Après l’offensive des rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde du Tchad et le décès du Président Idriss Deby Itno, la République Centrafricaine est préoccupée pour sa sécurité.
Pays partageant une longue frontière avec son voisin du Nord, le Tchad est un acteur clé dans la crise centrafricaine. Depuis les mutineries de 1998, le Tchad a déployé ses soldats dans le cadre de missions de paix en Centrafrique, offrant à Ndjamena un moyen d’influence. Pareillement, le Tchad est un vivier en mercenaires pour les rébellions qui ont conduit la prise de pouvoir de Bozizé en 2003 et de Djotodjia en 2013, car la plupart des mercenaires sont des ressortissants tchadiens.
Ainsi, face à la recrudescence de la violence au Tchad et le désordre qui pourrait s’en suivre, la République Centrafricaine craint une nouvelle déstabilisation du pays par le risque de prolifération d’armes de guerres en libre circulation et aussi l’infiltration de mercenaires. Cela offrirait une opportunité à la Convention des Patriotes pour le Changement (CPC) actuellement neutralisée par l’Armée nationale et ses alliés. Pareillement, la RCA ne sera pas épargnée par la déstabilisation du Lac Tchad, un rempart contre le terrorisme dans cette région et le Sahel.
Au plan politique, le nouveau pouvoir de Ndjamena risque bien fort de trop se méfier de son voisin du Sud. L’Armée Centrafricaine est appuyée par les forces russes, les mêmes qui sécurisent la région du sud libyen à cheval entre le nord du Tchad, base arrière du FACT.
Enfin, au plan humanitaire, si Ndjamena et les régions du sud seraient touchés par la crise, tout le Nord centrafricain enregistrera un grand nombre de déplacés de guerre tchadien et un retour massif de réfugiés centrafricains dans leur pays d’origine. Si dans le passé (1975-1980), la RCA a accueilli des centaines de réfugiés tchadiens, elle avait les moyens, ce qui n’est plus le cas actuellement. Le pays et ses partenaires devront déjà réfléchir par anticipation pour éviter une crise humanitaire.
La RCA renforce sa présence militaire à sa frontière nord :
« Les unités des FACA (Forces armées centrafricaines) situées à la frontière de la RCA avec le Tchad, dans le nord de la République, sont en état d’alerte maximale pour empêcher les rebelles des groupes armés illégaux de franchir les frontières centrafricaines », a annoncé l’Etat-Major des Armés dans un communiqué.
L’armée centrafricaine a rappelé que les Forces de Défense et de Sécurité centrafricaines ne traverseront pas la frontière de la République du Tchad, « même en cas de poursuite de rebelles ».
Quelle sera la suite du feuilleton de la crise tchadienne ?
Plusieurs Chefs d’Etat africains, dont le centrafricain, F.A Touadera et le français Emmanuel Macront étaient le 23 avril à Ndjamena pour assister aux obsèques du Président Deby. Dans son mot de condoléances, E.Macron a promis que « la France ne laissera jamais personne remettre en cause, ne laissera jamais personne menacer ni aujourd’hui, ni demain la stabilité et l’intégrité du Tchad ».
La mort du Maréchal Déby a suscité une vive émotion dans le Sahel et le Bassin du Lac Tchad dont son armée est le fer de lance dans la lutte contre le terrorisme. Mais, le silence et l’approbation du Conseil militaire de transition dont la Présidence est assurée par son fils, le général Mahamat Idriss Déby est un frein à la démocratie en Afrique. La compassion a pris le dessus sur le respect des textes ? L’opinion africaine a déploré que la France et des Etats de l’Afrique francophone aient investi « Déby Junior » dans sa nouvelle fonction.
Junior Max Endjigbongo
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