Célébré le 19 août de chaque, la journée mondiale de l’aide humanitaire est initiée pour rendre hommage aux humanitaires à travers le monde. En Centrafrique, en prélude à cette journée, un point de presse a été organisé ce 17 août par le coordonnateur humanitaire et la ministre de l’Action humanitaire Virginie Baïkoua.

L’objet de ce point de presse est de présenter les conditions de travail des agents humanitaires en RCA. Le coordonnateur humanitaire Mohamed Ag Ayoya en prenant la parole, a situé d’abord le contexte de l’instauration de cette journée mondiale en faveur des acteurs humanitaires.

L’historique de cette année part de l’attentat de Bagdad où 22 humanitaires ont été tués à Bagdad en Irak en 2003.

Même si le travail des humanitaires est d’aider les populations en détresse, plus de 20 ans aujourd’hui la situation ne s’est pas améliorée. Des humanitaires sont victimes des multiples attaques sur le terrain dans le monde et plus particulièrement en RCA.

Aucun chiffre n’a été donné concernant les humanitaires victimes des violences en RCA. Mais le coordonnateur déplore les violences contre les humanitaires dans le pays.

En réponse à ces violences contre les humanitaires, la ministre de l’Action humanitaire Virginie Baïkoua a indiqué que le gouvernement centrafricain est toujours attentif et prêt à intervenir pour apporter des réponses adéquates afin de faciliter la libre circulation aux acteurs humanitaires.

En RCA cette année, la célébration de JMAH aura lieu à Zemio dans le Haut-Mbomou. Alors qu’est ce qui justifie le choix de cette ville ?

Cette célébration vise à faire des plaidoyers sur la situation sécuritaire qui est toujours inquiétante dans la préfecture du Haut-Mbomou, également de sensibiliser l’opinion nationale sur la problématique humanitaire dans cette préfecture.

Mohamed AG Ayoya a souligné que suite aux crises en Ukraine, au Soudan et les conflits entre les grandes puissances (géopolitique et économique), ces conflits ont provoqué la régression de la mobilisation des ressources de 24%. Contrairement à l’année 2022 où ces mobilisations étaient de 60% mais cette année, à ce jour, seulement 34% des fonds humanitaires ont été mobilisés.

Cette célébration intervient dans un contexte où plus d’un millier des soudanais ont fui le conflit et ont trouvé refuge dans la partie Nord de la RCA alors que la région du Haut Mbomou continue à enregistrer des déplacés des attaques armées entre les rebelles de l’UPC et la milice locale.

Contexte de célébration de JMAH à Zemio

En mai 2023, suite aux affrontements entre les groupes armés, plusieurs civils dont le nombre demeure inconnu ont été tués, des maisons brûlées et plus de 7 500 personnes se sont déplacées de Bambouti, Kadjemah et Mboki et se réfugient actuellement dans les régions de Zémio, Mboki et Bangassou dans la préfecture voisine du Mbomou.

Parmi ces personnes, 2 500 auraient traversé la frontière pour se réfugier en République Démocratique du Congo.

A Kitessa et Maboussou sur l’axe Zémio-Mboki, des civils voulant fuir l’insécurité ne parviennent pas à se déplacer librement suite aux multiples barrières érigées par des hommes armés.

Une trentaine de civils ont été enlevés par un des groupes armés sur fonds de reconstitution de ses rangs et de contestation d’initiatives de consolidation de paix entre les communautés.

Même si une partie d’entre eux a depuis été libérée, des risques similaires planent sur la population et restreint leur liberté de mouvement.

Suite à l’insécurité persistante, l’accès aux marchés et services de base comme la santé est actuellement très limité pour les populations dont la sévérité des besoins humanitaires demeure parmi les plus élevées dans le pays, notamment en sécurité alimentaire.

A cela s’ajoutent des problèmes d’accès physique à plusieurs villages qui s’observent durant la saison des pluies en cours (avril à octobre), en raison des inondations et des risques élevés de mouvements de population associés.

Les organisations humanitaires fournissent depuis fin mai des soins de santé aux personnes déplacées se trouvant à Zémio, notamment en santé primaire et de reproduction. Elles ont, entre autres, remis au centre de santé de Zémio des intrants médicaux permettant de répondre aux besoins d’environ 1 400 personnes pour une durée de trois mois, notamment pour le traitement des infections sexuellement transmissibles et lors des situations post-viol.

Malgré l’assistance en cours, la protection demeure la principale priorité des populations qui ne savent plus accéder à leurs champs, source principale de leur survie. Le retour des personnes actuellement en situation de déplacement continue de faire face à plusieurs problèmes de protection en particulier liés à la liberté de mouvement, y compris le risque de servir de bouclier humain aux parties au conflit, et à l’accès aux moyens de subsistance. Aussi, les civils continuent-ils de subir des représailles, notamment des tueries, pour un prétendu soutien à l’une ou l’autre des parties au conflit.

Christian Steve SINGA