Le Président Faustin Archange Touadera était présent aux travaux du 16ème Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement des pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad, (CBLT). Cette session tenue au Nigeria et consacrée aux multiples enjeux et défis environnementaux, sécuritaires, économiques et de développement.

Cet espace vital est situé à une altitude de 281 mètres et partagé par quatre Etats : le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun. Son bassin hydrographique est théoriquement de 2.400.000 km2, soit 8% du continent africain. Mais le bassin actif se limite à 967.000 km2. Appelé « Koura »(« grand ») par les Kanouri (Nigeria), il constitue un enjeu économique et politique pour les populations riveraines car il ravitaille en eau plus de 20-40 millions de personnes. Il s’agit d’une étendue d’eau endoréique qui est approvisionnée à « 90% » par deux cours d’eau qui ont leurs sources en Centrafrique : Le Chari et son affluent le Logone.

Le fleuve Chari a sa source dans les zones montagneuses de la République Centrafricaine (RCA), dans un endroit où la pluviométrie annuelle est de l’ordre de 1500 mm/an. Ce fleuve permanent parcourt la République du Tchad sur environ 800 km. Au cours de son trajet, le Chari fait jonction avec le Logone à NDjaména et Kousseri, et marque alors la frontière entre le Cameroun et le Tchad.

Les eaux du Chari, augmentées du Logone, apportent au Lac près de 90 % de ses apports en eau. Tandis que le Komadougou Yobé (Nigeria) ravitaille et d’autres cours d’eau alimentent aussi le Lac. C’est dire que, si la RCA ferme la vanne, c’est plus de 20-40 millions de personnes qui seront privés d’eau, à cela s’ajoute les risques d’une grande sécheresse avec de lourdes conséquences sur les activités champêtres, la pêche, l’élevage… Cette eau devient alors une ressource stratégique parce qu’elle a deux caractéristiques fondamentales : indispensable et rare. Par-là, la RCA détient un moyen d’influence sur les pays qui ont commun le Lac Tchad et il faut savoir en profiter dans les Relations Internationales.

Aussi, depuis la sécheresse des années 1970, le Lac Tchad s’est progressivement rétréci. Et, des réflexions sont notamment menées par les partageant le Lac afin d’éviter son tarissement. On envisage le transfert de 3000 m3/ seconde des eaux de l’Oubangui pour ravitailler le Lac Tchad. La RDC dont le bassin du fleuve Congo à une capacité de 3.399.000Km2 a statué sur la problématique et a déclaré que seul le peuple pourra se prononcer. N’oublions pas que l’Egypte, la Jordanie et Israël sollicitent également les eaux du fleuve Congo tributaires aussi de l’Oubangui (Centrafrique). Si beaucoup pensent que la géostratégie des grandes puissances ou les crises sont liées aux richesses minérales, l’eau constitue aussi un facteur des conflits que nous vivons et aussi un moyen d’influence.

Fleury Agou