La saison sèche est toujours synonyme du calvaire du peuple centrafricain depuis plusieurs décennies. Les bruits de botte se font entendre déjà dans certaines localités. Ceci, en violation expresse du cessez-le-feu déclaré par le président de la République.

En moins de deux semaines, plusieurs localités ont été secouées par des attaques armées, attribuées aux éléments rebelles du mouvement 3R et l’UPC de Ali Darass, les deux mouvements composés à majorité par les combattants peuls.

Dans la région du nord, proche de la frontière avec le Cameroun, une attaque le 29 novembre a couté la vie à au moins 33 personnes dont 29 civiles massacrés à Kaita, deux militaires centrafricains tués à Boy-ngouLes 3R sont pointés du doigt pour de nombreuses exactions qu’ils continuent de commettre dans cette région. Pour ce jour-là, ces bandes armées étaient venus en représailles suite à la saisie de leur véhicule de communication. Mais quelques jours plutôt, ils ont tué une douzaine de civile dans la même région.

Quatre jours plus tard, c’est à Kouango dans la Ouaka, au centre du pays que les habitants se sont réveillés après les défilés du 1er décembre par des tirs d’armes lourdes et automatiques. Cette fois-ci, ce sont les rebelles de l’UPC de Ali Darass qui ont attaqué les positions des forces de défense et de sécurité. Un policier a été tué et quelques blessés parmi les civiles.

Ces rebelles ont été mis en déroute 48h plus tard. Ils ont pillé une partie de la ville, pris le temps de poser des mines antipersonnel avant de fuir devant la contre-offensive des forces nationales.

Aussi, le lundi dernier, c’est dans l’Ouham-Fafa, notamment au village Wogoh, situé à 75 Km de Batangafo que les bruits de botte se sont faits entendre. Dans cette localité,  des sources indépendantes ont confié que des mercenaires, venus probablement du Tchad voisin ont fait irruption dans ce village le dimanche 5 décembre vers 11 heures avant de prendre d’assaut le marché. Même si aucun bilan n’a été donné, les envahisseurs ont fait fuir la population dans la brousse, alors qu’elle se préparait à commémorer le 63 ème anniversaire où l’Oubangui Chari est devenue la République Centrafricaine.

Selon des sources militaires, chaque année, des forces nuisibles envahissent cette localité proche de la frontière avec le Tchad, pillent les biens, tuent les résistants avant de disparaitre dans la nature.

Violation du cessez-le feu

En mi-octobre 2021, le président Touadera avait déclaré un cessez-le-feu unilatéral, conformément à la feuille de route de Luanda, validée par les chefs d’Etats de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). Mais, deux mouvements n’ont pas obtempéré. Il s’agit du mouvement 3R et de l’UPC, qui continuent à causer la désolation au peuple centrafricain.

Ces deux groupes avaient rejoints la rébellion de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de l’ancien président François Bozizé, aujourd’hui en exil à Ndjamena au Tchad, en violation de la feuille de route de Luanda qui prévoit un exil des leaders de la CPC dans les pays hors frontaliers à la Centrafrique.

Face à ces multiples défiances du pouvoir, des dispositions sécuritaires doivent être prises afin de barrer la route à toute entreprise guerrière qui tente encore à replonger le pays dans le chaos en ce début de la saison sèche.

La Centrafrique fait face à des tractations sécuritaires depuis l’attaque des rebelles de la CPC le 13 janvier 2021 aux portes de la capitale Bangui. Ces attaques ont été vigoureusement repoussées par l’armée nationale, avec l’appui des alliées rwandais et russes ainsi que des forces de la Minusca.

Depuis lors, la contre-offensive a commencé, l’armée à pratiquement repris toutes les grandes villes du pays mais les rebelles rodent toujours autours de ces villes, lancent des attaques sporadiques et cherchent à reconstituer leurs positions pour enfin mener des nouvelles attaques au bénéfice de la saison sèche qui leur permet de circuler librement dans la brosse.

La Centrafrique doit s’attendre à la montée des violences dans les villes de provinces car, les rebelles ne désarment toujours pas, en dépit du cessez-le-feu et des appels lancés par la communauté internationale. L’armée doit être aussi en alerte maximum pour faire face à des éventualités.

 Fridolin Ngoulou