La première enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) est réalisée en République Centrafricaine en 2021, avec l’appui de la Banque Mondiale. Elle a pour objectif principal de mettre en place les bases d’un dispositif permanent de suivi et d’évaluation des conditions de vie des ménages en général et du programme de réduction de la pauvreté en particulier. C’est dans cet optique que l’Institut Centrafricain des Statistiques, des Etudes et technique Economique et sociale (ICASEES) a organisé un atelier pour présenter le profil de la  pauvreté déduite grâce à cette enquête. Cette présentation a lieu en présence du chef du Gouvernement Felix Moloua et  quelques membres du gouvernement ainsi que le représentant résident de la Banque Mondiale en RCA Guido Rurangwa, le 17 février à l’hôtel Oubangui à Bangui.

L’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages de 2021 a été mise en œuvre par l’Institut Centrafricain des Statistiques, des Etudes et technique Economique et sociale avec le soutien financier et technique de la Banque Mondiale. La méthodologie de l’EHCVM est basée sur les meilleures pratiques récentes en matière de mesure de la pauvreté, telle que recommandée par la Banque Mondiale, notamment l’accent est mis sur la mesure de la consommation plutôt que sur la dépense comme ce fut le cas dans les précédentes enquêtes. Pour mesurer la consommation alimentaire, l’EHCVM a collecté les informations sur les 07 derniers jours tandis que les enquêtes précédentes (ECASEB 2008) collectaient les informations sur les dépenses alimentaires des 30 derniers jours; et la collecte des données a été effectuée en deux vagues pour saisir la saisonnalité.

Guido Rurangwa, représentant résident de la Banque Mondiale en RCA souligne que : « Alors que le pays progresse vers l’élaboration du nouveau plan de développement durable, les nouvelles données sur la pauvreté issues de cette enquête seront un outil fondamental pour les décideurs et les partenaires de développement, qui pourront ainsi orienter les ressources là où on a le plus besoin, et concevoir des politiques et des programmes efficaces de réduction de la pauvreté. L’activité de ce jour est le début des travaux d’une étude approfondie sur le profil de la pauvreté dont les résultats renforceront la capacité du gouvernement et ses partenaires techniques et financiers à mener des actions ciblées pour améliorer le niveau de vie de la population, et à mesurer les progrès accomplis ».

Au total 6.437 ménages, sélectionnés grâce à un sondage stratifié à deux degrés, ont été tirés de manière à être représentatifs au niveau national, urbain, rural et des 07 régions. Un sous échantillon de 496 ménages des personnes déplacées internes (PDI) a également été couvert.

Bienvenu Ali, Directeur General de l’ICASEES donne des explications : « Aujourd’hui en RCA effectivement près de 07 ménages sur 10 vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Le seuil de pauvreté nous avons calculé dans le cadre cette enquête qui respecte une méthodologie standard appliquée en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. Donc, le seuil est 722 FCFA par tête, et par jour ou environs 22.000 FCFA par tête et par mois ou 263.500 FCFA par tête et par an. Ce qui dit qu’aujourd’hui en RCA les ménages ont beaucoup de difficultés et ces résultats ont montré que les populations sont beaucoup plus vulnérables au taux de 90 % à l’intérieur du pays, contrairement à Bangui où il y a seulement 40 % des ménages pauvres ».

Selon le Directeur General, les résultats de ces enquêtes vont permettre au Gouvernement de prendre de bonne décision dans la mesure où on sait que depuis 2008,  ils n’ont pas organisé une telle enquête et aujourd’hui avec le financement de la banque mondiale, ils ont pu établir ce diagnostic qui permet maintenant au Gouvernement d’identifier des solutions idoines permettant de réduire sensiblement le niveau de pauvreté en RCA tant  à Bangui que dans les grandes villes ou dans le milieu rural.

La pauvreté est élevée et répandue en RCA. On estime qu’en République Centrafricaine, sept personnes sur dix (68,8 % de la population) vivent en dessous du seuil de pauvreté nationale (722 FCFA par tête et par jour). Ce qui correspond à un total de 4,1 millions de pauvres pour tout le pays. Comme le taux de pauvreté nationale d’extrême pauvreté est également élevé.

Sur la base du seuil de 2,15 dollars par jours (PPA2017), 65,1 % du centrafricain vit en dessous du seuil de pauvreté internationale. De ce taux, la RCA  est l’un des pays qui a le taux de pauvreté le plus élevé en Afrique et dans le monde.

Dorcas Bangui Yabanga