Le 10 septembre 2022, le rapporteur général du Mouvement Cœurs-Unis Evariste Ngamana a tenu une conférence de presse pour clarifier les positions de son parti politique sur le projet de la réécriture de la Nouvelle Constitution. En réponse aux questions des journalistes, il affirme que parti soutient à 100% cette démarche et se prépare déjà pour le référendum constitutionnel. Ci-après quelques questions phares lors de cette conférence de presse transcrites par Oubangui Médias.

RNL : Monsieur le porte-parole du MCU, pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour réagir aujourd’hui. Y’a –t-elle l’unanimité au sein du MCU autour de ce projet ?

Evariste Ngamana : Je dis que tout détenteur du pouvoir ou d’une partie du pouvoir doit s’entourer de certaines garanties et informations avant  de prendre position. Et c’est la démarche que le MCU avait adoptée. Si au départ, quand le collègue député Kakpayen avait fait cette proposition de révision de loi constitutionnelle, le MCU venait à prendre position tout de suite, les personnes viendront attaquer le MCU disant que c’est ce mouvement qui est en train de changer la Constitution pour permettre un troisième mandat au président Touadera. Nous avons été prudents. Nous avons estimé que c’est une démarche parlementaire consacrée par la constitution en vertu de l’article 151 qui donne la possibilité soit au président de la République, soit aux parlementaires d’initier une proposition de révision constitutionnelle.

Mais, la question a évolué, passant d’une simple révision telle que proposée par le député Brice Kevin Kakpayen à la question de la réécriture d’une nouvelle constitution et c’est l’émanation du peuple centrafricain. C’est pour cela que nous, en tant que parti politique, soutenant les actions du président de la République, nous qui travaillons pour le bien-être du peuple centrafricain, avions décidé de ne pas être en marge de cette question. Surtout que la question a été clarifiée par le président de la République, en tenant compte bien-sûr des aspirations profondes du peuple centrafricain, exprimées à travers les marches, les mémorandums et meeting, il est temps pour nous de nous positionner et de clarifier notre position. On n’a pas voulu prendre position dans la précipitation et donner l’impression que nous militons simplement pour donner la possibilité au président de briguer un troisième mandat.

Sur la question d’unanimité au sein du parti, nous sommes unanimes. La preuve, le bureau politique a accepté avant qu’on ne puisse tenir cette conférence de presse. Il n’a pas de divergence de point de vue. A partir de la conférence de presse que je tiens, les gens pourront s’exprimer sur cette question. Le MCU soutient à 100% cette démarche qui est une démarche populaire. Un parti politique n’est pas au-dessus du peuple.

Oubangui Médias : Vous exprimez clairement votre position, pendant ce temps, l’opposition attaque devant la cour constitutionnelle le décret créant le comité de rédaction d’une nouvelle constitution. Quelle est votre réaction ?

Evariste Ngamana : L’opposition est dans son rôle et nous aussi nous jouons notre rôle. Le fait de prendre position ne veut pas dire que nous sommes contre la position de l’opposition. C’est leur opinion. Ils ont estimé que ce n’est pas opportun aujourd’hui de changer la constitution. Nous respectons leur opinion. Mais l’opposition n’est pas au-dessus du peuple centrafricain. J’ai dit ici qu’aucune institution de la République n’est au-dessus du peuple centrafricain. Si vous faites la comparaison entre la manifestation organisée par l’opposition et celle organisée par le parti au pouvoir ainsi que ses alliés politiques, il n’a pas match. Entre 300 personnes qui se sont réunies, des mineurs qu’on a soudoyés pour venir et le peuple qui s’est levé, des centaines de milliers d’hommes que vous avez vu à Bangui et en province, cela dit tout. Ces opposants représentent quelle frange de la population ?

Il en a qui pensent que la Cour constitutionnelle est à leur solde et il faut à chaque fois faire un recours pour obtenir quelques choses. Le peuple regarde, attend, se prononcera et décidera. Faisons très attention eu peuple centrafricain qui a une capacité de résilience et de résistance pacifique. Le peuple avait supporté quand la Séléka sévissait. Il y avait une expression qui circulait : « lawa lawa ». Et à la fin, quand le peuple s’est soulevé, nous avons connu la suite.

Donc si le peuple veut se lever pour déterminer le mode de gouvernance de son pays, il est souverain. Cette souveraineté est illimitée. Après le peuple centrafricain, il y a que le bon Dieu.  Nous tirons notre légitimité du peuple centrafricain. Si aujourd’hui il dit qu’on ne veut plus de Touadera, c’est le peuple seule, pas une institution ni une frange de l’opposition. Certains pensent qu’ils trouvent la satisfaction dans la manipulation des institutions. Mais c’est le peuple seule qui décide le sort des institutions.

