Il s’agit d’un engagement visant à soutenir financièrement le bassin du Congo avec une somme de 100 milliards de dollars américains d’ici 2030, mais 7 ans aujourd’hui, les pays africains n’ont pas reçu ces financements. Même dans son intervention lors des assises de la COP 27 qui se poursuit encore, le numéro un centrafricain, Faustin-Archange Touadéra l’a rappelé dans son discours. Oubangui Médias est allé à la rencontre du coordonnateur du collectif centrafricain pour la sauvegarde et la protection de la nature, Adrien Koundou-Zalia qui a accepté de s’entretenir avec nous à propos de ce sujet.

Oubangui Médias : Adrien Koundou-zalia bonjour ! Vous êtes le coordonnateur du collectif centrafricain pour la sauvegarde et la protection de la nature, alors en tant qu’expert dans le domaine de l’environnement quelle est votre lecture de la tenue de la conférence des parties dites COP 27 qui se tient en ce moment en Egypte ?

Adrien Koundou-Zalia: Bonjour mon cher journaliste ! La COP n’enchante personne, parce qu’aujourd’hui c’est devenue un rendez-vous où chaque pays vient faire son exposé. C’est presque un lieu de campagne où les différents candidats aux élections présidentielles ont l’habitude de faire, mais en termes de réalisations et d’effets qu’attendent les populations de ce changement climatique que nous vivons au quotidien, il y a rien qui change leur vie. Donc, je suis à distance de cette COP comme les parents qui sont à l’intérieur du pays et qui n’ont même pas la télévision, rien ne nous enchante, ce sont des promesses mais en terme d’engagement, il n’y a pratiquement rien.

Oubangui Médias: Alors selon vous, à qui incombe la responsabilité de tout ce que vous venez d’évoquer ?

Adrien Koundou-Zalia: Effectivement, à un moment donné, il faut qu’on s’arrête avec les pays pollueurs, nous les pays victimes on ne va pas continuer à venir à la COP redire la même chose et qu’il n’y a rien qui se fait.  La justice climatique dont on parle c’est aussi l’équité, que les engagements pris par les uns et les autres soient honorés. Nous qui sommes des  victimes de ce changement climatique, qu’est-ce qu’on attend?  En 2015, la COP 21 à Paris a pu réunir plusieurs pays qui ont pris des engagements très forts. Nous, on croyait qu’au sortir de cette conférence de Paris, on devait aller vers la diminution de réchauffement, mais ce n’est pas le cas. On est en train de battre même le record avec des températures plus élevées qu’auparavant, ce  qui est très inquiétant pour les dix, voire les vingt prochaines années. Alors qu’il y a des engagements qui ont été pris pour réduire les effets de serre d’ici 2030,  nous sommes déjà en 2022 et presque 2023  et donc, il nous reste seulement 7 ans. Alors l’on se demande qu’est-ce qu’on a reçu comme retombées des promesses qui ont été faites par les pays pollueurs ? Pendant que ces pays se développent avec des industries, Ceux-ci nous interdisent  d’user de nos richesses naturelles pour pouvoir nous développer. Et pendant ce temps, notre population croupie sous la pauvreté extrême.

Aujourd’hui en RCA, selon les rapports de certains organismes internationaux, plus de 2 millions des centrafricains sont dans une situation de famine. Et ce, d’une part à cause du changement climatique. J’ai été à Boali, une localité située à 95 km de Bangui, où la population se plaint du fait que le changement climatique à un impact sérieux sur leur  production agricole.

Oubangui Médias: Mais d’aucuns pensent que ce sont les pays africains qui n’arrivent pas à proposer des projets qui peuvent convaincre les bailleurs afin de financer les activités environnementales. Partagez-vous cette hypothèse ?

Adrien Koundou-Zalia : C’est un faux débat, pourquoi ils ont fait la promesse de 100 milliards en 2015 ? Est ce qu’ils ont donné l’argent et que nous, on n’a pas la capacité d’absorber les fonds? C’est un faux débat de dire que les africains n’ont pas la capacité de monter des projets, mais nous faisons de notre mieux pour développer notre pays. Il y a des projets qui traînent dans les tiroirs. C’est vrai, il y a des pays comme la RCA qui vont à la COP comme-ci on va à une cérémonie de mariage, qui partent sans les Experts dans le domaine de l’environnement.  Mais des pays comme la RDC et le Gabon  ne vont pas à la COP pour s’aventurier.

Oubangui Médias: Alors que doit-on faire pour sauver l’humanité de ces effets dévastateurs du réchauffement climatique?

 Adrien Koundou-Zalia : La situation est gravicime. Chacun de nous le vit, même ces pays pollueurs le vivent. C’est vrai, en terme de conséquence, nous ne vivons pas la même chose. Nous avons moins de route en RCA puisque le peu de moyens que nos autorités ont pour développer les infrastructures routières, elles sont obligées d’investir dans le domaine agricole parce que les paysans centrafricains ont de la peine à joindre les deux bouts avec ce bouleversement climatique.

Les Etats-Unis ont été frappés par une inondation, l’Europe a connu une canicule cette année c’est une réalité que tous les peuples du monde vivent au quotidien. Si nous ne faisons rien aujourd’hui, quel serait le sort de nos progénitures?  Puisque vivre c’est penser à ceux qui viendront après nous.

Oubangui Médias : Et alors quelles sont vos attentes des travaux de la COP27?

Adrien Koundou-Zalia: A mon avis, nos chefs d’État doivent dire aux pays pollueurs que cette COP est  une dernière chance. Parce qu’on ne peut pas dire à mon pays la RCA d’arrêter de couper des bois. Dire à un jeune centrafricain qui vit au dépend des activités de bois de chauffe, du charbon ainsi de suite, d’arrêter ses activités  parce que cela contribue à la destruction de la planète terre sans rien  lui proposer comme activité alternative. C’est comme lui demander d’entrer dans la rébellion, de prendre les armes contre les autorités et ce n’est pas possible. Il faut qu’on tourne cette page. Cette COP 27  à mon avis c’est une COP de dernière chance. Si les engagements et les promesses ne sont pas tenus, il faut que nos chefs d’État prennent des initiatives allant dans le sens de faire développer le pays autant qu’on peut,  que de continuer à accepter le dicta des pays pollueurs qui ne respectent pas leurs engagements.

Oubangui Médias: Pour finir, parlons un peu de votre organisation qui a initié une marche la semaine dernière à Boali ou un mémorandum a été remis aux autorités locales. Quel est le contenu de ce document ?

Adrien Koundou-Zalia: Oui comme vous pouvez le constater, ce sont ces axes qui ravitaillent Bangui avec les charbons et bois de chauffe. Naturellement, ce sont des activités qui contribuent à la destruction de l’environnement. Il était important d’aller vers cette population pour les sensibiliser sur les enjeux de ces activités mais en même temps, il faut qu’on aille les écouter pour savoir pourquoi ils sont pleinement dans cette activité. Nous avons compris qu’effectivement, ils n’ont pas d’autres activités que cela pour leur rapporter quelques choses afin de subvenir aux besoins de leurs petites familles. Et  nous avons compris que rien ne sert d’aller sensibiliser la population pour leur dire d’arrêter de couper les bois alors qu’ils n’ont que cela comme activité principale pour leur survie.

Oubangui Médias: Adrien Koundou-Zalia merci

Adrien Koundou-Zalia: C’est à moi de remercier Oubangui Médias d’être venu vers nous aujourd’hui.

Interview réalisée par Christian Steve Singa