Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a primé vendredi 17 juin 2022, trois journalistes centrafricains qui ont remporté le concours médias du meilleur reportage sur la problématique de la violence sexuelle en temps de conflits.

Ce concours médias a été organisé à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit armé, célébrée le 19 juin de chaque année

Ce concours médias est initié pour encourager les médias centrafricains à s’intéresser davantage des problématiques de la violence sexuelle en temps de conflit armé. La Centrafrique est l’un des pays où les violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) ne cessent de se pratiquer, affectant beaucoup plus les femmes, les mineurs et parfois des hommes.

Après un travail des membres du jury dirigé par le Haut Conseiller à la Communication Hubert Djamani, pour cette deuxième édition de concours médias, trois journalistes ont été honorés : Le meilleur prix radio est remporté par Ketsia Kolissio, journaliste reporter à la Radio Fréquence RJDH. Le meilleur prix presse en ligne est gagné par Dorcas Bangui Yabanga, journaliste stagiaire à Oubangui Médias. Enfin, le meilleur prix presse écrite est remporté par Jean Marie Ngombé du journal le Baobab. Chacun a reçu un kit de reportage composé d’un smartphone Park 8 Pro.

En effet, la journée mondiale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit armé a été instituée pour manifester la solidarité envers les victimes des violences et de rendre hommage à celles et ceux qui luttent au quotidien pour éliminer ce fléau. C’est pour marquer cette journée que le CICR a lancé une série d’activités parmi lesquelles le concours des meilleurs reportages sur cette problématique dans trois catégories à savoir : Le meilleur reportage radio, le meilleur reportage presse écrite et le meilleur reportage presse en ligne.

La question de violence sexuelle est au cœur du mandat du CICR. La situation est particulièrement inquiétante en Centrafrique. « Le CICR peut l’affirmer sur la base des victimes et survivants qui sont pris en charge par les structures de santé qu’il soutient dans la Nana-Gribizi qu’en 2021, au moins 677 victimes qui ont été prises en charge pour des soins médicaux soit deux par jour et 487 qui ont reçu des soins de santé mentale. Le CICR a également apporté un soutien socioéconomique à près de 200 victimes afin qu’elles puissent faire face aux besoins imminents et bénéficier d’un soutien à la mise en place des activités génératrice de revenu », a fait savoir Yves Van Loo, Chef-adjoint de la délégation du CICR en Centrafrique.

Selon le CICR, ces chiffres ne représentent que le point de l’Isbergues car il s’agit uniquement des personnes qui ont pu accéder aux structures de santé, malgré l’insécurité et les routes dangereuses.

Cependant, les conséquences néfastes de ces violences sexuelles sont multiples et durables : elles sont médicales, psychologiques, économiques et sociales. Il y a aussi une stigmatisation qui est liée à une violence sexuelle et cela produit des effets nuisibles sur le plan de la santé mentale aussi sur l’accès à l’éducation et à l’emploi. « On doit lutter contre la stigmatisation car la violence sexuelle n’est jamais la faute de la victime », a déclaré Yves Van Loo.

Pour cette année, le thème central de cette commémoration est « la prévention en tant que protection ». Pour des actions de prévention, le Mouvement des Survivantes de Centrafrique (MOSUCA) mène différentes activités auprès des survivantes du pays, malgré les moyens encore très limités.

Les activités de MOSUCA porte sur l’identification des victimes et leur référencement au projet Nengo au sein de l’hôpital de l’Amitié à Bangui pour des prises en charge holistiques et un référencement à l’Association des Femmes Juristes de Centrafrique pour des aspects juridiques.

MOSUCA, lancé en 2018  a profité de cette occasion pour lancer un appel à l’endroit des organisations afin de soutenir les actions du mouvement, notamment le renforcement des capacités institutionnelles des survivantes, l’appui aux missions d’identification dans les provinces, la prise en charge des enfants nés du viol.

Ce mouvement compte sur les médias afin de mener à bien les campagnes de sensibilisation sur les préventions des violences sexuelles en temps de conflit armé et à tous les niveaux. Un message que l’une des lauréats, Ketsia Kolissio reçoit à bras ouvert : « Nous sommes dans une structure des journalistes pour la défense et la promotion des droits de l’homme. Nous n’hésiterons pas un seul instant de prendre nos plumes et nos micros pour sensibiliser la population sur cette problématique. C’est ce que nous faisons et qui nous ont valu ce prix. Nos reconnaissances au CICR pour ce prix qui nous encourage davantage à traiter les problématiques de la violence sexuelle en Centrafrique », a-t-elle relevé.

Pour cette deuxième édition du concours médias, au total 17 candidatures ont été enregistrés. Malheureusement, aucune soumission de reportage en catégorie télévision.

Fridolin Ngoulou