Plus de 50 femmes leaders se sont pris rendez-vous vendredi 11 novembre 2022 à l’Alliance Française de Bangui afin de réfléchir sur la place des femmes dans les prochaines élections locales, en commençant par les dispositions légales en matière des élections.

Cette conférence publique a été organisée par la Coalition « Voti Ti Azo Kue », qui est un cadre de plaidoyer composé du Réseau Arc en Ciel, du caucus des femmes leaders pour la paix et le changement, du Groupe de Travail de la société civile (GTSC), de African Women Network Leadership (AWLN) et de la Maison de l’Enfant et de la Femme Pygmées (MEFP), avec l’appui de EISA, dans le cadre du projet d’Appui aux réformes électorales par la société civile, financé par l’Union Européenne.

Cette rencontre publique a permis d’échanger autour de la question de l’inclusivité du processus des élections locales en République Centrafricaine, notamment la participation effective des femmes, en tant que candidates mais aussi électrices.

En effet, après la présidentielle et les législatives de 2020, la République Centrafricaine a fait le pari de l’organisation des élections municipales et régionales en 2023. Les perspectives de développement local que ces élections impliquent appellent à faire en sorte que ces scrutins soient les plus inclusifs possibles, que les conseillers municipaux et régionaux qui en découleront reflètent la diversité de la société centrafricaine.

Le jalon de la participation politique des femmes a été posé par la Constitution du 30 mars 2016, en son article 6. Cette disposition a été corroborée par la loi instituant la parité entre les hommes et les femmes qui dispose un quota de 35% de représentativité des femmes à tous les postes électifs et nominatifs avec l’objectif d’atteindre une parité dès 2026.

Cependant, le code électoral dans son article 281 s’est aligné sur le seuil de 35%. Cette disposition est toutefois assortie, dans son alinéa 3, d’une procédure dérogatoire en cas d’« impossibilité avérée d’atteindre le quota légal de représentation ».

C’est cet article ainsi que l’article 291 qui ont attiré l’attention de cette coalition, qui mène des plaidoyers pour sa relecture, à l’issue de l’adoption prochaine par l’assemblée nationale de la loi portant modification du code électoral.

En dépit des engagements pris, des traités internationaux ratifiés et des résolutions adaptées, la participation de la femme à la vie politique n’a pas encore atteint les niveaux escomptés. Mme Touabena Solange a dans sa présentation souligné que lors de la présidentielle de 2020, une seule candidature féminine a été enregistrée sur les 17. L’assemblée nationale enregistre 18 élues en 2020 sur les 140, soit 12,22%, ce qui est loin d’atteindre les 35%.

La Coalition « Voti Ti Azo Kue » (le vote pour tout le monde), s’est engagée à mener des plaidoyers pour que le cadre juridique des élections ne comporte plus des pièces qui pourront compromettre les femmes aux prochaines élections locales.

Provisoirement, la date des prochaines élections locales et régionales est fixée au 23 janvier 2023. Ces élections n’ont jamais été organisées depuis 1988, soit 35 ans.

Les femmes veulent saisir cette occasion pour prendre le contrôle de la majorité des municipalités, là où la démocratie à la base doit s’exercer.

Même si elles ont énuméré des pesanteurs socio-culturels et le manque de la culture politique chez les femmes, elles sont restées toutefois déterminées à livrer cette bataille et n’attendent qu’on leur offre une opportunité et que les prochaines élections locales se tiennent dans la transparence et la sérénité sur toute l’étendue du territoire nationale.                                           Fridolin Ngoulou