Le monde célèbre la journée internationale des personnes disparues le 30 août de chaque année.

Cette journée commémorative, qui vise à rappeler que des centaines de milliers de familles de partout dans le monde sont séparées à cause de conflits armés et de catastrophes naturelles sans laisser de traces. La disparition d’un parent est une terrible tragédie pour les familles, leurs communautés et des sociétés entières.

Outre les souffrances infligées par la disparition d’un être aimé qui subsistent aussi longtemps le sort de la personne disparue n’a pu être établi, de multiples difficultés, découlant directement de la disparition de leurs parents, viennent souvent assaillir les familles, les difficultés économiques, la marginalisation, la stigmatisation, le manque de statut juridique ou administratif, les problèmes de santé physique et mentale sont aussi des maux qui affectent les personnes disparues.

En Centrafrique, voire s’il est difficile d’avoir des chiffres précis, de nombreuses familles sont toujours dans l’attente des nouvelles de leurs parents disparus. Le CICR est en contact avec une trentaine de familles qui sont sans nouvelle de leurs parents et essaie de les aider à soulager les souffrances infligées par la disparition de leurs parents. Oubangui Médias en mission de reportage à Boda dans la Lobaye au sud-ouest du pays a pu rencontrer certaines familles qui ont perdu contact avec leurs époux et frères tandis que d’autres avec leurs fils.  Amadou Gomba Makonzi, âgé de 37 ans, et Awa Ayatou 41 nous relatent les faits.

Amadou Gomba Makonzi :

« J’ai perdu ma tante maternelle pendant cette crise. Elle s’appelle Aziza Doudou, elle avait 32 ans, c’était une commerçante. Ça fait déjà 9 ans qu’elle a laissé derrière elle 6 enfants et son mari. Elle nous a beaucoup aidés lorsqu’elle était encore en vie. Aujourd’hui je n’ai pas de moyens pour m’occuper de ses enfants.

Après la perte des membres de nos familles lors de ces évènements, le CICR nous est venu en aide et  nous a aidés à retrouver nos familles avec qui on s’est séparé pendant la crise. 

Je suis commerçant, aujourd’hui grâce au CICR j’ai repris les activités de commerce au marché. Ici au marché, je vends les produits de première nécessité (savon, riz, sucre, huile, sel, oignon etc.).

Nous rencontrions beaucoup de difficultés à subvenir à nos besoins. Nous devions payer le loyer, l’eau même pour avoir de quoi à manger c’était difficile pour nous. Mais maintenant, nous sommes soulagés grâce à cette aide d’activités génératrices de revenu. Nous sommes tous reconnaissants envers le CICR et le remercions pour cela ». 

Awa Ayatou, âgée 41 ans et mère de 4 enfants :

« Avant j’étais cultivatrice mais nous avons bénéficié de l’appui du CICR qui nous a donné de l’argent. Grâce à cette somme, maintenant, je suis devenue commerçante. Avec cette activité génératrice de revenu, notre condition de vie commence à s’améliorer. J’avais perdu mon mari lors des évènements de 2015. Il s’appelait Abbakar Trase. Il était collecteur de diamant. Il avait 55 ans. Il nous a caché dans la brousse après cela je l’ai pas vu jusqu’aujourd’hui. J’ai quatre enfants qui vont tous à l’école. J’avais beaucoup pensé quand je n’avais pas quelque chose à faire pour nourrir ma famille. Mais maintenant, nous mangeons à notre faim, nous avons déjà oublié ce passé.

L’idée de mon époux était de nous ramener à Bangui après avoir obtenu le diamant au chantier. Hélas ! Dieu n’a pas voulu ainsi. Aujourd’hui, je prends en charge mes enfants grâce à cette activité génératrice de revenu. Avec ce petit commerce, je vais tout faire pour épargner afin d’acheter un terrain pour mes enfants et moi. Il n’y avait personne pour nous aider. Nous remercions le CICR pour ce soutien ».

On entend généralement par personnes disparues, les personnes dont la famille est sans nouvelles ou qui, selon des informations fiables, ont été déclarées disparues en raison d’un conflit armé ou d’une situation de violence interne, de troubles intérieurs ou encore de toute autre situation qui puisse requérir l’intervention d’une institution neutre et indépendante.

Plusieurs centaines de milliers de personnes sont aujourd’hui considérées comme disparues. Leurs familles partout dans le monde, en Centrafrique particulièrement à Bangui et Boda … attendent toujours de savoir les nouvelles de leurs proches.

« Les personnes qui ne savent pas si ceux qui ont disparu sont vivants ou morts vivent dans l’incertitude, c’est toute une ambiguïté. Dans certains cas, elles attendent depuis des décennies, et il est fréquent qu’elles souffrent économiquement, d’isolement affectif et social », précise Sallé Abdouraman, chargé de rétablissement des liens familiaux au CICR.

En 2021, le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont enregistré plus de 16 000 nouveaux cas de disparition en Afrique, portant le nombre total de personnes disparues à 64 000. Au cours de la même période, plus de 4 200 personnes disparues ont été localisées. Ces chiffres ne représentent qu’une infime part d’une vaste tragédie humanitaire dont on parle peu.

Le 21 décembre 2010, l’Assemblée générale, dans sa résolution A/RES/65/209, s’est dite profondément préoccupée par la multiplication des disparitions forcées ou involontaires dans diverses régions du monde, y compris des arrestations, détentions et enlèvements lorsque ces actes s’inscrivent dans le cadre de disparitions forcées ou peuvent y être assimilés.

Elle souligne également le nombre croissant d’informations faisant état de cas de harcèlement, de mauvais traitements et d’intimidation des témoins de disparitions ou des familles de personnes disparues.

Dans la même résolution, l’Assemblée a décidé de proclamer le 30 août Journée internationale des victimes de disparition forcée. Cette journée est célébrée depuis 2011. Les autorités ont l’obligation, en vertu du droit international humanitaire, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour déterminer le sort des personnes disparues.

En mission de reportage à Boda pour le compte Oubangui Médias Zarambaud Mamadou