L’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine 2022 (IIAG), publié le 25 janvier 2023 par la Fondation Mo Ibrahim, révèle que la gouvernance africaine a stagné depuis 2019, reflétant une série de perturbations qui compromettent sérieusement plusieurs années de progrès sur le continent.  La Centrafrique se classe au 50e rang sur les 54 pays africains en 2022.

Ce rapport fait le constat d’un recul généralisé de la démocratie et d’une situation sécuritaire de plus en plus fragile sur le continent africain. La République Centrafricaine se classe à la 50ème position de Gouvernance globale, notamment en termes de sécurité, du développement humain, de la participation, droit et inclusion et des opportunités économiques.

Plus de 100 indicateurs sont disponibles et permettant de dresser des conclusions sur l’état des 54 pays africains.

La Centrafrique, dans ce rapport perd deux places selon les tendances 2012-2021, en raison des crises de 2013-2014 et des dernières violences post-électorales de 2021.

Sur le plan spécifique, en analysant quelques indicateurs, en ce qui concerne la lutte contre la corruption, la Centrafrique a gagné au moins plus de 10.8 points, à la suite de la définition des mécanismes anti-corruption, la lutte contre la corruption dans les institutions étatiques, le secteur public, la passation des marchés publics et même dans le secteur privé.

Le pays gagne aussi +3,6 points sur les opportunités économiques en général et 15,3% en terme d’économie rurale. En effet, dans ce secteur rural, l’accès à la terre et à l’eau en milieu rural gagne +11,2 points, l’accès aux marchés ruraux +16,7 points, l’appui à l’économie rurale +12,7 points ainsi que la représentation et la participation rurales +20,8 points.

Les infrastructures gagnent cependant +7,1 points dont le réseau des transports +1,4 point, l’accès à l’énergie +2,5 points, la communication mobile +23,4 points et l’Internet/ordinateur +1,0 point.

En matière du développement humain, les données restent mitigées. Globalement, l’éducation perd -0,4 point. Cependant, l’indicateur sur l’égalité dans l’éducation obtient +1,8 points, la scolarisation +8,2 points, l’achèvement des études +5,2 points, l’éducation de qualité quant à elle est à -16,7 points.

L’indicateur sur la protection sociale et le bien-être perd globalement 6,9 points et l’environnement durable perd 0,8 points mais le pays dispose d’une qualité de l’air qui a gagné +12.1 points.

En terme de participation, droit et inclusion, là aussi, les données sont mitigées. Seul le pluralisme politique et les élections démocratiques qui ont gagné respectivement 6,2 points et 9,1 points sur les 19 indicateurs évalués et analysés. Les 17 autres indicateurs présentent une situation encore regrettable, nécessitant d’énormes efforts.

Le gouvernement doit encore du chemin pour retrouver et dépasser sa place de 4 derniers classement Mo Ibrahim.

Les raisons d’une stagnation en Afrique

La stagnation de la gouvernance globale en Afrique depuis 2019 compromet les progrès réalisés sur la dernière décennie (2012-2021). Même si le niveau moyen atteint par la gouvernance globale sur le continent est meilleur en 2021 qu’en 2012, la qualité de la gouvernance globale sur le continent stagne depuis 2019.

Les progrès dans les domaines du développement humain et des fondements économiques sont sapés par une situation sécuritaire de plus en plus tendue et un recul généralisé de la démocratie.

Qui plus est, le continent reste aux prises avec les effets combinés de la pandémie de COVID-19, de la crise climatique et d’un accès insuffisant à la nourriture et à l’énergie.

Au moment de la rédaction du présent document, les répercussions de la guerre opposant la Russie et l’Ukraine depuis le 24 février 2022 aggravent davantage encore ces difficultés.

L’année 2023 nous situe à mi-chemin de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et marque la première étape décennale de l’Agenda 2063.

Il est donc urgent de prendre des mesures contre le recul de la démocratie et l’augmentation de l’insécurité afin de ne pas effacer plusieurs années de progrès en matière de gouvernance et de développement.

Pour le cas centrafricain, la première thématique de la sécurité reste colorée en rouge, la participation, droit et inclusion en orange, le développement humain en bleu et les opportunités économiques en vert. Ce qui veut dire que plus d’efforts ont été fournis pour la relance de l’économie.

Fridolin Ngoulou