) indique 11.592 cas de VBG signalés, soit une augmentation de 26 % des cas rapportés en 2020.

Face à cet acte, Martine invite les autorités compétentes à veiller sur la protection de la femme et à rendre justice.

Dorcas Bangui Yabanga