Si la République Centrafricaine s’est abstenue le 02 mars dernier à voter la résolution de l’ONU condamnant l’invasion russe de l’Ukraine, trois jours plus tard, une marche de soutien a été organisée par des proches du pouvoir, samedi 05 mars 2022 à Bangui.

Les marcheurs brandissaient sur leurs banderoles et pancartes des slogans à l’honneur de la Russie : « Russie + RCA = amitié », « Russie et Centrafrique contre le nazisme » ou encore « C’est la faute de l’Otan ». Justifiant cette manifestation de soutien à la Russie, Mr Blaise-Didacien Kossimatchi, membre de la plateforme de la Galaxie Nationale a déclaré que « nous sommes là pour apporter notre soutien indéfectible à la Russie dans cette guerre. Je pense qu’elle a été imposée par les Occidentaux à la Russie ».

 Réactions mitigées de l’opinion publique :

Pour les défenseurs de cette marche, la Russie mérite ce soutien de la part de la République Centrafricaine qui a d’abord reçu le soutien du Kremlin en lui livrant des armes alors que le pays était sous embargo onusien. Puis le groupe Wagner, proche des russes s’est déployé en Centrafrique pour vaincre les rebelles de la CPC. C’est dire que « l’ennemi de mon ami est mon ennemi ».

Sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, Beloum Benjamin fait remarquer que « dans la vie faut savoir prendre position même si parfois elle semble dangereuse et risquée. Pour moi, cette prise de position bougera forcement notre exécutif qui somnole. Cette crise poussera notre gouvernement à se réveiller et à se battre et se mettre au travail pour gérer cette situation en perspective et ça sera aussi pour nous l’occasion de saisir notre véritable indépendance et de profiter de cette crise avenir pour affirmer notre souveraineté ».

Cependant, les antis marches craignent les représailles de la part de l’Union Européenne, notamment de la France qui soutient l’Ukraine et s’opposent à l’invasion de Kiev. Pour cette franche, la République Centrafricaine dont l’économie est exsangue survit grâce à l’aumône de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, du FMI et autres institutions bancaires. En réponse à Benjamin Beloum qui souhaite qu’« il est temps de changer de crémerie après 60 ans de négativité avec l’ancienne crémerie », Guy Kofrenze Tra Kazimon, un centrafricain résident aux USA ne partage pas cet avis. Pour lui, « même s’il est question de changer de crémerie, ce n’est pas de cette façon-là. Nous ne mesurons pas les conséquences de nos actes ».

Cette guerre qui se déroule à des milliers de kilomètres de Bangui et d’autres capitales ukrainiennes a déjà des répercussions sur des économies du continent et sur une crise du blé qui manque dans les boulangeries et pâtisseries.

 La Centrafrique s’est abstenue officiellement au vote des Nations-Unies et le gouvernement n’a pas encore clarifié sa position à la population.

Junior Max Endjigbongo