L’ancien ministre du Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement (DDRR) de la République Centrafricaine, chef rebelle des Antibalaka, haut responsable de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de l’ancien président de la République François Bozizé, Maxime Mokom a été arrêté à Sido le 27 février 2022, une ville frontalière entre la République Centrafricaine et la République du Tchad par les autorités tchadiennes.  Il a été ensuite transféré à la Cour Pénale Internationale (CPI) à la Haye le 14 mars et rejoint alors Patrice Edouard Ngaïssona, Alfred Yekatom Rambot et Mahamat Saïd Abdel Kani, tous détenus à la Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Mokom Détenu à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité

La Chambre préliminaire II de la CPI a trouvé des motifs raisonnables de croire que Maxime Mokom, un ressortissant de la République centrafricaine, né le 30 décembre 1978 à Bangui, était un Coordonnateur National des Opérations des Antibalaka et, à ce titre, est suspecté d’être responsable des crimes présumés suivants :

– Crimes contre l’humanité : (tentative de) meurtre, extermination, déportation ou transfert forcé de population, emprisonnement ou autre privation grave de liberté physique, torture, persécution, disparitions forcées et autres actes inhumains ; et

– Crimes de guerre : (tentative) de meurtre, torture, traitement cruel, mutilation, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion, le pillage, l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans et le fait de les faire participer activement à des hostilités, le déplacement de la population civile et le fait de détruire ou de saisir les biens de l’ennemi.

Les crimes présumés auraient été commis en divers endroits de la RCA, notamment Bangui, Bossangoa, la préfecture de la Lobaye, Yaloké, Gaga, Bossemptélé, Boda, Carnot et Berberati, entre au moins le 5 décembre 2013 et au moins décembre 2014.

M. Mokom est suspecté d’avoir commis ces crimes conjointement avec d’autres et/ou par l’intermédiaire d’autres personnes dans le cadre d’une politique visant à cibler la population musulmane et d’autres personnes perçues comme soutenant la Seleka ou comme étant des « étrangers » à Bangui et dans l’ouest de la RCA ; ou d’avoir ordonné, sollicité ou encouragé la commission ou la tentative de commission de ces crimes.

La peur change de camp ?

Après l’échec de tentative de coup d’Etat du 13 janvier 2021 par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), et les offensives militaires lancées par les Forces Armées Centrafricaines appuyées par leurs alliés russes et rwandais, les éléments de cette rébellion et leurs leaders sont contraints d’aller se réfugier à Ndjamena au Tchad. Maxime Mokom faisait partie de cette bande armée de la CPC.

Son arrestation par les autorités tchadiennes a entrainé la peur au ventre au sein des autres leaders de la CPC et leurs éléments refugiant à Ndjamena. Ils se poseraient sûrement la question entre eux : à qui le prochain, même s’ils avaient par la voix des réseaux sociaux démenti son arrestation.

En effet, selon les sources des médias tchadiens, ces leaders de la Coalition des Patriotes pour le Changement et leurs éléments sont dégoutés par les autorités tchadiennes qui ne veulent plus d’eux sur leur territoire. Sur les réseaux sociaux, les informations indiquent que ces chefs rebelles centrafricains, devenus encombrants pour les autorités tchadiennes sont à la recherche d’un autre pays d’accueil parce qu’ils ne se sentent plus non seulement en sécurité au Tchad, mais également ils veulent échapper à la justice internationale (Cour Pénale Internationale) et nationale (Cour Pénale Spéciale).

Il sied de souligner que le souhait ardent du peuple centrafricain en général et en particulier celui des victimes de cette crise militaro-politique est de voir leurs bourreaux s’expliquer devant la justice pour répondre de leurs actes. Avec l’arrestation d’un des chefs rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement, le peuple centrafricain espère que justice rendue aux victimes et réparation des dommages causés par Mokom et ses éléments durant toutes ces années de crises en vue d’une réconciliation nationale sincère et la consolidation de la cohésion entre les filles et fils de la République Centrafricaine.

Les rebelles et mercenaires centrafricains et étranger qui ont fait la pluie et le beau temps sur une partie de la République Centrafricaine à un moment de l’histoire du pays doivent comprendre que l’heure de la justice a sonné et que le peuple centrafricain n’a pas plus besoin de cette crise militaro-politique stérile qui n’apporte que les pleurs et les désolations au sein de nombreuses familles tant dans les provinces que la capitale.

Il est important de noter que le temps est à la réconciliation nationale, à la culture des valeurs démocratiques et républicaines d’afin de construire voire reconstruire une nouvelles République Centrafricaine sans armes en réécrivant une page de l’histoire du pays.

Plusieurs autres dossiers des chefs de guerre de la RCA comme François Bozizé, Ali Darass, Mahamat Alkatim, Noureddine Adam et les autres restent pendant devant la justice nationale et la Cour Pénale Internationale. Tous semblent être réfugiés au Tchad.

Joseph Nzah