Le Tchad et la Centrafrique sont parvenus après trois jours de tension extrême, à trouver le chemin d’un apaisement réciproque et le processus idoine pour faire éclore la vérité, situer les responsabilités, œuvrer à corriger les manquements, et consolider la paix en garantissant la sécurité de chacun des pays.

Ce résultat obtenu à l’issue d’une réunion de travail de haut niveau à N’Djaména, entre une délégation centrafricaine conduite par la Ministre des Affaires Etrangères, accompagnée de ses collègues Ministres de la Défense et  de la Sécurité intérieur et leurs homologues Tchadiens. Les deux équipes furent reçues par la suite par SE, le Général de corps d’armée Mahamat Idriss Déby, Président du Conseil Militaire de Transition, Président de la République.

Ce résultat est à saluer à sa juste valeur, tant il est une conjugaison de plusieurs ingrédients dont l’attelage paraissait improbable, face au risque d’escalade et surtout aux actions d’oiseaux de mauvais plumage. Il est le nectar d’un leadership charismatique et responsable abecqué d’une humilité réflexive, productive, tout autant responsable.

L’incident du dimanche 30 mai 2021 à un poste frontière entre le Tchad et la RCA et qui a vu la mort de plusieurs soldats Tchadiens, est regrettable et tous les acteurs en conviennent.

Toutefois, il est utile de rappeler que, celui qui est fort n’est pas celui qui donne des coups, mais celui qui, quand bien même il peut donner des coups, sait les retenir. De même, celui qui est humble, n’est pas un faible, mais le sage qui sait faire de l’humilité, un allié au service de l’intérêt général.

La combinaison de ces deux enzymes dont ont pu faire montre les autorités tchadiennes et centrafricaines, est une leçon de diplomatie qu’il convient de distinguer et d’apprécier.

Mais c’est également une leçon à destination de tous les radicaux et extrémistes de tout bord qui en l’espace de quelques jours n’ont manqué aucun souffle pour attiser le feu de la désunion, de la provocation et tous leurs semblants auréolés des mêmes épithètes et attributs.

Quand il y’a la guerre, il n’y a jamais de vainqueurs. Tous les protagonistes sont systématiquement des perdants, quand bien même les pertes peuvent ne pas être identiques pour les uns et les autres.

Aujourd’hui, le Tchad est confronté à une Transition délicate et tous les efforts doivent être faits pour sa réussite afin d’aller vers des élections démocratiques et rétablir l’ordre constitutionnel. Et en même temps, le Tchad  doit veiller sur sa sécurité, face notamment aux rebelles du  Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui ne semblent pas avoir renoncé à marcher sur N’Djaména.

En Centrafrique, les tensions nées des dernières élections présidentielles et surtout les attaques des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) qui s’ajoutent à la longue crise politico-militaire qu’a connue le pays et dont les conséquences perdurent, demeurent une préoccupation des autorités. Des consultations sont d’ailleurs en cours  pour la tenue d’un dialogue inter-centrafricains. Là aussi, SE, le Professeur Faustin Archange Touadéra, Président de la République est à l’œuvre et veille sur la sécurité du territoire.

C’est dire qu’il y’a beaucoup à faire de part et d’autre et la sagesse a prévalu afin qu’aucun autre agenda ne vienne s’imposer aux frères Tchado-Centrafricains.

Toutefois, il convient de rester vigilant afin que nulle part, un cœur aigri ou trop rancunier ne vienne mettre en péril l’accord de paix trouvé et matérialisé par le communiqué commun des Ministres des Affaires Etrangères des deux pays. Il est indispensable que sur le terrain, les esprits s’apaisent et s’abstiennent de toutes formes de provocations.

Chaque acteur doit donc œuvrer continuellement dans cet état d’esprit pour respecter les termes du communiqué et soutenir les efforts pour une résolution négociationnelle des différends afin de co-construire l’arche d’une paix durable.

Enfin, il est important de saluer la contribution des pays et acteurs amis des deux pays qui ont permis l’arrivée de la délégation centrafricaine en terre tchadienne et l’instauration de ce dialogue avec les résultats que nous connaissons. La prompte réaction de la CEEAC par le biais de son Président qui a convoqué un sommet pour le 4 juin à Brazzaville est également une initiative à saluer.

Sans  ambages, il faut souligner que le dénouement heureux de cette crise démontre de manière tangible qu’il est possible de résoudre entre Africains nos différends en Afrique.

Œuvrons à ce qu’il en soit ainsi, désormais, et partout !

Kag A.R. SANOUSSI

Expert en Intelligence Négociationnelle

Président de l’Institut International de Gestion des Conflits-IIGC.

www.iigc.info