Oubangui Médias : Il y a la manifestation ces derniers jours devant la Cour Constitutionnelle avec des menaces contre la Présidente et son vice, quelle est la réaction du MCU ?

Evariste Ngamana : Nous condamnons tout ce qui est manifestation à caractère violent. Mais nous ne pouvons pas aussi empêcher le peuple de s’exprimer. Ceux qui l’ont fait, ils connaissent leurs raisons. Mais, le MCU n’est pas impliqué dans cette organisation. Si les raisons sont fondées, ils le savent pourquoi ils le font mais nous, nous respectons le principe de séparation du pouvoir, nous respectons les institutions de notre pays. Mais nous ne voulons pas qu’il y ait aussi la tentation pour nos institutions de tomber dans des manipulations. Et ce n’est un secret pour personne.

Certains membres de l’opposition disent que quoi qu’il en soit, on fera tout pour faire obstacle à ce projet là parce que nous avons telle ou telle institution vers qui nous allons faire recours. Les institutions sont là au nom du peuple centrafricain. Pas dans l’intérêt d’un groupuscule d’hommes politiques.

Deuche Well : Ne pensez-vous pas que c’est un énorme risque de toucher à la constitution vu la tension actuelle dans le pays ? Je veux parler de l’insécurité.

Evariste Ngamana : Il s’agit de quelle tension ? Votre question me fait penser à la réaction des certains hommes politiques de l’opposition. Quant la question a été soulevée, il y a même un qui a prédit que le pays sera mis en lambeau. Nous retenons cela, l’histoire aussi retiendra et il répondra au cas où cela venait se réaliser.

Dites-moi, ailleurs, il n’a pas eu la modification de la constitution ? Quand on parle de la Constitution, vous faites recours à la violence. Il y a même un autre homme politique de l’opposition qui a osé faire un recours à l’histoire de la France pour dire qu’en 1789, le roi a été guillotiné c’est pour dire que si l’on touche à la constitution, ils vont tuer le président Touadera ? Voyez-vous ce langage qui caractérise nos hommes politiques ? Des langages de violence, de haine, de déstabilisation Je pense que le peuple est avisé. Aujourd’hui, le peuple ne permettra pas. Nous sommes en démocratie. Vous avez votre opinion, j’ai la mienne et ce qui peut nous départager dans ce contexte c’est le référendum, les urnes.

Je vous informe que dans certains pays, la modification ou le changement de la constitution s’est fait au niveau de l’assemblée et en un jour. Mais ici, nous avons choisi la voie démocratique. Cette Constituante qui est mise en place regorge toutes les sensibilités du pays.  Si l’opposition a son point de vue à exprimer, qu’elle intègre ce dispositif. Au cas échéant, nous allons nous départager par la voie des urnes.

Je ne vois pas de quel risque vous parler et je vous informe aussi que les contextes ont changé parce que, nous nous rappelons que quand monsieur Patassé a modifié la Constitution, on a fait venir Bozizé par la voie des armes pour le dégager. Bozizé arrive, il veut modifier la Constitution, on fait venir Djotodia par un coup d’Etat pour le renverser. Et si c’est sur ça que l’opposition mise, je dis que les contextes ont changé. Si c’est par la violence qu’ils veulent barrer la route, ils auront le peuple devant eux, ils auront une armé qui est sur pieds, ils auront des alliés qui sont là pour appuyer l’armée. Laissons le peuple s’exprimer. Ceux qui sont pour le OUI battent campagne pour le OUI et les NON battent campagne pour le NON et le peuple souverain au moment venu va décider.

Médias+: Quelles seront les nouveautés à apporter dans la nouvelle constitution ?

Evariste Ngamana : Ce n’est pas le lieu de les décrire. Il en a qui sont dans la proposition de la loi faite par le député Kakpayen. La question de mandat, nous sommes une Constituante et elle va travailler sur la question. C’est pour ça que je dis, chacun apportera son opinion et de manière consensuelle, une décision va se dégager.

Est-ce qu’il aura changement de la durée du mandat, ou du nombre de mandat, au moment voulu, vous le saurez. Pour le MCU, nous travaillons sur la question. Il y a d’ailleurs une équipe qui réfléchit déjà car nous n’allons pas partir dans ce comité sans une proposition. Les critères d’éligibilité ; ça sera l’émanation du peuple. Pourquoi certains se battent contre cette démarche ? La question de la double nationalité, c’est l’occasion de la poser, surtout pour ceux qui veulent présider la destiner du peuple. C’est une question de fierté nationale. Tout ça, l’occasion viendra pour le peuple de décider. Au MCU, nous sommes pour qu’il ait ce critère d’éligibilité qui tient compte de la nationalité. C’est une question de souveraineté, de fierté nationale.

Propos recueillis par Fridolin Ngoulou