Initialement prévu le 8 de ce mois d’aout mais reporté ce 9 suite à la demande de l’un des avocats de la partie civile qui est souffrante, le procès a démarré avec la présentation des preuves matérielles des trois présumés à savoir Issa Sallet Adoum alias Bozizé, Yaouba Ousman et Mahamat Tahir par le parquet spécial.

L’audience s’est déroulée avec le dépositoire du parquet spécial. Romaric Panda, le substitut du procureur a dans sa prise de parole qui a duré plus d’une heure, d’abord rappelé les différents charges qui pèsent sur les trois présumés auteurs des crimes de Koudjili et Lémona, perpétrés par des éléments des 3R en mai 2019.

Selon ce dernier, des graves violations de droits de l’Homme et du droit international  humanitaire ont été commises lors de ces attaques qui ont eu lieu dans ces villages cités ci-haut.

Des tortures, viols des femmes et mineures, enlèvement des personnes, détention illégale des armes et munitions de guerres, association des malfaiteurs sont les faits qui sont reprochés à ces trois accusés. Il a poursuivie en soulignant que, lors des enquêtes préliminaires, au moins 33 étuis des balles ont été collectées par la population après ces attaques menées par les 3R. Toujours selon lui, avant que ces malfrats puissent passer à leurs actes, que le substitue qualifie de grave crime et de crime contre l’humanité, ces présumés assaillants ont ligotés les victime avant   de les abattre froidement suite à une décision de Issa Salé alias Bozizé qui était le chef de commandement de cette attaque. Pour soutenir son argument, Romaric Panda a indiqué qu’au regard de toutes ces preuves, ces présumés assaillants ont belle et bien l’intention d’exterminer les populations de Koundjili et de Lémona.

Pour sa part Alain Tolmon, Procureur a énuméré bout en bout les responsabilités respectives de chaque accusé au sein du mouvement de cette rébellion dirigée à l’époque par Abass-Sidiki, ainsi que leurs motivations.

D’après les enquêtes préliminaires, Issa Salé alias Bozizé est un ressortissant Tchadien alors que ses deux coéquipiers notamment Yaouba Ousman et Mahamat Tahir sont des peulhs de la RCA et qui ont tous intégré le mouvement 3R en 2015. 

Même si lors de l’audition, ces trois présumés ont niés les faits qui leur ont été reprochés, pour sa part Alain Tolmon a indiqué que les deux attaques de Lémona et Koundjili respectivement dans la préfecture de l’Ouham Pende est un plan unique qui est celui de finir avec les populations de ces localités. Il s’est aussi basé sur le rapport de la Minusca qui quelques minutes après l’incident s’était rendu sur les lieux du drame pour documenter les faits. Le rapport a indiqué que des hommes en armes sur des motos étaient pénétrés dans les villages Koudjili et Lémona, qui près de 10 minutes après, des détonations d’armes à feu ont été entendues ou une vingtaine de civils ligotés ont froidement abattus.    

Il a conclu en ces termes: « Tout travail mérite salaire et tout crime mérite aussi prison, l’heure de justice a sonné ».

Au finish, il demande à ce que la Cour condamne ces accusés à perpétuité selon l’article 59 alinéa 1 et 2 de la loi organique de la CPS et conforment à l’article 159 du code pénale centrafricain.   

Ce mercredi 10 août 2022, est le tour de Me Donatien KOÏ, avocat de Issa Salé alias Bozizé. Celui-ci a d’abord exclu certaines charges prononcées par le parquet spécial contre son client Issa Salé, et toujours selon lui, le parquet n’a nullement prouvé avec des preuves matérielles attestant que son client est le responsable de ces crimes mais aussi selon la loi organique, la CPS n’a pas habilité de juger son client puisqu’il n’a ni de près ni de loin ordonné l’assassinat des civils à Koundjili et Lémona. Le responsable premier de ces crimes est le leader des 3R en la personne de Abass Sidiki. En marge de sa défense, Me Donatien KOÏ a souligné que parmi les victimes des viols et agressions sexuelles aucun certificat médical n’a prouvé que ces victimes ont subi quelconques agressions sexuelles.             

Selon le calendrier établi par les juges de la CPS, les journées du lundi et mardi sont réservées aux répliques et le dernier mot des accusés, la Cour va se prononcer dans les jours qui suivent.

S’il faut le rappeler, le mouvement 3R est né de la dissolution de la coalition Séléka en 2014. Qui a pour but au début de protéger la communauté peulh des exactions des milices anti-balaka.

Ce mouvement a signé l’accord politique pour la paix et la réconciliation en fevier 2019 avant de commettre ces exactions en mai 2019.

Christian-Stève SINGA