Les feux tricolores, installés depuis les années Jean Bedel Bokassa puis rénovés vers 2010 sont tous tombés en désuétude. Son absence dans la capitale est l’une des sources d’accident de circulation et d’embouteillage. Reportage de Oubangui Médias.

Ce jeudi 15 juillet 2021, comme à l’accoutumé, le soleil se lève sur Bangui la capitale centrafricaine. Les fonctionnaires vont au travail, quelques  élèves et étudiants se rendent dans les établissements scolaires  et d’autres personnes sur les lieux de leurs différentes activités. En voiture personnelle, taxi, bus ou motos-taxis tout comme les piétons, chacun court derrière le chrono comme au rallye de Paris-Dakar ou les courses de Formule 1. Une situation qui occasionne des embouteillages incontrôlables.

Il est 6h 50 au croisement du 4em arrondissement. Coup de klaxons, des hurlements et des interjections. Vincent Tinda qui se rend au bureau avec sa moto, par l’aide de quelle main invisible vient d’échapper à un accident. Le cœur battant, ce chanceux transpire comme un athlète qui vient de finir une épreuve d’endurance lors des jeux Olympiques. Tout tremblant, Il fait des efforts pour balbutier quelques phrases : « Tous les jours, nous assistons à ces genres d’incidents qui sont souvent soldés par des accidents. Je rends grâce à Dieu d’en avoir échappé belle ».

Les usagers pointent du doigt la Mairie de Bangui qui, selon eux,  ne se soucie pas de réparer les feux tricolores. Arnaud est chauffeur de bus sur le tronçon  Combattant-Centre-ville. Il totalise déjà 15 ans de service: « A l’époque où Jean-Barkès Gombé-Ketté était président de la délégation spéciale de la ville de Bangui, la Mairie nous avait installé des feux tricolores aux différents croisements et ronds-points de la capitale. Dommage qu’après son départ, ses remplaçants n’ont pas eu la volonté de réparer ces feux tricolores qui sont malheureusement tous tombés en panne», s’est-il plaint.

Ces feux tricolores entrent dans le code de la route. Ce sont des éléments de signalisation lumineux ou des dispositifs généralement établis dans les intersections pour réguler l’ordre de passage des véhicules et des piétons. Son but est essentiellement d’éviter des conflits dans un carrefour en dépit des signaux routiers ou de la règle de priorité à droite.

Certes chaque matin, les policiers municipaux, dans leur tenue bleu, avec un gilet vert-citron ou rouge, les mains dans des gants blancs se pointent aux carrefours pour indiquer le passage.  Toutefois, cela n’est pas assez pour résoudre le problème. « Les policiers municipaux viennent de temps en temps pour réguler la circulation. Cependant, dès 9h, ils libèrent les lieux. Surtout à midi quand le soleil est au zénith, ces derniers ne peuvent pas supporter la chaleur et sont obligés de sauver leur peau ou intervenir momentanément à la sortie des enfants de l’école  », a témoigné Thibaut qui vend des crédits de communication au croisement du 4em arrondissement de Bangui.

Ce phénomène d’embouteillage ne se produit non-seulement le matin mais aussi à 12h ,15h et 18h appelées « les heures de pointe ». Pour Stevie qui vend de la bouillie au croisement du 8em arrondissement de Bangui, tous les après-midis, c’est un impératif pour la Mairie de Bangui d’assurer la réparation de ces feux tricolores : « Ces feux tricolores sont très importants. La Mairie doit tout faire pour les remettre en activité. Tous les jours, on assiste à des accidents de circulation, surtout que les motos-taxis envahissent la ville de Bangui et des gros camions remorques qui passent à n’importe quelle heure. Il est préférable de les installer à nouveau si possible».

Il faut préciser que, les feux tricolores sont déclinés à partir de deux couleurs de base : le rouge pour fermer le passage et le vert pour l’ouvrir. Le jaune-orange est aussi utilisé pour signaler le passage du feu vert au feu rouge (aussi, du feu rouge au vert dans certains pays).  Contrairement à la plupart des indications de signalisation routière, les feux tricolores s’adressent à tous les usagers que vous soyez piétons ou automobilistes même si par incivismes certains usagers ne le respectent pas.  

Oubangui médias s’était rapproché des responsables de la Marie de Bangui pour avoir leur version, malheureusement, ils se disent occuper depuis deux semaines de tentative par d’autres tâches notamment la tenue de la session municipale. Du coup, ils se montrent indisponibles pour nous répondre. 

Des sources non officielles évoquent des projets en cours pour la réinstallation de ces feux tricolores. Les anciens ont connu un amortissement  mais aussi le sabotage de certains inciviques de la capitale. A cela, il faut ajouter le problème récurrent d’électricité. Cependant, dans plusieurs pays, c’est l’usage des feux tricolores à base d’énergie solaire, une piste que la Centrafrique pourra explorer.

Brice Ledoux SARAMALET