L’actualité politique et sécuritaire du moment pousse le conseiller économique et social Clément De Mboutet-M’Bamba à adresser une lettre au chef de l’Etat Faustin Archange Touadera au sujet du dialogue ou concertation qui devrait être organisé dans le pays. Il ne semble pas être d’avis avec un dialogue dont l’objectif sera le partage de gâteau.

LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Monsieur le Président de la République,

C’est en citoyen, sans grade, titre ou fonction que je viens vers vous.

Le 06 février 2021, vous avez annoncé la tenue de concertations avec l’opposition démocratique. Les termes de référence n’ayant pas encore été rendus publics, il m’est agréable de suggérer en toute humilité, quelques idées à ce propos.

Monsieur le Président de la République,

L’histoire politique de notre pays nous apprend que depuis 2008, un dialogue est organisé en moyenne tous les trois ans, en vue de résoudre des crises récurrentes aux origines apparemment diverses.

Les méthodes usitées en vue de leurs solutions reviennent à une seule qui tient en cette formule : Crise+Dialogue+Gouvernement d’Union=Solution+Prochaine crise.

Au final, le pays n’avance pas.

Vous avez l’immense responsabilité d’épargner à notre pays et ses populations, une répétition des méthodes surannées qui conduiront à terme à une crise certaine et pas lointaine.

La présente « crise » n’est pas gouvernementale ; elle n’est pas institutionnelle. Elle n’est pas une crise de confiance entre le peuple et les gouvernants.

Elle réside dans la mise en œuvre d’un processus électoral dont les insuffisances, doivent être immédiatement corrigées. C’est cela qu’il conviendrait d’analyser et rectifier. C’est uniquement en cela que devraient servir ces concertations.

Elles devraient s’employer à :

Améliorer la gouvernance électorale ;

Mieux préparer le second tour et les partiels des législatives ;

Evaluer le calendrier pour les élections Régionales, Municipales et Sénatoriales ;

Provisionner le compte des opérations de l’Autorité Nationale des Elections (ANE) afin d’éviter l’aumône de la Communauté internationale.

En restreignant ainsi l’ordre du jour vous ferez œuvre de salubrité et d’utilité publique.

De concertations, il ne saurait y en avoir ceux qui ont pris les armes, contre le peuple, contre la République même si, par extraordinaire, ils font amende honorable. C’est aussi ce que nous enseignent les expériences des années 2008 à aujourd’hui.

A l’école des pays-frères, nous avons des leçons à tirer.

Au Congo Brazzaville en 1997, la guerre s’est soldée par la victoire d’un camp sur un autre et celui-ci a imposé le dialogue de la victoire par un nouvel ordre républicain avec pour conséquence la pacification du pays et son émergence.

En Angola, l’instabilité de Jonas Savimbi et de l’Unita a eu pour conséquence la guerre totale et sa fin dans le maquis et depuis lors, le pays s’est pacifié et se reconstruit.

En République Démocratique du Congo, malgré les arrangements de Sun City, il a fallu la bataille de Kinshasa entre les autorités légitimes de l’époque et les hommes de Bemba en 2006 pour qu’une période de grande stabilité s’ouvre.

Au Tchad en 2008, lorsque les rebelles sont arrivés aux portes de Ndjamena, les autorités légitimes n’ont pas négociés avec les assaillants, elles les ont combattus.

Tel est, Monsieur le Président de la République, le message que je tenais à vous adresser par civisme car après ces années de braise, qui peut encore croire en la vertu du dialogue pour la paix en Centrafrique ?

Très Haute Considération.

Clément DE-BOUTET M’BAMBA